C’est un chiffre qui donne le ton : entre 2024 et 2025, plus de 1,5 million de données sensibles ont été compromises dans plusieurs cyberattaques visant des institutions camerounaises, confirmant l’urgence de renforcer la souveraineté numérique du pays. Dans ce contexte brûlant, CAMTEL a frappé un grand coup. Du 10 au 12 décembre 2025, les Journées « Cloud » organisées au Data Center de Zamengoé ont marqué un tournant majeur pour le Cameroun. Experts, pouvoirs publics et acteurs du numérique y ont dévoilé une nouvelle vision stratégique portée par la DG, Mme Judith Yah Sunday épse Achidi.
CAMTEL au centre du jeu: Le retour de la souveraineté numérique
Pendant trois jours, le Data Center de Zamengoé s’est transformé en véritable laboratoire stratégique du numérique camerounais. L’événement a réuni des figures clés dont Dr Anye Divine, auteur du keynote sur la souveraineté numérique et la sécurité des infrastructures critiques Panel Journée Cloud, M. Loumou Jean (CAMIX), Dr Tsafak Pauline (MINPOSTEL), Huawei, ANTIC, ainsi que les équipes techniques de CAMTEL.
Selon les documents officiels, les thématiques abordées allaient de la conformité réglementaire, aux enjeux géopolitiques, en passant par la redondance, la résilience, la cybersécurité, et les nouvelles exigences de la loi 2024/017 sur la protection des données personnelles.
À travers ces échanges, une conviction s’est imposée : le Cameroun ne pourra protéger sa souveraineté que s’il maîtrise ses propres infrastructures.
Souveraineté des données : un défi devenu stratégique
Les exposés de CAMIX (Cameroon Internet Exchange Point) et du MINPOSTEL ont dressé un constat sans détour : la majorité des données africaines sont encore stockées hors du continent, exposant les États aux risques de surveillance, de dépendance technologique et de chantage géopolitique.
Le Cameroun, lui, a décidé de rompre cette dépendance.
La loi 2024/017, désormais en vigueur, impose :
- la minimisation des données,
- des obligations strictes pour les entreprises,
- des restrictions fortes pour les transferts internationaux,
- et la création d’une Autorité Nationale de Protection des Données
Selon une source proche du dossier, « désormais, aucune donnée critique ne doit quitter le territoire sans un contrôle juridique rigoureux ». Ce n’est pas du jeu : un pays qui ne contrôle pas ses données perd mécaniquement une part de sa souveraineté.
Le Data Center de ZAMENGOÉ : Cœur battant du numérique camerounais
L’un des moments forts des Journées Cloud a été la visite du Data Center de Zamengoé, infrastructure classée stratégique. Les équipes DSIR et DCZ ont mis en lumière ses capacités : redondance énergétique, contrôle d’accès avancé, salles serveurs hautement sécurisées et architecture pensée pour l’hébergement souverain des données publiques et privées.
Dans les faits, ce Data Center change la donne :
- Il garantit l’hébergement local, condition essentielle face au CLOUD Act américain ou aux législations extraterritoriales étrangères.
- Il renforce la résilience nationale face aux cybermenaces, en croissance constante (ransomwares Ascoma, CNPS, ACTIVA).
- Il offre une alternative locale compétitive, soutenant les entreprises et administrations dans leur mise en conformité.
Un participant résume bien :
« Avant, nos données voyageaient plus que nous-mêmes. Aujourd’hui, elles resteront chez elles, sous notre contrôle. »
CAMTEL, moteur de la transformation : la vision de Mme Judith Yah Sunday
Impossible de parler de souveraineté numérique au Cameroun sans évoquer l’impulsion donnée par la Directrice Générale de CAMTEL, Mme Judith Yah Sunday épse Achidi. Sous sa direction, l’opérateur historique a repositionné ses infrastructures, renforcé ses capacités techniques et lancé une stratégie nationale visant à moderniser les réseaux, sécuriser les flux de données et offrir des solutions cloud locales performantes.
Les Journées « Cloud » ne sont pas un simple atelier technique : elles symbolisent l’affirmation d’un leadership national.
Dans les documents internes, plusieurs signaux confirment ce virage :
- La modernisation du Data Center n’est plus un projet, mais un pilier stratégique d’État.
- Les synergies entre acteurs — CAMIX, MINPOSTEL, ANTIC, Huawei — ont été consolidées autour d’un objectif unique : protéger les données camerounaises.
- CAMTEL devient un référent régional, alors que la CEMAC travaille à harmoniser ses cadres juridiques numériques.
Mme Yah Sunday l’a rappelé en coulisses :
« Nous n’hébergeons pas seulement des serveurs. Nous protégeons l’avenir numérique du Cameroun. »
Une phrase lourde de sens, presque une profession de foi.
Les documents de MINPOSTEL l’ont clairement établi :
la souveraineté numérique n’est plus une option, mais une exigence nationale.
Le Cameroun doit désormais :
- renforcer ses infrastructures critiques ;
- garantir la conformité des entreprises ;
- développer des compétences locales ;
- encourager la création de solutions cloud souveraines ;
- améliorer l’interconnexion via CAMIX et les IXP nationaux.
L’enjeu n’est pas seulement technique :
c’est une question de stabilité économique, de sécurité nationale, et même de positionnement géopolitique régional.
Avec plus de 170 data centers sur le continent, principalement en Afrique du Sud, au Kenya, au Nigéria et en Égypte, le Cameroun entend rattraper son retard et se hisser parmi les leaders africains.
Zamengoé sera la rampe de lancement.
Les Journées Cloud 2025 auront marqué un avant et un après. CAMTEL, porté par la vision de Mme Judith Yah Sunday, place désormais le Cameroun sur la carte des nations capables de protéger leurs données.
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