
Dimanche, les Centrafricains ont voté lors d’une présidentielle où une idée domine déjà : un troisième mandat pour Touadéra. Le président sortant s’avance en favori. Il mise sur un récit qu’il martèle depuis des années : celui d’un dirigeant qui aurait ramené une forme de stabilité dans un pays longtemps secoué.
Selon lui, il aurait ramené une stabilité relative dans un pays longtemps secoué par les conflits. Et maintenant, il s’appuie sur cette image pour consolider son avantage. Mais cette version des faits reste au cœur des débats.
Mais derrière cette mise en scène d’ordre retrouvé se joue une tension plus profonde.Le scrutin s’annonce comme un moment charnière. La promesse de continuité se heurte à l’usure du pouvoir.
Et aux fragilités persistantes de l’État. Dans ce contexte, le président sortant ne se présente pas seulement comme un candidat. Il se pose en rempart, figure qu’il juge indispensable dans un pays habitué aux crises.
Ainsi, cette posture confère à l’élection une dimension symbolique forte. Mais elle révèle aussi un cycle politique difficile à briser.
– Des failles persistantes –
Les bureaux de vote ont fermé à 18h00 (17h00 GMT) pour les élections présidentielles, législatives, municipales et régionales. Le dépouillement a commencé aussitôt. Une clôture nette. Un processus enclenché. Et une soirée électorale qui s’est ouverte sans délai.
« L’ambiance a été clémente. « Les gens ont pu voter dans le calme, sans incidents », a déclaré à l’AFP Nazaire Patchbale, président du bureau de vote de l’hôtel de ville de Bangui.
Un constat simple. Et pourtant, il tranche avec les inquiétudes qui entouraient le scrutin. Reste à savoir si cette accalmie tiendra au-delà de la journée électorale. Un vote apaisé. Et une journée sans heurts.
Dans un autre bureau de vote, Béranger, 37 ans, a dénoncé des irrégularités et a décidé de ne pas voter. Il affirme avoir vu « des personnes voter avec leur carte d’électeur alors que leur nom n’était pas sur la liste ».Un témoignage sec.Une incohérence flagrante.Et un motif d’abstention assumé.
À l’inverse, il affirme que des citoyens inscrits sur les listes, mais sans leur carte d’électeur, se sont vus refuser l’accès au vote.Un refus net.Une règle appliquée strictement.Et une autre source de frustration.
Les résultats provisoires du scrutin présidentiel sont attendus le 5 janvier. Une date fixée. Une attente courte. Et une première indication du rapport de force.
-Situation sécuritaire fragile-
Bien que la situation sécuritaire se soit améliorée depuis la guerre civile des années 2010, elle demeure « fragile », reconnaît le président sortant.Un progrès réel.Une stabilité précaire.Et un pays encore vulnérable.
Escorté par des mercenaires de Wagner, des soldats rwandais et la garde présidentielle, le président Touadéra est arrivé à 11h00 (10h00 GMT) au lycée Boganda pour voter.Une arrivée encadrée.Un dispositif massif.Et une mise en scène de pouvoir.
Il a appelé à voter « pour permettre à notre pays de se développer, pour permettre à notre pays de retrouver la paix, la sécurité », a‑t‑il déclaré devant la presse.Un message simple.Un appel à l’unité.Et un argument centré sur la stabilité et le développement.
Selon plusieurs observateurs, l’armée, appuyée par les mercenaires de Wagner, a repoussé de nombreuses régions les groupes armés rebelles qui avaient perturbé les élections de fin 2020.Une avancée militaire.Un territoire repris.Et un contexte sécuritaire différent de celui du précédent scrutin.
Côté gouvernemental, tout paraît calibré pour permettre à Faustin‑Archange Touadéra, 68 ans, de l’emporter dès le premier tour.Une stratégie assumée.Un appareil verrouillé.Et un scénario largement anticipé.
Élu en 2016 puis réélu en 2020 lors d’un scrutin marqué par des accusations de fraude, il est aujourd’hui critiqué pour avoir fait adopter, en 2023, une nouvelle Constitution lui permettant de rester au pouvoir.Un parcours contesté.Une réforme taillée sur mesure.
Et une légitimité fragilisée.
– Critiques croissantes –
Une partie de l’opposition boycotte le scrutin, dénonçant une « mascarade » et l’absence de dialogue politique. Un boycott assumé. Une accusation frontale. Et un scrutin contesté avant même le dépouillement.
Sept candidatures ont été validées pour la présidentielle. Deux seulement sont jugées crédibles face à FAT : Anicet‑Georges Dologuélé, chef de file de l’opposition et arrivé second aux deux derniers scrutins, considéré comme son principal challenger ; et Henri‑Marie Dondra, candidat de l’Union Républicaine (UNIR), ancien Premier ministre de FAT désormais passé à l’opposition. Deux profils solides. Deux adversaires identifiés. Et une compétition réduite.
M. Dologuélé a voté vers 10 h 00 (09 h 00 GMT) à l’hôtel de ville de Bangui. À la sortie, il a appelé « à voter et à faire le bon choix pour ne pas le regretter demain et pendant les sept prochaines années ».Un geste rapide.Un message clair.Et un appel à la responsabilité électorale.
L’Autorité nationale des élections (ANE) affirme avoir accrédité plus de 1 700 observateurs nationaux et internationaux, dont l’Union européenne, la CEEAC et 32 de l’Union africaine. Un dispositif massif. Une surveillance élargie. Et un scrutin placé sous observation.
Les scrutins centrafricains, organisés le même jour que la présidentielle en Guinée, clôturent une année dense en élections sur le continent africain. Une année marquée par la montée de l’autoritarisme, par une répression parfois violente des oppositions et par le maintien de dirigeants déjà en place — au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou en Tanzanie — après des votes dont les principaux opposants avaient été écartés.Un constat sévère.Un cycle verrouillé.Et une démocratie sous pression.
– « Candidat de la stabilité » –
Aujourd’hui, près de 90 % du pays est de nouveau sous l’autorité du gouvernement, contre 80 % contrôlés par les groupes armés en 2021, soulignent plusieurs analystes interrogés par l’AFP.Un rapport de force inversé.Un territoire reconquis.Et un État qui tente de reprendre la main.
FAT se présente comme le « candidat de la stabilité », en mettant en avant d’autres progrès que la sécurité : des routes bitumées, un éclairage public installé sur les principales voies et des canaux d’évacuation des eaux de pluie rénovés dans la capitale.
Un bilan matériel.Des chantiers visibles.Et un argumentaire centré sur la continuité.
Mais la vie des Centrafricains, dont 71 % vivent sous le seuil de pauvreté, reste précaire. Les services de base manquent. Les routes sont peu carrossables. Le chômage demeure endémique. Le niveau de formation reste faible. Et le coût de la vie continue de grimper.
Un quotidien difficile.Une pauvreté massive.Et une réalité qui contraste avec les discours officiels.
Source: Agence France-Presse

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