Si les Forces de Défense et de Sécurité demeurent en première ligne, plusieurs spécialistes estiment qu’il est nécessaire d’impliquer davantage d’autres corps de métier, en particulier les agents des Eaux et Forêts, dont l’expertise pourrait s’avérer déterminante. Ces derniers connaissent parfaitement les pistes qui traversent nos brousses et forêts, zones souvent utilisées par les groupes armés.
L’ennemi ne circule pas dans ces espaces au hasard. Il emprunte des itinéraires bien précis, évitant les grands axes routiers surveillés par l’armée. Ces chemins discrets passent par les forêts, la brousse ou encore les couloirs de transhumance utilisés par les éleveurs. Ils permettent ainsi aux groupes djihadistes de relier différentes localités tout en contournant villages, villes et check-points militaires.
C’est pourquoi il ne s’agit pas de placer les agents des Eaux et Forêts en première ligne des combats, mais plutôt de mettre à profit leur savoir-faire. Leur rôle consisterait à établir une cartographie détaillée des pistes et sentiers stratégiques. Leur expérience du terrain et leur connaissance fine des espaces naturels, constituent un atout majeur pour anticiper les mouvements ennemis et mieux sécuriser les zones forestières.
Malheureusement, ce corps reste largement marginalisé dans les politiques sécuritaires. Peu valorisés et rarement accompagnés dans leurs missions, les agents des Eaux et Forêts demeurent sous-utilisés, alors qu’ils pourraient jouer un rôle central dans l’appui aux opérations militaires. La déforestation incontrôlée, conséquence directe du manque de contrôle et de suivi, en est une illustration parfaite. Aujourd’hui, face à la persistance de la menace djihadiste, il devient urgent de créer un pôle de collaboration intégrant ces professionnels de l’environnement aux dispositifs sécuritaires. Leur implication permettrait non seulement de renforcer la surveillance des forêts et brousses, mais aussi d’anticiper les déplacements des groupes armés en identifiant les routes qu’ils empruntent. Car l’efficacité de la lutte contre l’ennemi ne réside pas uniquement dans la force militaire, mais aussi dans l’intelligence de la maîtrise du terrain.
Les anciens combattants aussi
La piste d’autres compétences devrait également être explorée, celle des anciens combattants. Bien que retraités, ces derniers conservent une expérience précieuse. Libérés de la pression opérationnelle, ils disposent du recul nécessaire pour analyser et proposer des stratégies adaptées. Leur présence remarquée lors du défilé du 22 septembre dernier, montre que beaucoup d’entre eux gardent une réelle vitalité malgré la retraite. Constituer avec eux un pôle de réflexion stratégique pourrait enrichir considérablement les plans de lutte contre l’insécurité.
Dans cette guerre qui n’a que trop duré, aucun sacrifice ni aucune ressource ne doivent être négligés. Multiplier les stratégies, impliquer les forces vives et valoriser les savoirs existants constituent des conditions essentielles pour libérer définitivement le peuple malien de la menace.
Drissa Togola
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