Tension extrême ce lundi à Banyo, dans le Mayo-Banyo (Adamaoua).
La situation a dégénéré après la décision du préfet de sceller plusieurs commerces restés fermés durant les villes mortes décrétées du 3 au 5 novembre 2025 par Issa Tchiroma Bakary, en contestation des résultats de la présidentielle du 12 octobre.
Un commerçant en colère aurait giflé le préfet, provoquant une explosion de rage populaire.
« Trop, c’est trop ! On ne peut plus vivre dans la peur », lance un habitant joint par 237online.com
Les bâtiments du RDPC et la résidence du cadre local Moustapha Labaran ont été incendiés.
La question se pose : le pouvoir a-t-il sous-estimé la profondeur de la colère populaire ?
Banyo : la ville s’embrase après la répression
Ce qui devait être une descente administrative de routine a viré à l’émeute.
Selon plusieurs témoins, le préfet, accompagné des forces de sécurité, aurait tenté de faire apposer des scellés sur des boutiques et échoppes fermées en signe de protestation.
Mais la population, déjà chauffée à blanc par trois jours de paralysie économique, a refusé de céder.
« Il a voulu nous humilier devant tout le monde, alors qu’on n’a rien fait de mal ! », témoigne un commerçant du marché central.
L’altercation s’est transformée en déchaînement collectif : jets de pierres, affrontements, pillages.
Les forces du BIR sont intervenues pour exfiltrer le préfet sous les cris de la foule.
Le symbole du pouvoir attaqué : le RDPC ciblé
Quelques heures après l’incident, la colère a pris une tournure plus politique.
La maison du RDPC à Banyo a été incendiée, suivie du saccage de la résidence de l’élite locale Moustapha Labaran, cadre influent du parti au pouvoir.
Ces actes traduisent une rupture symbolique entre la population et un système jugé oppressif.
« Ce n’est pas contre un homme, c’est contre une injustice qui dure depuis trop longtemps », explique une habitante, les larmes aux yeux.
La scène, filmée par plusieurs témoins, montre des habitants scandant « assez, assez ! », au milieu des flammes et des ruines.
Pour beaucoup, Banyo devient le symbole d’un ras-le-bol national alimenté par les frustrations post-électorales.
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Issa Tchiroma et les villes mortes : un catalyseur de crise
Le mot d’ordre lancé par Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième à la présidentielle, appelait à trois jours de villes mortes du 3 au 5 novembre 2025.
Objectif : protester contre une élection jugée “tronquée” et réclamer la “vérité des urnes”.
Malgré les mises en garde du gouvernement, plusieurs villes du Nord et de l’Ouest ont largement observé le mouvement, paralysant écoles et marchés.
Mais à Banyo, cette contestation a viré à la confrontation directe.
Les observateurs y voient un test grandeur nature de la tension post-électorale et une alerte pour Yaoundé, où le mot d’ordre “paix et stabilité” semble désormais en décalage avec la réalité du terrain.
De la gifle au préfet à l’incendie du RDPC, la colère de Banyo révèle un pays fracturé, où la moindre étincelle peut provoquer un incendie politique.
Les appels au calme se multiplient, mais la peur demeure palpable.
« Ce n’est pas du jeu, Banyo est à bout », résume un enseignant du centre-ville.
Face à une contestation qui s’étend, le gouvernement saura-t-il désamorcer la crise sans enflammer davantage les esprits ?
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