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Bénin. Ce qu’il faut savoir après le coup d’État manqué

Les autorités du Bénin ont affirmé dimanche 7 décembre 2025 avoir déjoué une tentative de coup d’État visant à renverser le président Patrice Talon, lequel a assuré que la situation était « totalement sous contrôle » et à qui le bloc ouest-africain de la Cedeao va envoyer un soutien militaire.

Cette tentative de putsch intervient à quelques mois du départ de la présidence de Patrice Talon, après deux mandats à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest à la croissance robuste mais miné par des violences djihadistes dans sa partie nord.

L’Afrique de l’Ouest est particulièrement secouée par l’instabilité politique depuis le début de la décennie avec des coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger – deux voisins du Bénin -, ainsi qu’en Guinée et plus récemment, fin novembre, en Guinée-Bissau.

Les auteurs ? Un groupe de militaires rapidement maîtrisé

Dimanche matin vers 8 heures locales (7 heures GMT), huit militaires, coiffés de bérets aux couleurs disparates ou de casques parfois de travers et armés de fusils d’assaut, font irruption à la télévision publique béninoise pour y lire un message.

Ce « Comité militaire pour la refondation » (CMR) annonce avoir destitué le président Patrice Talon proclame le lieutenant-colonel Pascal Tigri comme leur chef.

Ils justifient notamment leur acte par la « dégradation continue de la situation sécuritaire au nord du Bénin », une région où les soldats paient un lourd tribut face aux attaques djihadistes.

Ils critiquent également des « promotions injustes » dans l’armée et une remise en cause « déguisée des libertés fondamentales » par le pouvoir.

Quelques heures plus tard, le ministre béninois de l’Intérieur, Alassane Seidou, apparaît à son tour à l’antenne de la télévision nationale pour s’adresser à la population et assurer que le coup avait été déjoué.

Il assure que la « riposte » des Forces armées béninoises « a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre ».

« Cette forfaiture ne restera pas impunie », ajoute-t-il, après avoir félicité les militaires de la garde républicaine à son arrivée au palais présidentiel.

Dans la soirée, Patrice Talon a fait une allocution à la télévision publique confirmant que la situation est « totalement sous contrôle » et invite les Béninois à « vaquer sereinement » à leurs occupations.

Selon des sources militaires qui se sont adressées à l’Agence France-Presse (AFP), une douzaine de soldats ont été arrêtés. Parmi eux figurent certains auteurs de la tentative de putsch, a indiqué une source sécuritaire sans préciser si le meneur des mutins, le lieutenant-colonel Pascal Tigri figurait parmi eux.

Selon une source proche du dossier, il est en fuite.

Soutien du Nigeria et de la Cedeao

La présidence nigériane a affirmé avoir mené dimanche des frappes à Cotonou à la demande du Bénin pour notamment aider « à déloger les putschistes de la télévision nationale et d’un camp militaire où ils s’étaient regroupés ».

« Des forces nigérianes au sol sont actuellement au Bénin », a ajouté Abuja dans son communiqué.

La Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao) a de son côté annoncé le « déploiement immédiat » de troupes du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana pour soutenir « le gouvernement et l’armée républicaine » du Bénin et « préserver l’ordre constitutionnel ».

La Force en attente de la Cedeao a le mandat de garantir la paix et la stabilité de la région. Elle s’est par exemple déployée en Gambie en 2017 lorsque le président sortant Yahya Jammeh refusait de quitter le pouvoir.

Elle avait toutefois finalement renoncé à intervenir en 2023 après le coup d’État au Niger.

L’Union africaine (UA) a condamné « fermement et sans équivoque » cette tentative de coup d’État.

La France appelle ses ressortissants à la prudence

La France, ancienne puissance coloniale, a appelé dimanche ses ressortissants au Bénin « à la plus grande prudence », faisant état d’« un contexte à cette heure encore volatil » après l’annonce de l’échec d’un coup d’État, dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères.

La France « condamne la tentative de coup d’État au Bénin » et « est mobilisée pour veiller à la sécurité de la communauté française » dans ce pays.

Craintes parmi la population

Après une journée où la plupart des habitants ont vaqué à leurs occupations à Cotonou, la capitale économique s’est vidée un peu plus tôt que d’habitude dans la soirée, selon un journaliste de l’AFP.

Plusieurs barrages militaires étaient déployés dans la zone de la présidence et du camp militaire voisin de Guézo.

« Ce soir, on va essayer de rentrer plus tôt. On ne sait pas qui est à la base de ce coup d’État », a expliqué à l’AFP Michelle Eudoxie, une coiffeuse de 50 ans.

« Ce matin j’ai commencé à entendre les sons des balles. J’ai quitté le quartier pour aller ailleurs parce que j’ai eu peur », dit de son côté Nabil Sacca, un vendeur d’essence qui se trouvait près du palais présidentiel dans la matinée.

L’histoire politique du Bénin a été jalonnée de plusieurs coups d’État ou tentatives, mais le dernier remonte à 1972.

« Aujourd’hui, c’est comme si je revivais ce que nos parents ont vécu en ce temps-là », raconte Remy Agblo un commerçant.

Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution.

Son dauphin désigné, l’actuel ministre des Finances Romuald Wadagni, fait figure d’ultra-favori pour la présidentielle d’avril 2026, le principal parti d’opposition ayant été écarté de la course.

« Il y a une tension perceptible dans le pays depuis des mois du fait des élections », pointe Anatole Zinsou, informaticien à Cotonou qui déplore « l’exclusion » de certains acteurs des processus électoraux.

Source: https://www.ouest-france.fr/

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