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Adhésion éclair de l’Ukraine : une perspective irréaliste pour l’UE

Trans Afrique

Vendredi, à Bruxelles, l’annonce américaine d’une adhésion éclair de l’Ukraine à l’Union européenne dès 2027 a frappé les esprits. Promesse audacieuse, mais fragile. Les capitales européennes, conscientes des fractures qu’un tel projet pourrait provoquer, ont réagi avec une réserve immédiate.

Derrière l’échéance, une épreuve de vérité. L’État de droit reste le socle. L’agriculture devient le champ de bataille. L’équilibre continental s’impose comme horizon. Dans ce débat, l’Ukraine n’est plus seulement une candidate.

Elle incarne les tensions entre vitesse et stabilité, entre élan politique et lourdeur des réformes. L’Europe, elle, doit accueillir sans se fragiliser, avancer sans se perdre.

« 2027? C’est après-demain! », a immédiatement réagi une source au sein de l’exécutif européen.

Le calendrier s’inscrit dans le plan de paix américain. Objectif : mettre fin à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Selon un haut responsable cité par l’AFP, Washington veut accélérer les négociations. Ainsi, les étapes prévues doivent créer une dynamique nouvelle et réduire les tensions.

Jugé irréaliste par de nombreux responsables européens, le calendrier américain suscite scepticisme. Même les plus optimistes n’imaginaient pas l’adhésion de l’Ukraine au bloc avant 2030. Ainsi, l’écart entre ambition et réalité reste flagrant.

– Le veto d’Orban –

« Les Américains vont décider à notre place », lâche un diplomate européen, ironique, face à l’idée d’une adhésion en janvier 2027. « C’est absurde : il faut une volonté d’élargissement qui n’existe pas », ajoute-t-il, sous couvert d’anonymat.

Lancé après l’invasion russe, le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’UE est aujourd’hui bloqué. Depuis plusieurs mois, aucune avancée n’a été enregistrée. L’élan initial s’est transformé en impasse.

Et pour cause: cette procédure longue et complexe exige l’unanimité des 27 États membres à chaque nouvelle étape. Or, le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orbán, a décidé de geler de facto tout le processus d’adhésion en usant de son droit de veto.

Le dirigeant conservateur, proche de Vladimir Poutine, juge qu’une adhésion de l’Ukraine « ruinerait » l’Union européenne. Son opposition illustre les fractures internes du bloc.

Sans feu vert du dirigeant hongrois, aucun progrès possible.

– « Même pas de frontière » –

Une adhésion éclair de l’Ukraine à l’UE soulève des interrogations concrètes et complexes. Les négociations, ouvertes en juin 2024, mettent en évidence des obstacles institutionnels, économiques et politiques. Ainsi, chaque étape révèle la difficulté d’un processus accéléré.

Comment intégrer le géant agricole ukrainien sans déstabiliser complètement le marché unique européen? Les céréaliers français, allemands et polonais accusent régulièrement Kiev de concurrence déloyale en raison des prix qu’il pratique.

Comment garantir que l’Ukraine réforme ses institutions en pleine guerre ? Les critères européens sont stricts. L’État de droit exige justice indépendante, lutte anticorruption et respect des libertés. Or, les combats compliquent tout. Ainsi, l’UE impose la conditionnalité, des jalons précis et un contrôle permanent. Sans cela, l’adhésion reste hors de portée.

« Comment l’Ukraine peut-elle être prête? « Elle n’a même pas de frontière », souligne un diplomate européen, sous couvert d’anonymat. Il fait référence aux territoires ukrainiens que Moscou revendique comme annexés.  L’argument illustre l’ampleur des obstacles à une adhésion rapide.

« Ceux qui ont avancé cette date n’ont pas réfléchi à un millième des questions », estime Lukas Macek. Spécialiste des politiques d’élargissement de l’UE à l’institut Jacques Delors, il confie son analyse à l’AFP. L’expert souligne l’ampleur des angles morts.

– Les fractures de l’élargissement européen –

Pour cet expert, une adhésion de l’Ukraine à l’UE en janvier 2027 est « complètement irréaliste » dans le cadre actuel. Ce scénario n’est pas totalement exclu. Il supposerait « renverser la logique » et « redéfinir » la procédure. L’adhésion interviendrait alors avant la plupart des étapes de l’intégration.

Reste une question sensible : cette méthode concernerait-elle aussi les Balkans ? Albanie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro, Kosovo et Serbie attendent depuis des années, sans véritable perspective d’adhésion. L’incertitude demeure sur leur avenir européen.

« Sinon, d’énormes frustrations surgiront », avertit Lucas Macek. Le politologue met en garde contre les conséquences d’un calendrier irréaliste. L’écart entre attentes et réalité pourrait nourrir un ressentiment durable.

La Finlande détient le record d’adhésion la plus rapide : moins de trois ans entre candidature et intégration. À l’opposé, la Turquie reste candidate depuis près de trente ans. Son processus d’adhésion est aujourd’hui totalement gelé.

© Agence France-Presse

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