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Refondation du système éducatif malien : Formater un type nouveau d’élève panafricain

À la croisée des chemins et dans le sillage de l’Alliance des États du Sahel (AES), cette refondation vise à former une génération d’élèves conscients de leur héritage, critiques face aux récits dominants et porteurs d’un projet panafricain. Entre défis structurels, ambitions politiques et aspirations sociales, l’éducation devient un levier stratégique pour bâtir un avenir commun.

Malgré tout, l’éducation au Mali reste confrontée à de nombreux défis structurels persistants et des réformes nécessaires, pour amorcer une réelle transformation systémique et arriver à forger un élève panafricain enraciné, critique et acteur de son destin.

Ces faiblesses structurelles persistantes ont pour nom un taux de réussite préoccupant, avec seulement 38,75% des candidats qui ont réussi le baccalauréat en 2025, malgré une progression par rapport aux années précédentes. On peut citer aussi la fermeture actuelle de certaines écoles privées liées au catéchèse ou à l’insécurité dans le centre et le nord du pays, avec pour conséquence plusieurs établissements régionaux privés d’enseignements et des milliers d’enfants rejétés du système éducatif. Il y a également les fortes inégalités d’accès à l’école. Ces disparités régionales liées au genre et la pauvreté continuent de limiter l’accès équitable à une éducation de qualité, en particulier pour les filles et les enfants déplacés. Enfin, il y a la faible qualité pédagogique qui caractérise un manque d’enseignants qualifiés, des programmes inadaptés, des infrastructures dégradées et des ressources pédagogiques insuffisantes. Toutes choses qui entravent l’efficacité du système éducatif tel que concurrents jusque-là.

Forces et dynamiques de refondation

Face à ces défis, le Mali a engagé une refondation éducative ambitieuse. Les

États Généraux de l’Éducation (2023–2024) et leurs 280 recommandations formulées pour transformer le système, avec un accent sur l’inclusion, la valorisation des savoirs endogènes et la révision des curricula ; une révision complète des programmes avec l’introduction renforcée de l’histoire malienne et africaine dans les manuels pour mieux recentrer l’enseignement sur les identités locales et continentales, en cohérence avec les idéaux de l’AES ; des partenariats stratégiques grâce à l’appui d’acteurs comme l’UNICEF et l’UNESCO qui soutiennent les efforts de réforme, notamment à travers le PRODEC II (2019–2028), visant à améliorer l’efficacité du système éducatif.

Avec ces initiatives, des atouts se dessinent pour une école du renouveau panafricain. Et le Mali dispose déjà de leviers puissants pour repenser son école dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES). Un socle civilisationnel riche est mis en place avec les caractères humains et les caractéristiques géographiques et historiques du Liptako Gourma ou région des 3 frontières qui partagent le passé glorieux des empires du Ghana, du Mali et du Songhaï, avec des figures héroïques comme Soundiata Kéïta ou El Hadj Oumar Tall. Un patrimoine culturel et historique qui offre un gage mobilisateur pour forger une conscience panafricaine.

À travers une volonté politique affirmée des trois États, la réforme des contenus scolaires traduit nécessairement une rupture assumée avec les modèles coloniaux, et une décision politique forte pour construire une école souveraine, enracinée et tournée vers l’avenir.

Dans un contexte de crise identitaire et de désinformation, la jeunesse africaine est en quête de sens. Seule l’école peut devenir une bouée de sauvetage, voire un rempart contre la radicalisation, en offrant aux jeunes des repères culturels solides et une vision constructive de leur rôle dans la société de demain déjà là et qui commence aujourd’hui.

Vers un modèle panafricain “made in AES”

 L’élève malien de demain, dans le moule AES, devra être historien de sa propre mémoire, conscient des luttes et des héritages africains ; un citoyen critique, capable de décoder les récits dominants et de défendre la souveraineté de son espace ; un acteur de développement, formé aux sciences, aux technologies, à l’agriculture, à l’entrepreneuriat et aux langues africaines ; et ensemble, des ambassadeurs de l’unité régionale, porteurs des valeurs de solidarité, de dignité et de résilience.

Le Mali, à la pointe de ce combat, en réformant son école, ne fait pas que corriger des déséquilibres pédagogiques. Il pose les fondations d’un nouveau contrat éducatif, au service d’un projet de société panafricain. L’enjeu n’est plus seulement d’instruire, mais de former des bâtisseurs d’aires de souveraineté territoriale, de paix civile et de prospérité partagée.

 

KML

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