Algérie-France : « Le bras de fer n’a pas produit de résultat », affirme le ministre français de l’Intérieur
Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, plaide à nouveau pour la reprise du dialogue entre Alger et Paris, rompu depuis plusieurs mois. Dans une déclaration au quotidien français Le Parisien, il a critiqué ouvertement son prédécesseur, Bruno Retailleau et sa démarche dans la gestion de la tension entre les deux pays.
Il affirme d’emblée que le « bras de fer » engagé avec Alger « n’a pas produit de résultat ». Et d’ajouter : « Ceux qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent. Ça ne marche pas, dans aucun domaine ».
Laurent Nuñez n’a pas voulu citer directement l’actuel patron du parti Les Républicain qui était l’un des acteurs ayant alimenté la crise entre l’Algérie et la France depuis l’été 2024. Il avance, comme « preuve » de l’inefficacité de cette méthode, « la rupture totale du canal de communication avec Alger ».
Depuis sa prise de fonction en octobre dernier, Laurent Nuñez ne cache pas son souhait de rompre avec la méthode Retailleau. Il souligne à plusieurs reprises « la nécessité de renouer le dialogue avec Alger, mettant en avant les besoins de coopération sécuritaire, notamment dans la lutte antijihadiste au Sahel ».
Le ministre français révèle, dans la foulée, des contacts avec son homologue algérien, synonyme d’une éventuelle reprise des discussions entre les deux gouvernements. « Le ministre de l’Intérieur algérien m’a récemment écrit pour m’inviter », fait-il savoir.
Cependant, le vote, jeudi 30 octobre, d’une résolution visant à dénoncer l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration par l’Assemblée française risque de raviver la tension entre les deux pays. « Je regrette les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce vote. Nous devons aller vers une coopération apaisée, mais qui doit rester exigeante. Nous avons besoin d’un partenariat constructif, pas d’une rupture », estime-t-il.
Revenant sur l’un des dossiers qui envenime les rapports entre Alger et Paris, à savoir la reprise des algériens frappés d’obligation de quitter le territoire français (OQTF). « L’Algérie n’accepte plus ses ressortissants en situation irrégulière depuis le printemps dernier. En 2025, 500 expulsions vers ce pays ont pu avoir lieu à fin octobre, contre 1 400 l’an dernier sur la même période. Par conséquent, les centres de rétention administrative sont occupés à plein : 40 % des places sont occupées par des ressortissants algériens », déclare-t-il.
La crise entre l’Algérie et la France dure depuis l’été 2024. Provoquée par la reconnaissance du plan marocain d’autonomie sur le Sahara Occidental par le président Emmanuel Macron, la tension s’est aggravée avec l’incarcération, en novembre 2024, de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal, et le contentieux autour de l’expulsion des Algériens frappés d’une OQTF. Pendant cette brouille, il n’y a eu qu’une seule tentative de réconciliation. C’était à l’occasion d’un échange téléphonique entre les présidents Tebboune et Emmanuel Macron, le 31 mars 2025, lors duquel ils ont tracé une feuille de route pour relancer les relations bilatérales.
Le 6 avril dernier, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a effectué une visite officielle à Alger pour « tourner la page ». Mais l’apaisement n’a été que de courte durée. Le 14 avril, l’Algérie a annoncé l’expulsion de douze diplomates français. Le lendemain, en réponse directe, la France a répliqué en déclarant qu’elle allait expulser à son tour douze diplomates algériens.
Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le président Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».
« Nous avions beaucoup d’espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (…) mais plus rien n’avance si ce n’est les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré. Le 7 août courant, le président français Emmanuel Macron a demandé la « suspension officielle » de l’accord de 2013, déjà mis de facto en pause depuis un renvoi réciproque de diplomates en mai.
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