Au Soudan du Sud, MTN baisse ses tarifs de 25 %. Au Cameroun, les factures restent lourdes. Cette différence interroge et choque. Alors que l’Internet est devenu un service essentiel, les Camerounais continuent de payer cher une connexion souvent instable. À Yaoundé comme à Douala, étudiants, PME et administrations dénoncent des prix « hors de portée ». Pourquoi MTN peut faire un geste fort ailleurs et pas ici ? Que cache ce double standard qui pénalise le Cameroun ?
Quand MTN fait un geste ailleurs… mais pas au Cameroun
Le 11 décembre, MTN South Sudan a annoncé une baisse de 25 % de ses tarifs, saluée publiquement par le ministre des TIC, Ateny Wek Ateny, lors d’une cérémonie officielle. Les autorités ont même poussé l’opérateur à aller plus loin, dans un dialogue assumé avec le régulateur et les concurrents (Zain, Digitel). Un comité technique doit voir le jour début 2026 pour vérifier les tarifs et alléger certaines charges fiscales.
La directrice générale de MTN South Sudan, Mapula Modibe, a parlé d’« inclusion numérique » et d’extension de réseau. Bref, un signal clair : quand l’État pousse, MTN cède.
Au Cameroun, le contraste est saisissant. Malgré les discours sur l’économie numérique et les investissements publics (fibre, data centers, backbones), les prix MTN restent élevés, avec des promotions ponctuelles qui ne changent pas la structure des coûts. Pour beaucoup, cela ressemble à une stratégie de conservation de marges plutôt qu’à un engagement durable.
Internet cher au Cameroun : un frein aux efforts publics
Selon l’UIT, au Soudan du Sud, 5 Go représentent 24,2 % du revenu national brut par habitant en 2025 — bien au-dessus des normes. Pourtant, MTN y baisse ses tarifs sous pression politique. Au Cameroun, même si les statistiques diffèrent, le ressenti est unanime : le panier data pèse trop pour un salaire moyen.
Les autorités camerounaises multiplient les initiatives pour un Internet au juste prix. Mais sur le terrain, les usagers parlent de débits inégaux, de forfaits qui fondent, et d’options « illimitées » qui ne le sont pas vraiment. « On paye, mais la qualité ne suit pas », soupire un entrepreneur de Bafoussam.
Cette situation sabote les efforts gouvernementaux : digitalisation des services, e-éducation, e-santé, inclusion financière. Quand l’accès est cher, la transformation numérique cale.
Double standard MTN : marge maximale ici, concessions ailleurs ?
Pourquoi MTN accepte-t-il un bras de fer au Soudan du Sud et pas au Cameroun ? Plusieurs observateurs évoquent un rapport de force régulatoire plus ferme ailleurs, et une tolérance locale qui profite à l’opérateur. Résultat : les Camerounais coincés, prisonniers de forfaits coûteux.
Le paradoxe est cruel : marché plus mature, infrastructures publiques, demande massive… mais prix rigides. À la fin, ce sont les ménages et les PME qui paient l’addition. Et la promesse d’un Internet pour tous reste lettre morte.
La baisse de 25 % au Soudan du Sud prouve une chose : MTN peut. Au Cameroun, l’inaction interroge et irrite. Le régulateur doit-il hausser le ton ? Les consommateurs méritent-ils enfin des tarifs justes ?
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