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Pénurie de carburant : La population entre panique et frustration

Entre ceux qui veulent constituer des stocks, ceux qui jouent de passe-droits pour se faire servir et la majorité qui a presque déménagé dans les stations, les frustrations naissent.

  Files interminables, désordres, fatigues, bagarres, brouhahas, favoritismes, magouilles… Les stations sont devenues le réceptacle de toutes les frustrations et tous les comportements de nos rues. La pénurie a mis en lumière le caractère de certains Maliens. Au moment où certains font la queue, passent des nuits, des journées dans les stations d’essence pour avoir ne se serait ce que quelques litres d’essence ou de gas-oil dans leur réservoir pour arriver à destination, d’autres arrivent, remplissent leur réservoir sans suer. Depuis le début de la crise, le bidon d’eau minérale, soit 1,5 litre d’essence est vendu à 3000 F CFA voire plus au lieu du prix indicatif à la pompe de 775 F CFA.

Le prix des transports a pris un coup vertigineux et sur certaines artères, les Sotama sont remplies au point de vendre des places sur les toits ! Yaya Mariko, conducteur de moto taxi à la quête de clients pour remplacer la somme plus que la normale dépensée dans le carburant a été hélé par une cliente. Cette dernière voulant, de Badalabougou, rallier Faladiè, s’est vue proposer 2 500 F CFA à la place des 1000 F CFA habituels. « J’ai acheté 1,5 litre d’essence à 5000 F CFA. Si le prix du carburant n’est pas abordable ne compte pas sur nous pour faire de rabais. Mon dernier prix est 2000 F CFA si tu es partante monte dans le cas échéant je te souhaite bonne chance pour marchander avec les autres conducteurs. » Oumou a force d’attendre le passage d’un autre moto taxi, s’est résignée à monter.

Si au début de la pénurie un bidon de 20l était vendu à 30.000 F CFA sur le marché noir, aujourd’hui il est discuté à peu près 90.000F CFA. Et il n’est pas rare de voir dans les stations d’essence certaines femmes dans une file avec des bidons de 20l dans le but de revendre, ou d’aider un frère, un mari. Certaines stations d’essence favorisent les femmes.

Le business

Certains conducteurs de Moto Taxi se sont transformés en vendeur de carburant. Le réservoir d’un moto taxi prend environ 12 litres d’essence, ils en profitent pour amasser une fortune en faisant le plein de leur réservoir et revendent le contenu. Ils ne sont pourtant pas les seuls à s’adonner à cette pratique. Certains propriétaires de voiture ou de Jakarta font le même business. Parfois pas pour revendre mais pour que chaque membre de la famille ou du grin possédant une moto puisse avoir de quoi circuler.

Ainsi, Dou et les membres de son grin ont cotisé pour remplir le réservoir de la voiture de ce dernier ils ont partagé par la suite le précieux jus. Contrairement à Gafou qui a eu la chance de faire le plein de sa moto deux fois pour dépanner la voiture de son frère. Elle n’a pas eu du mal à faire le plein d’essence de sa moto, elle a ciblé les stations qui priorisent les femmes. Malheureusement pour elle, à son troisième passage, la station était à sec. Elle n’a eu d’autre solution que de pousser sa moto pour rentrer.

Les pompistes également font du favoritisme en décidant qui servir avant qui. Ils n’hésitent pas à suspendre leur service pour des motifs qui leur passent par la tête. Et si par malheur quelqu’un dénonce leur favoritisme, ils ferment tout !

Cette crise a aussi fait renaître la solidarité des Maliens. Les actions de solidarité sont plus fréquentes à cette période comme le covoiturage qui facilitent le déplacement des personnes ayant le même point de départ et de destination. La distribution d’eau ou de nourriture dans les stations pour permettre à certains de tenir avant leur tour.

 

Oumou Fofana

 

 

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