La cérémonie organisée à Dakar pour le 81ᵉ anniversaire du massacre des tirailleurs de Thiaroye a rassemblé historiens, responsables sénégalais et délégations africaines.

Le président du comité de commémoration, l’historien Mamadou Diouf, a estimé que cette date constitue « une opportunité pour ouvrir un dossier emblématique des pratiques de gouvernance coloniale », a-t-il déclaré.

Il a rappelé que l’événement de 1944 est marqué par « une double manœuvre de dissimulation et de reconfiguration », a-t-il souligné, évoquant les limites des recherches menées jusque-là.

Selon lui, le renforcement des cycles de commémoration s’inscrit désormais dans une perspective régionale et panafricaine.

Il a précisé que Thiaroye représente aujourd’hui « une mémoire vive, porteuse d’une conscience africaine », a-t-il indiqué.

Mamadou Diouf a mis en avant la nécessité d’intensifier les investigations historiques, de soutenir les travaux artistiques et pédagogiques et de promouvoir une mémoire autonome, a-t-il ajouté.

Il a présenté le Livre blanc publié par le gouvernement sénégalais comme « une séquence inédite » mettant à disposition des archives longtemps restées dans l’ombre, a-t-il affirmé.

« Notre seul viatique demeure les exigences de vérité », a-t-il conclu, appelant les États africains à poursuivre les recherches et à documenter les crimes coloniaux.

Les positions de Tiémoko Meyliet Koné

Le vice-président ivoirien, Tiémoko Meyliet Koné, invité à Dakar, a rappelé l’importance régionale de cette mémoire.

« La justice, même tardive, demeure une exigence », a-t-il déclaré, revenant sur les tirailleurs africains « revenus du front et victimes d’une répression d’une violence extrême ».

Il a rappelé que ces soldats ont combattu « au nom d’un idéal universel : la liberté », a-t-il souligné.

Selon lui, « la paix et le dialogue restent les seuls chemins capables d’empêcher le retour de telles tragédies », a-t-il indiqué.

Évoquant la contribution de la Côte d’Ivoire au contingent des tirailleurs, il a affirmé que son pays porte « une responsabilité morale dans la préservation de cette mémoire », a-t-il précisé.

Il a assuré de son engagement à « transmettre aux générations futures l’histoire de cette tragédie », a-t-il déclaré.

« Que la mémoire de Thiaroye soit constante, qu’elle renforce notre engagement pour la paix, la justice et la dignité humaine », a-t-il conclu.

Le 1er décembre 1944, au petit matin, entre 1 200 et 1 800 tirailleurs originaires de 17 pays africains ont été victimes d’un massacre perpétré par 1 200 hommes des troupes coloniales et de la gendarmerie française.

Les victimes réclamaient le paiement de leurs indemnités et soldes après leur participation à la Seconde Guerre mondiale.

SS/ac/APA