Le Président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Yousouf, a condamné « fermement et sans équivoque » la tentative de putsch survenue dimanche, soulignant que « toute forme d’ingérence militaire dans les processus politiques constitue une violation grave des principes et valeurs fondamentaux de l’Union africaine ».
Le Président de la Commission de l’UA a rappelé les cadres normatifs relatifs aux Changements Anticonstitutionnels de Gouvernement, notamment l’Acte constitutif de l’Union africaine, la Déclaration de Lomé, la Charte africaine de la démocratie et le Cadre d’Ezulwini, qui rejettent catégoriquement toute intrusion militaire dans la gouvernance.
Il a appelé tous les acteurs impliqués dans la tentative de coup « à cesser immédiatement toute action illégale, à respecter pleinement la Constitution du Bénin et à regagner sans délai leurs casernes ».
Le chef de l’exécutif de l’UA a exprimé sa « profonde préoccupation face à la multiplication inquiétante des coups d’État et tentatives de coups d’État dans certaines parties de la région », avertissant que ces tendances « érodent la confiance des citoyens dans les institutions publiques, affaiblissent l’autorité de l’État et mettent en danger la sécurité collective ».
Mahmoud Ali Yousouf a réitéré la « position de tolérance zéro de l’Union africaine à l’égard de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement, quel qu’en soit le contexte ou la justification ». Il a souligné que « l’UA demeure ferme et constante dans la défense de la gouvernance démocratique, de l’État de droit et de la volonté souveraine des peuples africains ».
Le président de la Commission de l’UA a réaffirmé le soutien de l’organisation continentale au président Patrice Talon, aux autorités légitimes de la République du Bénin ainsi qu’au peuple béninois. « L’Union africaine se tient prête, en coordination avec les partenaires régionaux et internationaux, à accompagner le Gouvernement et le Peuple du Bénin vers le rétablissement complet de l’ordre constitutionnel et le renforcement des institutions démocratiques », a-t-il déclaré.
Un peu plus tôt, la Commission de la Cédéao avait réagi, affirmant avoir pris connaissance « avec consternation » de la tentative de putsch, qualifiant l’action d’« anticonstitutionnelle » et de « subversion de la volonté du peuple béninois ».
L’organisation sous-régionale a salué les efforts du gouvernement béninois et de l’armée républicaine pour maîtriser la situation, et a tenu les auteurs du complot « responsables, individuellement et collectivement, de toute perte en vies humaines et en biens causée par leur action ».
La Cédéao a annoncé qu’elle soutiendrait « le gouvernement et le peuple par tous les moyens nécessaires, y compris le déploiement de la force régionale en attente », afin de défendre la Constitution du Bénin.
À Cotonou, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Allasane Seidou, a démenti la réussite de la tentative de coup d’État, assurant que les Forces Armées béninoises ont fait échec à une mutinerie.
« Au petit matin de ce dimanche 7 décembre 2025, un groupuscule de soldats a engagé une mutinerie dans le but de déstabiliser l’État et ses institutions », a déclaré le ministre. Il a souligné que les Forces Armées béninoises et leur hiérarchie, « fidèles à leur serment, sont restées républicaines ». Selon lui, leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre.
Plus tôt dans la journée, un groupe de militaires se présentant comme le Comité militaire pour la refondation (CMR) avait diffusé un communiqué sur la télévision nationale annonçant la prise du pouvoir. Le lieutenant-colonel Tigri Pascal a été désigné président de ce comité, qui a proclamé la destitution du président Patrice Talon.
Dans leur déclaration, les putschistes ont invoqué plusieurs griefs sécuritaires, sociaux et politiques contre le gouvernement, notamment la détérioration de la sécurité dans le nord du pays face aux attaques jihadistes, des problèmes dans la gestion du personnel militaire, des mesures sociales affectant fonctionnaires et enseignants, ainsi que des restrictions politiques limitant la participation de l’opposition.
Le CMR a annoncé la suspension de la Constitution de novembre 2025, la dissolution des institutions, la suspension des partis politiques et la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes.
Malgré les assurances du ministre Seidou et le soutien appuyé de l’Union africaine et de la Cédéao, la situation reste confuse. Aucune information n’a été communiquée sur la localisation du président Patrice Talon, qui effectue son dernier mandat.
Cette crise intervient dans un contexte politique marqué par l’exclusion du principal parti d’opposition, Les Démocrates, de la présidentielle prévue en avril 2026. Le pays fait également face depuis plusieurs années à des attaques jihadistes dans le nord, dont la plus meurtrière en avril 2025 a officiellement fait 54 morts parmi les forces armées.
AC/APA
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