Une zone démilitarisée pourrait être établie le long de la ligne de front en Ukraine, du nord-est du pays jusqu’à Kherson au sud-ouest, établit le Washington Post sur base de sources proches du dossier. En outre, une seconde zone serait instaurée où les armes lourdes seraient interdites. L’ensemble de ces activités ferait l’objet d’une surveillance étroite, similaire à celle de la zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.
La Corée de l’Europe?
L’Ukraine devrait ainsi céder près de 20% de son territoire, mais les modalités de cette concession font encore débat. La Russie revendique notamment le quart restant de la province de Donetsk, qu’elle ne contrôle pas encore. Depuis plusieurs jours, l’administration Trump n’a cessé de prétendre que Kiev perdrait de toute façon ce territoire au vu de la taille de l’armée russe, bien que plusieurs experts aient au contraire mis en valeur le fait que Moscou commençait à avoir du mal à financer sa propre guerre.
Cette “solution coréenne” aurait été mise au point afin de répondre à l’impossibilité constitutionnelle pour Zelensky de céder une partie du territoire ukrainien. Car théoriquement, la Corée du Nord et la Corée du Sud revendiquent toutes deux le droit de gouverner l’ensemble de la péninsule. Bien que dans le cas présent, ni la Corée du Sud ou du Nord ne s’est fait envahir par un État étranger qui revendiquerait son propre territoire, ce qui représente une différence majeure par rapport à l’Ukraine.
Encore de nombreuses incertitudes
Autre point majeur du plan de paix américain: la souveraineté de l’Ukraine serait garantie. Toutefois, des points de désaccord persistent, notamment concernant la taille de l’armée ukrainienne. Les États-Unis seraient disposés à accepter un scénario où les effectifs maximums ukrainiens ne seraient pas de 600.000 mais de 800.000 hommes, mais Kiev refuse toute limitation. Fin 2022, l’Ukraine déclarait disposer de manière effective de 700.000 hommes, et s’est renforcée depuis.
Moscou devrait également mettre fin à son occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia, selon les propositions sur la table. Reste à déterminer le sort exact de ce site qui représente la plus grande centrale nucléaire d’Europe. A priori, les États-Unis pourraient potentiellement en prendre le contrôle.
L’Ukraine pourrait en revanche devenir membre de l’Union européenne (UE) dès 2027. Cela stimulerait le commerce et les investissements, et obligerait également l’Ukraine à lutter contre la culture de corruption au sein de ses entreprises publiques. Resterait à régler la question du processus d’adhésion à l’UE, qui nécessite en général de très longues négociations. De plus, certains chefs d’État européens proches de la Russie, comme ceux hongrois et slovaque, pourraient tenter d’empêcher la réalisation de ce scénario.
De vraies garanties de sécurité?
Afin de protéger Kiev face à une nouvelle invasion russe, les États-Unis fourniraient des garanties de sécurité similaires à celles de l’article 5 de l’OTAN, sans pour autant accepter l’entrée de l’Ukraine dans l’alliance transatlantique vu les réticences de Moscou sur ce point. Les pays européens signeraient des garanties de sécurité distinctes pour approfondir cette coopération.
Reste toutefois un point d’interrogation majeur: en cas de nouvelle invasion russe, comment réagiraient effectivement les troupes sur place? Donald Trump avait en effet déjà laissé planer le doute d’une éventuelle passivité américaine en cas d’attaque russe sur des pays d’Europe de l’Est pourtant membres de l’OTAN. L’Ukraine, malgré ces promesses, pourrait craindre encore plus une inaction américaine dans ce type de scénario.
Quand Trump veut “gagner beaucoup d’argent” grâce la paix
Enfin, les États-Unis souhaiteraient stimuler ses investissements en Ukraine et le développement économique sur place. Cela pourrait se faire, par exemple, en utilisant les avoirs russes gelés à Bruxelles. Trump souhaiterait également des initiatives similaires d’investissement et de reconstruction pour la Russie, partant du principe que les pays qui commercent et prospèrent ne font pas la guerre.
Ces objectifs commerciaux sont similaires à ceux inclus dans le plan de paix prévu pour la bande de Gaza, Washington imaginant faire de l’enclave palestinienne une nouvelle “Côte d’Azur orientale”, malgré l’éventuel départ forcé de ses habitants. Il y a quelques jours, lors de la signature d’un accord de paix entre le Rwanda et la RDC, le président américain a également insisté sur l’aspect économique qui en découle, en affirmant que “tout le monde allait gagner beaucoup d’argent” grâce à l’arrêt des combats.
Ces propositions tendent à montrer l’intérêt particulier que Donald Trump accorde aux opportunités commerciales que les États-Unis pourraient tirer d’une éventuelle paix dans telle ou telle région en conflit. Cela pourrait constituer une motivation majeure de la nouvelle politique étrangère de Washington, et ce qu’importe les considérations socio-politiques locales. Plusieurs accords de paix voulus par la Maison-Blanche s’avèrent par ailleurs extrêmement fragiles, comme en témoigne la reprise des combats dans l’Est du Congo. Idem à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, où Donald Trump s’était prévalu de régler les différents entre les deux États d’Asie du Sud-Est.
Source: https://www.7sur7.be/
Crédito: Link de origem
