Des manifestations violentes ont éclaté lundi 27 octobre 2025 dans plusieurs grandes villes du Cameroun, quelques heures seulement après la proclamation des résultats donnant Paul Biya vainqueur de la présidentielle avec 53,66 % des voix.
De Douala à Garoua, en passant par Bafang, Bamenda et Yaoundé, le pays s’est embrasé dans une atmosphère de colère, de désespoir et de méfiance.
« Le peuple est fatigué de se faire voler sa voix ! », criait un jeune manifestant à Douala avant d’être dispersé par les gaz lacrymogènes.
Mais derrière les flammes, c’est une nation épuisée qui semble dire stop à un système jugé verrouillé depuis plus de quatre décennies.
Des villes en ébullition, symbole d’un ras-le-bol national
À Douala, des foules en colère ont incendié la station-service Boccom Garage et pillé plusieurs commerces. Les bureaux d’Élecam à Bandja ont été saccagés, tout comme la résidence du maire RDPC de Douala 2e, la maison du parti à Fampou Denise, et plusieurs édifices publics.
À Yaoundé, le quartier Warda a été le théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de sécurité, tandis que des blindés patrouillaient sur les artères principales.
« Nous voulons les vrais résultats ! », scandaient des jeunes, accusant le pouvoir d’avoir “confisqué la démocratie”.
Les écoles, marchés et commerces sont restés fermés. Des témoins parlent d’un bilan d’au moins dix morts et de nombreux blessés, bien que les autorités n’aient pas encore communiqué de chiffre officiel.
L’opposition dénonce une répression sanglante
L’Union démocratique du Cameroun (UDC) a dénoncé une « confiscation du suffrage universel ».
Sa présidente, Patricia Tomaino Ndam Njoya, a appelé à un dialogue national inclusif, déclarant :
« Je rejette solennellement ces résultats et réaffirme notre attachement au choix libre et à la souveraineté du peuple. »
De son côté, Issa Tchiroma Bakary a accusé les autorités d’avoir « répondu par le sang et la peur » à une contestation légitime.
« Les militaires ont tiré à balles réelles sur la foule », affirme un témoin à Bamenda, où des coups de feu ont résonné jusque tard dans la nuit.
Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des jeunes brandissant des drapeaux et des pancartes, criant « Justice ! » et « Non au vol du peuple ! ».
Une colère sociale plus profonde qu’un simple vote
Derrière les manifestations, se cache une exaspération populaire ancienne : chômage des jeunes, coût de la vie, corruption et absence de perspectives.
« Nous souffrons, nous voulons juste que notre vote compte », confie une étudiante de l’Université de Douala.
Trente-trois ans après les tensions électorales de 1992, l’histoire semble se répéter.
« Le Cameroun a besoin de souffle, de justice et d’avenir », résume un enseignant de Yaoundé joint par 237online.com.
Mais alors que la crise politique s’enlise, les appels à la paix et au dialogue se multiplient, sans encore trouver d’écho du côté du pouvoir.
Les violences post-électorales du 27 octobre 2025 plongent le Cameroun dans une période d’incertitude profonde.
Entre colère légitime et manipulations politiques, la ligne rouge semble franchie.
Reste une question : le pays saura-t-il retrouver la paix avant qu’il ne soit trop tard ?
Crédito: Link de origem
