Une vidéo virale secoue les réseaux sociaux camerounais. Evrard Eyinga Meba, neveu du président Paul Biya et membre du bureau national de l’OJRDPC, menace de démissionner du RDPC si sa sœur Cathy Meba n’est pas élue présidente du conseil régional du Sud mardi à Ebolowa. « Si cela n’est pas fait, moi je démissionne du RDPC devant tout le monde », lance-t-il, tambours battants. L’analyste politique Moussa Njoya dénonce un « chantage » révélateur de la vision patrimoniale du pouvoir. Le Cameroun est-il devenu une propriété familiale ?
À quelques jours de l’élection des bureaux des conseils régionaux, cette sortie fracassante révèle les tensions au sein du RDPC dans la région du Sud. Evrard Meba s’est adressé directement au « peuple Ekang » dans une vidéo largement partagée, exigeant l’élection de sa sœur Cathy Meba à la tête du conseil régional.
« Nous le savons tous, l’homme qui a tout donné et à qui l’on n’a rien donné c’est le président Paul Biya. C’est le père de Cathy Meba ! » affirme-t-il dans son message. Le membre de l’élite Bulu accuse les cadres régionaux de « trahison » s’ils refusent d’élire sa sœur.
« L’État c’est nous », selon la famille présidentielle
Les propos d’Evrard Meba vont encore plus loin. « On vous a fait des ministres ! C’est le président Biya qui a singé ces décrets avec le nom de vos enfants ! » martèle-t-il, avant d’ajouter : « Vous ne pouvez pas être autant méchants envers des personnes qui vous ont tout donné ! »
L’ultimatum est sans appel : « Mardi ! Si cela n’est pas fait, moi je démissionne du RDPC devant tout le monde ! Et je pense que la fin prévue du RDPC partira même de là où le RDPC a commencé ! » menace le neveu présidentiel, affirmant avoir « beaucoup de gens derrière lui ».
Il qualifie toute résistance à sa demande de « coup d’État », d’« affront » et de « mépris au Chef de l’État et à sa famille ».
Moussa Njoya dénonce une « vision patrimoniale »
Dans une lettre d’analyse publiée après cette vidéo, l’observateur politique Moussa Njoya dénonce ce qu’il appelle les « petits chantages de la famille présidentielle ».
« Le Cameroun serait la propriété de Paul Biya. Les fonctions, les biens, les institutions du pays sont les choses de Paul Biya, qui donne à qui il veut, et comme il le veut », écrit Njoya. Selon l’analyste, cette sortie révèle comment la famille biologique présidentielle considère le pays comme « un bien meuble et immeuble ».
Njoya souligne le paradoxe : « Si notre cher Evrard se doit désormais de recourir à Facebook pour menacer les ‘créatures’ de sa famille, il est très fort probable que c’est parce qu’il n’aurait plus un accès directement à son oncle de président. »
Pour l’observateur, cette vidéo constitue « un aveu d’impuissance » plus qu’une démonstration de force.
Ebolowa sous tension avant le vote
L’élection du président du conseil régional du Sud doit avoir lieu mardi à Ebolowa. Plusieurs candidats sont en lice, mais la pression exercée par Evrard Meba sur les conseillers régionaux RDPC crée une tension palpable.
Les cadres de la région du Sud se retrouvent pris entre leur conscience politique et les menaces de la famille présidentielle. Certains observateurs y voient une illustration de la crise de gouvernance que traverse le parti au pouvoir.
« Ici, il n’est pas question de programme politique, d’idéologie ou encore trajectoire dans le parti ! Il s’agit davantage du droit de succession et de libéralités ! » dénonce Moussa Njoya dans son analyse.
Menaces, chantage, ultimatum : le conseil régional du Sud au cœur d’une bataille qui dépasse le simple cadre électoral. Ce n’est pas du jeu ! Mardi, Ebolowa va-t-elle céder à la pression familiale ?
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