Durant cette période, ces pays ont versé 741 milliards de dollars de plus en service de la dette qu’ils n’ont perçu en nouveaux financements.
En 2024, la détente progressive des marchés financiers a permis à plusieurs États d’éviter le défaut de paiement. Les émissions obligataires ont repris, soutenues par des restructurations record de 90 milliards de dollars. Les investisseurs ont injecté 80 milliards de dollars nets, mais à des taux avoisinant 10 %, soit deux fois plus qu’avant 2020.
Malgré ce répit, l’économiste en chef de la Banque mondiale, Indermit Gill, met en garde : la dette continue de croître « parfois sous des formes nouvelles et pernicieuses ». Il appelle les pays à assainir leurs finances plutôt qu’à se précipiter vers les marchés.
La dette extérieure des pays à revenu faible et intermédiaire a culminé à 8 900 milliards de dollars en 2024. Celle des 78 pays éligibles à l’Association internationale de développement (IDA) atteint, elle, 1 200 milliards. Les taux d’intérêt sur les nouveaux emprunts sont au plus haut depuis près de deux décennies.
Résultat, 415 milliards de dollars ont été consacrés aux seuls intérêts en 2024, au détriment de secteurs essentiels comme l’éducation, la santé ou les infrastructures. Dans les pays les plus endettés, une personne sur deux n’a pas accès à une alimentation suffisante.
La Banque mondiale apparaît comme la seule source de financements réellement abordables. En 2024, elle a fourni aux pays IDA 18,3 milliards de dollars nets, auxquels s’ajoutent 7,5 milliards de dons, deux niveaux jamais atteints.
À l’inverse, les créanciers bilatéraux se sont retirés, percevant 8,8 milliards de dollars de plus qu’ils n’ont prêté. Faute d’alternatives, beaucoup de gouvernements se tournent vers leurs propres marchés financiers. Dans plus de la moitié des pays étudiés, la dette intérieure progresse désormais plus vite que la dette extérieure, au risque d’évincer le crédit au secteur privé et d’augmenter les coûts de refinancement.
Le rapport souligne la dure réalité vécue par les populations. Dans les 22 pays les plus endettés, où la dette représente plus de 200 % des recettes d’exportation, 56 % des habitants n’ont pas les moyens de s’alimenter de manière saine. Dans les pays IDA concernés, cette proportion avoisine les deux tiers.
Alexis Kalambry
Crédito: Link de origem
