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Décryptage : Du conflit à la paix, un art difficile !

 Inhérents à nos sociétés, les conflits ont différents visages : conflit armé, conflit entre États, conflit d’intérêt, conflit de pouvoir, conflit social, conflit de valeur, etc.

Les conflits sont révélateurs de la contradiction des intérêts. Ils segmentent la vie des peuples. Dans l’horreur des conflits, le péril est partout. C’est le sauve-qui-peut. Rien ne semble arrêter la diffusion territoriale des conflits. Au 19eme siècle, les guerres coloniales martyrisent le continent africain. Au 20eme siècle, le génocide rwandais traumatise l’humanité. Dès 1963, les rébellions fragilisent le Mali. Depuis une décennie, le narcoterrorisme le gangrène. Un traquenard pour les Maliens.

Conflits et rivalités de pouvoir

Certes, ces conflits riment avec rivalité, terreur, violence et injustice. Mais, le plus souvent, ils naissent des rivalités de pouvoir géopolitiques et locales comme les tensions diplomatiques actuelles entre l’Algérie et le Mali. Ressort de la dynamique sociale, un conflit vise à modifier les rapports de force.

Les protagonistes interagissent et coopèrent alors qu’ils sont en conflit. A ce stade, une question se pose : comment passer du conflit à la paix ? Bien sûr, il serait prétentieux de répondre en quelques lignes à cette question, qui suscite un regain d’intérêt médiatique, académique et sociétal. Cela dit, une des réponses se trouve dans notre capacité à sortir des rapports diplomatiques polarisés. Si l’on admet que la fragilité diplomatique sert la poursuite du conflit. Plus un conflit s’éternise, plus il tourne à la déshumanisation des liens sociaux. 

Créer un nouvel ordre social, économique et politique

Une autre réponse à cette question se trouve dans le retour des luttes syndicales. La faiblesse des capacités de régulation collective nuit en effet à l’expression des demandes des populations : paix, bien-être, sécurité, alternance démocratique… La concomitance d’une diplomatie apaisée et d’un syndicalisme avant-gardiste pourrait contribuer au renouvellement de la gouvernance et au règlement des conflits. Inutile de se remettre à l’ordalie.

Inspirons-nous des années 80-90 où les changements dans l’espace ouest africain ont été boostés grâce à la mobilisation des associations, des partis politiques et des syndicats. Ces derniers ont participé à la création d’un nouvel ordre social, économique et politique grâce au débat et à l’expression libre.

Le désordre, un nœud coulant pour le peuple

Aujourd’hui, il y a une situation nouvelle, engendrée par les rébellions successives, le narcoterrorisme, la mauvaise gouvernance, etc. Cette nouvelle situation se nomme : le désordre, un nœud coulant pour le peuple. Voilà donc une situation qui ne profite pas aux Maliens. De ce fait, elle invite à trouver un terrain d’entente pour dialoguer de manière officielle comme le font les Russes et les Ukrainiens alors qu’au même moment ils se canardent.

Il revient aux Maliens de construire de nouveaux accords politiques, impliquant syndicats, associations, rébellions et politiques. Loin d’une participation molle promouvant l’entre-soi, il faut réaliser un projet de paix durable respectant la diversité d’opinions autour des aspirations des Maliens : sécurité, vivre ensemble, etc. Car l’essentiel reste l’amélioration des conditions de vie des Maliens.

Créer un avenir pour l’amour des Maliens

Sans paix, il serait difficile d’avoir des relations économiques, politiques, scientifiques et sociales fructueuses. Pour rappel, les précédentes constructions politiques (accords de paix) sont consubstantielles de la mobilisation des acteurs associatifs, politiques, rebelles et syndicaux. C’est la règle du jeu en la matière.

Le règlement de conflit ne se fait pas seulement avec les protagonistes, mais aussi avec ceux qui ne sont pas en conflit. Ne nous leurrons pas. L’enjeu est bien de sortir de ces atavofigures conflictuelles sans fin qui accentuent les injustices sécuritaires et les inégalités territoriales. Certes, passer d’une situation conflictuelle à un état de paix est un art difficile. Mais, pour l’amour des Maliens, il est urgent de créer un avenir pour nos sociétés, défigurées et violées par les stipendiés de la terreur.

D’un ordre conflictuel à un ordre pacifique

Terminons ! Il est absurde de tenir la digue des logiques « divisionnaires », accentuées par les réseaux sociaux, oubliant ce qui nous rassemble : la fatigue du conflit. Pour notre dignité ! Nos positions de pouvoir ne doivent pas nous dissuader de changer, de passer d’un ordre conflictuel tyrannisant l’esprit à un ordre pacifique anoblissant la conscience. Depuis sa colline, chaque malien doit créer les conditions pour faire la paix. Voilà ! Tartuffe aurait dit mieux.

Mohamed Amara

Sociologue

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