Top Header Ad

Régionales Cameroun RDPC ► 10 régions sur 10

Le verdict est tombé ce début décembre 2025 : le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) remporte la majorité dans les dix conseils régionaux du Cameroun lors des élections régionales du 30 novembre. Un scrutin indirect mobilisant 9 676 conseillers municipaux et 15 580 chefs traditionnels, qui contraste avec la présidentielle du 12 octobre dernier. « Dix sur dix pour le RDPC », titre fièrement L’Action, journal du parti présidentiel. « Notre challenge se concentrait sur l’Adamaoua, qu’il fallait reprendre à l’UNDP », confie Christophe Mien Zok, directeur de l’information du RDPC. Mais ce triomphe affiché cache-t-il les vraies questions sur la légitimité de ce scrutin ?

Les résultats des élections régionales camerounaises sont désormais officiels. Le RDPC, parti au pouvoir, conserve son hégémonie territoriale en s’imposant dans l’ensemble des dix régions du pays. Un score sans appel qui intervient moins de deux mois après la réélection controversée du président Paul Biya le 12 octobre 2025 avec 53,66 % des suffrages.

Ce scrutin indirect, organisé le 30 novembre, a mobilisé un corps électoral composé de 9 676 conseillers municipaux et 15 580 chefs traditionnels. Un format qui le distingue nettement des élections présidentielles et qui explique son caractère « dépassionné », selon les observateurs de la scène politique camerounaise.

Adamaoua reconquis, rangs resserrés après octobre

Pour le RDPC, ces régionales avaient une double mission : panser les plaies internes révélées par la présidentielle d’octobre et consolider le contrôle territorial du parti. « Ce scrutin aura permis de panser nos plaies, nos blessures », reconnaît-on au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.

La présidentielle avait en effet mis à nu des mécontentements et divergences internes au RDPC. Des militants confrontés aux difficultés du quotidien jusqu’aux cadres, il fallait resserrer les rangs et se rassurer. Ce n’est pas du jeu ! Les tensions post-électorales auraient pu fragiliser la cohésion du parti.

« Sans surprise dans neuf régions déjà contrôlées par le parti », explique Christophe Mien Zok, directeur de l’information du secrétariat général du comité central du RDPC. Le véritable enjeu se situait ailleurs : « Notre challenge se concentrait sur l’Adamaoua, qu’il fallait reprendre à l’UNDP. »

L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) de Bello Bouba Maïgari, ancien ministre démissionnaire arrivé officiellement quatrième avec 2,45 % des suffrages à la présidentielle d’octobre, contrôlait jusqu’ici cette région du septentrion. Mission accomplie pour le RDPC qui reprend le contrôle de ce bastion stratégique.

La question de la légitimité plane sur le scrutin

Mais derrière le triomphe affiché, une critique récurrente émerge : la légitimité de ces élections régionales. Le scrutin a été organisé avec le même corps électoral qu’il y a cinq ans, puisque les conseils municipaux n’ont pas été renouvelés. Le mandat des élus municipaux a été prorogé, ce qui soulève des interrogations légitimes.

En principe, le processus démocratique devrait suivre une séquence logique : les citoyens élisent d’abord de nouveaux conseils municipaux, ces élus participent ensuite aux élections régionales, et tout cela impacte la composition du Sénat. Cette chaîne de légitimité n’a pas été respectée.

« C’est une critique légitime », reconnaît d’ailleurs Christophe Mien Zok, même s’il se défend en rappelant que « la prorogation du mandat des élus municipaux est légale selon les textes en vigueur ». Un argument juridique qui ne suffit pas à dissiper les doutes sur la représentativité réelle de ce scrutin.

Le directeur de l’information du RDPC admet toutefois que « cela pourra être corrigé dans une future réforme du code électoral ». Cette réforme est réclamée depuis des années par des acteurs de la classe politique et de la société civile camerounaise, qui dénoncent les limites du cadre légal actuel.

Quel impact sur la composition du Sénat ?

Au-delà des résultats immédiats, ces élections régionales auront un impact direct sur la composition du Sénat camerounais. Les conseillers régionaux élus participent en effet à la désignation des sénateurs, renforçant ainsi le contrôle du RDPC sur l’ensemble des institutions du pays.

Avec dix régions sur dix, le parti présidentiel dispose désormais d’une base solide pour consolider sa majorité sénatoriale et maintenir son emprise sur l’appareil institutionnel camerounais. Une domination qui interroge sur le pluralisme politique réel du pays.

Les formations d’opposition comme l’UNDP, le MRC de Maurice Kamto ou le SDF se retrouvent marginalisées dans les instances régionales, malgré leurs scores parfois significatifs lors de scrutins nationaux. Un déséquilibre qui alimente les débats sur la nécessité d’une réforme électorale globale.

Le RDPC célèbre aujourd’hui son « dix sur dix », mais les questions de fond sur la légitimité démocratique et la représentativité du système électoral camerounais demeurent entières. Ces régionales auront-elles vraiment permis de « panser les plaies » ou ne font-elles que repousser les véritables réformes attendues par les Camerounais ?

Crédito: Link de origem

Leave A Reply

Your email address will not be published.