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Dr Aly Tounkara – Enseignant-chercheur : « L’appel de certaines chancelleries à leurs ressortissants de quitter le Mali nous paraît hâtif »

Dans cette contribution publiée sur sa page Meta, le chercheur invite les chancelleries occidentales à relativiser leur appel à l’endroit de leurs ressortissants à quitter hâtivement le Mali.  Ce faisant, Dr Aly Tounkara estime qu’il serait « hasardeux » de comparer le Mali à la Syrie, tant les réalités sociopolitiques, militaires et culturelles des deux pays diffèrent.  Dans son analyse, Dr Tounkara reconnaît que la situation actuelle demeure « délétère » et que les actions des groupes extrémistes ont porté « un coup dur à l’économie malienne ». Toutefois, il souligne que les différences entre le Mali et la Syrie sont majeures : la configuration des groupes terroristes, la sociologie du pouvoir, l’histoire des conflits, les cultures locales et l’architecture des forces armées ne se recoupent pas.

Pour lui, l’analogie entre les deux pays traduit une méconnaissance du contexte malien. « L’appel de certaines chancelleries à leurs ressortissants de quitter le Mali nous paraît hâtif », affirme-t-il, rappelant que ces pays disposent de ressources suffisantes pour évacuer leurs citoyens en cas de réelle dégradation sécuritaire.

« Le Mali demeure loin d’un scénario à la syrienne »

Le chercheur met en avant la résilience du peuple malien et les efforts constants de l’armée nationale. Selon lui, le maillage croissant du territoire par les forces armées, l’acquisition régulière d’équipements militaires modernes, notamment dans le domaine de l’aviation, ainsi que la formation continue des troupes depuis 2012, traduisent une dynamique positive dans la lutte contre le terrorisme.  Pour lui, ces avancées, conjuguées à la détermination des populations à « sauver la patrie du péril », démontrent que le Mali demeure loin d’un scénario à la syrienne.

 Par ailleurs, l’enseignant chercheur a soulevé plusieurs interrogations de fond adressées aux chancelleries occidentales. Les ressortissants étrangers ayant quitté le Mali pourraient-ils légitimement revenir si la situation ne se détériore pas ? L’offre de gouvernance du JNIM est-elle comparable à celle de Hayat Tahrir al-Sham en Syrie ? Quelle légitimité le JNIM peut-il revendiquer alors qu’il s’attaque violemment aux populations civiles ? Quelle perception ont aujourd’hui des acteurs tels que la MINUSMA ou la Force Takuba, désormais parties du pays ? Que deviendraient les soutiens directs ou indirects aux groupes terroristes si ces derniers gagnaient du terrain ? Et enfin, le peuple malien, connu pour son esprit critique et son refus de la domination, accepterait-il passivement une victoire djihadiste ? Autant de questions ouvertes, dont les réponses, selon lui, « restent difficiles à cerner ».

En conclusion, Dr Aly Tounkara, enseignant-chercheur à l’Université Yambo Oueloguem de Bamako et expert au Centre des Études Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CESS), plaide pour une approche réaliste et mesurée. Le chercheur invite la communauté internationale à faire preuve de discernement et à accompagner le Mali dans ses efforts plutôt que de céder à des comparaisons hâtives.

 Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net

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