La disparition d’Anicet Ekane, figure majeure de l’opposition camerounaise, a créé une onde de choc ce lundi. L’opposant, arrêté après la présidentielle du 12 octobre 2025, est mort dans la nuit de dimanche à lundi alors qu’il était détenu au Secrétariat d’État à la Défense (SED). « C’est un crime d’État », accuse frontalement Mamadou Mota, président par intérim du MRC, en dénonçant un climat politique qu’il juge « étouffant ». Entre colère, incompréhension et silence diplomatique, cette mort soulève une question brûlante : que s’est-il réellement passé dans les dernières heures d’Anicet Ekane ?
Un décès qui enflamme le débat politique camerounais
Le décès d’Anicet Ekane a été confirmé par son avocat, Me Emmanuel Simh, tôt ce lundi.
L’opposant, souffrant depuis plusieurs jours selon ses proches, n’aurait bénéficié d’aucune prise en charge médicale suffisante durant sa détention. Une situation que plusieurs acteurs politiques qualifient de « négligence grave ».
À Douala comme à Yaoundé, la nouvelle a semé la stupeur. « Ce n’est pas du jeu, on ne peut pas banaliser une vie humaine », déplore un militant rencontré près d’Akwa.
Pour le MRC, il ne s’agit pas d’un simple drame. Le parti parle d’un acte politique lourd de conséquences.
« La mort en geôle d’Anicet Ekane n’est pas un accident […]. Il s’agit d’un crime d’État », écrit Mamadou Mota dans un message qui circule déjà massivement sur les réseaux sociaux.
MRC, accusations et silence international : un choc supplémentaire
Mort d’Anicet Ekane : la dénonciation frontale du MRC
Dans un ton inhabituellement dur, Mamadou Mota accuse directement les institutions du pays, estimant que les conditions de détention d’Ekane ont précipité sa mort. Il va plus loin en visant les partenaires internationaux du Cameroun :
« Leur silence n’est pas de l’indifférence, c’est un coup de grâce calculé », affirme-t-il.
Des mots qui sonnent comme un avertissement.
Selon le MRC, certains États alliés du Cameroun privilégieraient leurs intérêts économiques — pétrole, minerais, influence régionale — au détriment des droits humains. Une critique qui, bien qu’ancienne, prend une dimension nouvelle avec ce décès qui émeut une partie de l’opinion.
Qui était Anicet Ekane ? Portrait d’un militant entier
Anicet Ekane, président du MANIDEM, était connu pour son discours direct, ses analyses tranchées et sa constance.
Né dans les années 1960, il s’est engagé très tôt dans les mouvements de gauche, devenant l’un des penseurs politiques les plus structurés du pays.
Intellectuel respecté, orateur redouté, il a passé plusieurs décennies à défendre :
- le pluralisme politique,
- les libertés publiques,
- l’alternative démocratique,
- et une vision panafricaniste du Cameroun.
Durant la campagne présidentielle d’octobre 2025, il s’était démarqué en apportant un soutien ferme à Issa Tchiroma Bakary. Un choix qui lui avait valu de fortes critiques, notamment de la part de ses anciens alliés.
Pour Pierre Bleriot Nyemeck, analyste politique, « Anicet Ekane aura été un martyr toute sa vie durant […]. Il a achevé par le sacrifice suprême : il a donné sa vie ».
Malgré les divergences politiques, son parcours force le respect : Ekane restera comme l’un des militants les plus cohérents de sa génération.
Un décès qui interroge et un climat politique sous tension
La disparition d’Anicet Ekane intervient dans une période déjà marquée par :
- des contestations post-électorales,
- des accusations croisées entre camps politiques,
- et un climat social tendu.
Pour beaucoup, ce drame risque d’accentuer les divisions et de pousser à davantage de transparence sur les conditions de détention au Cameroun.
La société civile réclame une enquête indépendante, tandis que certains leaders religieux appellent à l’apaisement.
La mort d’Anicet Ekane laisse un vide politique, mais surtout un flot de questions sans réponses. Entre accusations du MRC, colère populaire et silence international, le Cameroun entre dans une phase d’incertitude.
Le pays doit-il s’attendre à une montée des tensions ou à une prise de conscience nationale sur la valeur de la vie humaine ?
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