Cameroun ► félicitations de Poutine à Biya : le faux ?

Un vent de doute souffle sur Yaoundé depuis la publication d’un prétendu message de félicitations de Vladimir Poutine à Paul Biya, diffusé le 30 octobre 2025 par le Cabinet civil de la Présidence. Le document, censé émaner du Kremlin, manque pourtant d’éléments officiels et a aussitôt fait réagir l’ambassade de Russie. « Ce n’est pas du jeu ! », confie un diplomate camerounais sous anonymat. L’affaire, qui mêle diplomatie, communication d’État et désinformation, sème le flou au cœur du pouvoir. Alors, message authentique ou document maladroitement falsifié ?

Une lettre présidentielle au parfum de controverse

Le 30 octobre, deux documents présentés comme venant de la Russie ont été publiés par le Cabinet civil camerounais :

• Le premier portait le sceau de l’ambassade de Russie à Yaoundé ;
• Le second, censé être une lettre de Vladimir Poutine, ne comportait ni en-tête du Kremlin, ni numéro de référence, ni signature du président russe.

L’équipe du média MMI News a aussitôt mené l’enquête et obtenu une réponse officielle de l’ambassade de Russie, précisant :

« Nous confirmons que l’ambassade a transmis un message de félicitations du président Vladimir Poutine à Paul Biya le 30 octobre 2025 par voie diplomatique. »

Toutefois, ni le site du Kremlin (kremlin.ru), ni les plateformes du ministère russe des Affaires étrangères (mid.ru) ou de l’agence TASS n’ont publié le contenu intégral du message.

Sur son propre site, l’ambassade russe a simplement indiqué que les relations entre Moscou et Yaoundé, établies depuis 1964, « ont toujours été amicales », ajoutant qu’elle « œuvrera à renforcer la coopération ».

Entre communication confuse et diplomatie embarrassée

Pour plusieurs observateurs diplomatiques, ce flou est révélateur d’une maladresse protocolaire :

« Le document diffusé par Yaoundé pourrait n’être qu’un brouillon de traduction ou une version simplifiée du message officiel », avance un analyste politique basé à Douala.

D’autres y voient plutôt un faux administratif, fabriqué dans la précipitation pour légitimer les félicitations internationales à la suite d’une élection présidentielle contestée.

L’ambassade russe, elle, garde le ton neutre et renvoie au site officiel pour toute vérification : un geste prudent, mais qui entretient le doute. Sur les réseaux sociaux camerounais, les internautes s’interrogent : « Si le Kremlin ne publie rien, comment être sûr que Poutine a vraiment écrit ? »

Dans les milieux diplomatiques, cette confusion alimente des tensions entre partisans du pouvoir et opposants, ces derniers dénonçant une « communication improvisée ».

Véritable note diplomatique ou simple erreur de traduction ? L’affaire du faux message présumé de Poutine à Paul Biya met en lumière les dérives possibles dans la gestion de la communication présidentielle.
Dans un contexte post-électoral déjà fragile, cette controverse pourrait encore fragiliser la crédibilité institutionnelle du pays.
La question demeure : à qui profite vraiment cette confusion ?