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Un scrutin sans surprise en Guinée marqué par l’abstention

Trans Afrique

En Guinée, la présidentielle de dimanche s’est déroulée dans le calme, dans un scrutin sans surprise où la participation officielle atteint 85%, selon la Direction générale des élections. Quatre ans après avoir pris le pouvoir, le général Mamadi Doumbouya domine toutes les projections. Il avait pourtant assuré qu’il ne serait pas candidat. Mais il apparaît aujourd’hui comme le grand favori d’une élection dont les principaux opposants ont été écartés. Le pays a ainsi voté sous haute attente, mais sans véritable compétition.

Près de 6,8 millions de Guinéens étaient appelés aux urnes dimanche. Ils devaient départager neuf candidats, dont le général Mamadi Doumbouya, 41 ans. Il apparaît en position de force. Dès le premier tour, il pourrait l’emporter face à des prétendants peu connus du public. Dans le même temps, les libertés se sont nettement rétrécies, renforçant l’impression d’un scrutin verrouillé.

La DGE a indiqué à l’AFP un taux de participation provisoire de 85% à 18 h 00, heure locale et GMT. À ce moment‑là, les bureaux de vote commençaient à fermer. Une annonce rapide. Un chiffre massif. Et un scrutin qui se refermait dans une atmosphère très contrôlée.

L’ouverture des bureaux de vote a été prolongée jusqu’à 19h00. Pourtant, certains avaient déjà fermé, comme l’ont constaté des journalistes de l’AFP.Une décision tardive.Une application inégale.Et un scrutin qui avançait dans une certaine confusion.

Les résultats du scrutin, dont l’enjeu central reste la participation, sont attendus sous 48 heures. L’annonce se fera rapidement. Et le pays entrera aussitôt dans une nouvelle phase d’incertitude.

– Faible mobilisation –

Dans les bureaux visités par les journalistes de l’AFP à Conakry, l’affluence est restée faible toute la journée.Peu de files.Peu de mouvement.Et un contraste marqué avec le taux de participation annoncé.

Au bureau de vote n°1 de l’école Federico Mayor, en plein centre de Conakry, aucun électeur n’était présent à la fermeture. Le dépouillement a commencé immédiatement. Une scène rapide. Un bureau vide. Et une fin de journée sans suspense.

« On connaît le vainqueur, c’est Doumbouya. Je ne vois pas pourquoi je vais voter », confie Saliou, chauffeur de camion, qui a choisi de s’abstenir. Une phrase sèche. Un désengagement assumé. Et le reflet d’un sentiment largement partagé dans la capitale.

Plusieurs observateurs indépendants ont indiqué que le vote s’est déroulé dans le calme, sans incidents ni violences.Un constat unanime.Une journée maîtrisée.Et un scrutin qui s’est tenu sans heurts visibles.

Escorté, comme toujours, par des dizaines de membres des forces spéciales dont il est issu, le chef de la junte a voté dans le quartier de Kaloum, au centre de Conakry. Il était accompagné de son épouse. Une apparition très encadrée. Un dispositif massif. Et une mise en scène parfaitement maîtrisée.

Vêtu d’un boubou et d’un bonnet blancs, il a salué ses partisans sans faire de déclaration. Il n’a tenu aucun meeting durant la campagne.Une apparition brève.Un silence assumé.Et une stratégie de communication minimale.

Un important dispositif de sécurité quadrillait dimanche les rues de la capitale, avec notamment des véhicules blindés, ont constaté des journalistes de l’AFP.Une présence massive.Une ville sous contrôle.Et un scrutin surveillé de près.

Les forces de sécurité affirment avoir « neutralisé » tôt samedi, dans la banlieue de Conakry, des membres d’un groupe armé présenté comme porteur « d’intentions subversives menaçant la sécurité nationale ».Une opération rapide.Un message ferme.
Et un climat sécuritaire toujours très présent.

-Sans incidents-

L’opposition, dont les principaux leaders ont été écartés par la nouvelle Constitution, a appelé au boycott. Le scrutin intervient plus de quatre ans après le coup d’État de septembre 2021, qui avait renversé le président Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010.
Un appel clair.Un contexte lourd.Et une élection marquée par l’absence des figures majeures de l’opposition.

Cellou Dalein Diallo, opposant historique aujourd’hui en exil, a dénoncé « une mascarade électorale » destinée, selon lui, à légitimer « la confiscation » du pouvoir.Une accusation frontale.Un rejet total du processus.Et une critique qui résonne au sein d’une opposition marginalisée.

En l’absence des principaux opposants, la présidentielle sert surtout à « confirmer le pouvoir du général Doumbouya », estime Gilles Yabi, directeur de Wathi, un groupe de réflexion ouest‑africain, cité par l’AFP. Une analyse nette. Un enjeu recentré. Et un scrutin dont la portée politique apparaît réduite.

L’ONU a déploré vendredi une campagne électorale marquée par « des intimidations » visant des membres de l’opposition. Un constat sévère. Un climat pesant. Et une campagne déjà sous tension.

Sous la junte, « la Guinée est revenue à ce qu’elle a connu depuis l’indépendance de 1958 : des régimes autoritaires, civils ou militaires », observe Gilles Yabi. Un constat sévère. Une continuité historique. Et l’idée d’un pays enfermé dans le même cycle politique.

Ce scrutin, conjoint aux élections organisées le même jour en Centrafrique, clôt une année dense en élections sur le continent africain. Elle a été marquée par une montée de l’autoritarisme, une répression accrue des oppositions et la victoire de nombreux dirigeants déjà en place — au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou en Tanzanie — à l’issue de votes dont les principaux opposants avaient été exclus. Un cycle lourd. Un paysage verrouillé. Et une tendance continentale qui s’affirme.

– Travaux d’infrastructure –

Fin septembre, les Guinéens ont approuvé une nouvelle Constitution lors d’un référendum boycotté par l’opposition, mais dont la participation officielle a atteint 91%. Un vote contesté. Un taux record. Et un processus déjà marqué par la défiance.

La nouvelle Constitution, qui permet aux membres de la junte de se présenter, a ouvert la voie à la candidature de M. Doumbouya. Elle a aussi allongé la durée du mandat présidentiel, passée de cinq à sept ans, renouvelable une fois. Un cadre redéfini. Un mandat prolongé. Et des règles taillées pour une nouvelle ère politique.

Contrairement au Mali, au Burkina Faso ou au Niger — également dirigés par des juntes issues de coups d’État — Mamadi Doumbouya est resté en bons termes avec la France, ancienne puissance coloniale, ainsi qu’avec l’ensemble des partenaires internationaux. Un positionnement singulier. Une diplomatie préservée. Et une différence notable avec ses voisins sahéliens.

Les partisans de M. Doumbouya soulignent le lancement, en novembre, de l’exploitation du gisement de fer de Simandou, dans le sud‑est, l’un des plus importants au monde et appelé à générer des revenus considérables. Un argument économique. Un symbole de puissance. Et une promesse brandie comme justification du maintien au pouvoir.

« La transition a été marquée par des travaux d’infrastructures économiques et des Guinéens en sont séduits », souligne M. Yabi. Un constat pragmatique. Un argument récurrent. Et l’idée d’un pouvoir qui mise sur le développement visible.

La Guinée est riche en minerais, mais plus de la moitié de ses habitants (52 %) vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les chiffres de la Banque mondiale pour 2024.

bur-mrb/els/mm

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