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Vers la fin du conflit au Sahara occidental?

Ce différend pourrait enfin être résolu. Du moins, c’est ce qu’espère le président américain Donald Trump. Son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, affirme être en pourparlers avec les deux parties afin d’explorer les possibilités d’un règlement. ​”Notre équipe travaille actuellement avec l’Algérie et le Maroc. À mon avis, la paix sera rétablie d’ici 60 jours​”, a déclaré à la chaîne américaine CBS, Steve Witkoff.

En 2007, le Royaume du Maroc a présenté un plan offrant au Sahara occidental une large autonomie sous souveraineté marocaine. Les Nations unies examinent actuellement cette proposition. Ils qualifient simultanément le modèle d’autonomie marocaine pour le Sahara occidental (sous souveraineté marocaine) de “base la plus crédible pour une solution juste et durable au conflit”.

Un conflit ancien

Le conflit du Sahara occidental est un conflit ancien. Longtemps colonie espagnole, le Sahara est en conflit avec le Maroc depuis 1958. C’est en 1976 que le Maroc a retiré ses troupes. Un an auparavant, le Maroc avait déjà affirmé sa souveraineté sur le territoire lors de la “Marche verte”. 350 000 Marocains convergent vers ce territoire pour en prendre le contrôle suite à l’appel lancé par le ​Roi Hassan II​.

Le Front Polisario, fondé en 1973 et se considérant comme le représentant du peuple sahraoui, lutte depuis lors pour l’indépendance de ce territoire, avec le soutien de l’Algérie. Ce territoire est également convoité pour ses ressources minières.

​Nouvel élan au dialogue

L’échéance de 60 jours promis par Steve Witkoff ne doit pas nécessairement être prise au pied de la lettre, explique Steven Höfner, directeur du bureau de la Fondation Konrad Adenauer à Rabat. Il estime que ” toutefois, la prochaine résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pourrait donner un ​nouvel élan au dialogue, une résolution à laquelle les États-Unis, qui jouent un rôle de premier plan dans son élaboration, s’intéressent désormais également”. Par ailleurs, le gouvernement marocain est convaincu que cette résolution sera adoptée par le Conseil de sécurité.

​”Le Front Polisario a également récemment laissé entendre, de manière indirecte, qu’une coopération avec le Maroc, voire une intégration au territoire marocain, était envisageable” précise-t-il.

Inquiétudes à Alger

Mardi dernier, Massad Boulos, conseiller principal de Donald Trump pour les affaires africaines et arabes, a annoncé dans une interview accordée à Sky News Arabia que le président américain avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental dans le cadre de la proposition d’autonomie.​”Pour Trump et Washington, la souveraineté du Maroc sur sa région saharienne est totalement irrévocable et ne fait l’objet d’aucun débat. Nous considérons sans équivoque la proposition marocaine concernant le Sahara occidental comme la meilleure et la seule solution viable​”, a-t-il ajouté.

Toutefois, cette position risque de compliquer l’acceptation du plan Trump par l’Algérie. Des sources algériennes bien informées indiquent que ​”l’Algérie n’a pas discuté avec les États-Unis de ce que ces derniers entendaient présenter comme plan de paix régional​”, explique Isabelle Werenfels, politologue spécialiste du Maghreb à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP) de Berlin.

En Algérie, l’impression générale est que Trump a pleinement adopté la position marocaine sur le Sahara occidental. ​”Dans ces conditions, les chances de succès me semblent minces​”, ajoute Werenfels. À Alger, on envisage également la possibilité que la nouvelle résolution n’obtienne pas la majorité requise, à moins que les négociations à court terme au Conseil de sécurité sur le texte de la résolution, demandées par l’Algérie, n’aboutissent à des modifications substantielles.

Un autre facteur, selon Isabelle Werenfels, est que ​”l’Algérie se considère comme un acteur de principe​”. Cela inclut la conviction que ce sont les Nations Unies, et non l’administration Trump, qui doivent jouer un rôle prépondérant dans les discussions sur le Sahara occidental. ​”Par conséquent, l’Algérie continuera probablement de soutenir publiquement et clairement les positions du Front Polisario​”.

On ignore également quelles propositions l’administration Trump pourrait faire à l’Algérie dans le cadre de son plan de résolution du conflit, poursuit Isabelle Werenfels : ​”Les États-Unis, qui ont signé un mémorandum d’entente avec l’Algérie en 2025 sur le renforcement de la coopération en matière de sécurité, pourraient potentiellement proposer du matériel militaire, bien que de telles offres seraient vraisemblablement soumises à de strictes limitations dans le cas algérien”.

Avant tout, ce qui demeure primordial pour l’Algérie, c’est ce qui a toujours été d’une grande importance : la reconnaissance internationale en tant qu’acteur régional et international majeur.

Mais selon l’experte “actuellement, le Maroc semble l’emporter sur le plan diplomatique. Et c’est précisément ce qui fragilise la position et l’estime de soi de l’Algérie. Il sera donc probablement difficile d’obtenir une certaine flexibilité de la part des Algériens​”.

Succès diplomatiques pour le Maroc

À l’inverse, le Maroc a enregistré des succès diplomatiques considérables.Par exemple, début juin, la Grande-Bretagne a revu sa position sur le conflit et, après des années de résistance, a adopté le plan marocain de 2007. Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a déclaré que ce plan représentait la formule ​”la plus crédible​”. De tels succès reposent principalement sur le fait que le Sahara occidental constitue la priorité absolue de la politique étrangère marocaine, explique Steven Höfner.

​”À Rabat, toutes les questions sont envisagées à l’aune de ce plan.​” Cela signifie que les États qui ne souscrivent pas au plan d’autonomie marocain n’ont pratiquement aucune perspective de coopération avec le Maroc dans d’autres domaines.

“Le Maroc est bien sûr conscient de sa position géostratégique cruciale, notamment en matière de migration, de sécurité et de coopération économique. Le Maroc joue également un rôle important pour les États-Unis, par exemple dans le cadre des relations transatlantiques. Le royaume est aussi important pour ses matières premières, comme les gisements de phosphate.Tous ces éléments sont un atout pour le pays sur la question du Sahara occidental​” assure l’expert.

Auteur: Kersten Knipp, Eric Topona

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