Une réforme territoriale d’envergure se prépare dans les coulisses du Ministère de l’Administration Territoriale (MINAT). Selon le journaliste camerounais Macaire Lemdja, le Cameroun assistera dans les prochains jours à la création de 12 nouveaux départements, faisant passer le pays de 58 à 70 entités administratives. Cette proposition de restructuration concerne sept régions sur dix, avec une concentration notable dans cinq régions qui verraient chacune deux nouveaux départements naître. « L’objectif est d’améliorer l’efficacité administrative et de mieux encadrer les populations sur le territoire », précisent plusieurs observateurs du landerneau politique camerounais. Cette réorganisation administrative annoncée marque-t-elle un tournant dans la gouvernance territoriale du pays ?
L’information circule depuis quelques jours dans les cercles administratifs et politiques : le Cameroun s’apprête à connaître l’une de ses plus importantes réformes territoriales de ces dernières décennies. Une restructuration qui ne concerne pas seulement quelques ajustements mineurs, mais bien la création de 12 nouvelles unités administratives de premier ordre.
Selon les révélations du journaliste Macaire Lemdja, le MINAT a élaboré une proposition ambitieuse visant à porter le nombre total de départements camerounais de 58 à 70. Ce n’est pas du jeu ! Une augmentation de plus de 20% qui bouleversera l’architecture administrative du pays et redistribuera les cartes du pouvoir territorial.
Sept régions concernées, cinq grandes bénéficiaires
La répartition de ces nouveaux départements n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire national. Sept régions sur dix seront directement concernées par cette réorganisation, avec des disparités importantes selon les zones géographiques.
Cinq régions sortent du lot en obtenant chacune deux nouveaux départements. La région du Centre, actuellement dotée de 10 départements, passerait à 12 entités administratives. Une évolution qui témoigne de la croissance démographique et de l’expansion urbaine autour de Yaoundé.
La région du Littoral, poumon économique du pays avec Douala comme capitale, verrait son nombre de départements doubler presque, passant de 4 à 6. Une reconnaissance implicite du poids économique et de la densité démographique de cette zone stratégique.
Les régions de l’Est et du Nord suivraient la même trajectoire, passant chacune de 4 à 6 départements. Pour l’Est, vaste territoire riche en ressources forestières et minières mais sous-administré, cette évolution pourrait améliorer la présence de l’État dans des zones parfois enclavées.
L’Extrême-Nord, région la plus peuplée du Cameroun et théâtre de défis sécuritaires importants ces dernières années, passerait de 6 à 8 départements. Un renforcement administratif qui pourrait faciliter la coordination des services de l’État dans cette zone sensible.
Adamaoua et Sud à la traîne, trois régions épargnées
Deux autres régions bénéficieraient d’un seul département supplémentaire. L’Adamaoua, zone de transition entre le nord et le sud du pays, passerait de 5 à 6 départements. La région du Sud, moins densément peuplée, verrait également la création d’une nouvelle entité administrative, portant son total de 4 à 5 départements.
En revanche, trois régions maintiendraient leur découpage actuel sans aucune variation. La région de l’Ouest conserverait ses 8 départements, le Nord-Ouest ses 7 départements, et le Sud-Ouest ses 6 départements. Une stabilité qui interpelle, surtout pour les deux régions anglophones en proie à une crise sécuritaire depuis 2016.
Certains observateurs y voient une volonté de ne pas modifier l’équilibre administratif dans ces zones sensibles, d’autres une occasion manquée de renforcer la présence de l’État dans des territoires qui en auraient pourtant besoin.
Efficacité administrative ou redistribution politique ?
Au-delà des chiffres, cette réforme soulève des questions fondamentales sur ses véritables motivations. Officiellement, le MINAT présente cette restructuration comme un outil d’amélioration de l’efficacité administrative et d’un meilleur encadrement des populations.
En créant de nouveaux départements, l’État rapproche théoriquement les services administratifs des citoyens, réduit les distances à parcourir pour accéder aux préfectures et sous-préfectures, et permet une gestion plus fine des problématiques locales.
Mais dans les couloirs du pouvoir, on chuchote également que cette multiplication des départements créera mécaniquement de nouveaux postes de préfets, sous-préfets, et de chefs de services déconcentrés. Une manne de nominations qui n’est jamais neutre dans le jeu politique camerounais.
La création de 12 nouveaux départements implique également des budgets supplémentaires pour construire ou aménager les nouvelles préfectures, recruter du personnel, et assurer le fonctionnement de ces nouvelles structures. Dans un contexte de contraintes budgétaires, la question du financement de cette réforme reste posée.
Les prochains jours devraient apporter des éclaircissements sur le calendrier exact de mise en œuvre de cette restructuration territoriale. En attendant, les spéculations vont bon train sur l’identité des futurs chefs-lieux de départements et sur les critères qui ont présidé à ce découpage.
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