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Cameroun aux urnes pour la présidentielle : Biya face à 11 rivaux

Trans Afrique

Le Cameroun aux urnes pour la présidentielle. Dimanche, les électeurs ont voté. Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat. Il règne depuis 43 ans. Face à lui, 11 candidats. Parmi eux, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre devenu rival. Contre toute attente, il suscite un engouement. La rue s’anime, les pancartes s’élèvent. Le duel s’installe. L’issue reste incertaine.

Huit millions de Camerounais sont appelés aux urnes jusqu’à 17h GMT. Pour la majorité, Biya est le seul président qu’ils aient connu. Depuis 1982, il règne sans partage. Et depuis vingt ans, il l’emporte à chaque fois avec plus de 70 %.

Ce scrutin à un tour pourrait pourtant bousculer l’ordre établi, ou le confirmer.

« Rien n’est acquis. Attendons de connaître le nom de l’élu », a lancé Paul Biya à la presse. Il venait de voter, aux côtés de son épouse Chantal, dans un bureau proche du palais présidentiel à Yaoundé.

Une déclaration sobre, presque prudente. Comme un président qui sait que, cette fois, l’issue pourrait lui échapper.

– Frémissements populaires –

Vendredi, le gouvernement a haussé le ton. Il a mis en garde contre toute proclamation anticipée des résultats, avant l’annonce officielle du Conseil constitutionnel. Sans le nommer, Issa Tchiroma Bakary semble visé.

Le message est clair : toute tentative parallèle sera considérée comme une ligne rouge. Et les autorités promettent de sévir.

À Garoua, dimanche, deux figures du Grand Nord ont voté. Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary ont glissé leur bulletin dans l’urne, selon la CRTV. Leur geste marque un moment fort. L’unité régionale se joue aussi dans les urnes. Le Grand Nord veut peser. Et faire entendre sa voix.

À la mi-journée, l’affluence a commencé à augmenter dans les bureaux de vote à Yaoundé.

Afez Njoya, 23 ans, attend sous le soleil depuis plus d’une heure. Il veut voter. C’est son premier scrutin. « Les choses ne vont pas bien dans mon pays », dit-il. Il espère que ce geste, simple mais fort, pourra changer le cours des choses. La jeunesse s’exprime. L’avenir, peut-être, s’éveille.

« Ne soyons pas naïfs », prévient Stéphane Akoa.

– Une élection sous contrôle –

Le politologue camerounais pointe les leviers du pouvoir. Selon lui, le système gouvernant dispose de nombreux moyens pour orienter les résultats à son avantage. L’équité du scrutin reste donc en question. Et la méfiance, bien présente.

La campagne s’est intensifiée ces derniers jours. « Beaucoup plus animée », note un observateur. Il y voit une élection « plus susceptible de nous surprendre ».

Le contexte reste lourd : en 2024, 40 % des Camerounais vivaient sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. L’enjeu dépasse les urnes. C’est une bataille pour l’avenir.

Le Conseil constitutionnel a jusqu’au 26 octobre pour proclamer les résultats définitifs. En 2018, ils avaient été annoncés 15 jours après le scrutin.

Paul Biya est comme à son habitude resté très discret pendant la campagne électorale. Mardi, Paul Biya a refait surface. Première apparition publique depuis mai. Visiblement en forme. Comme en 2018, il a tenu un meeting à Maroua, dans l’extrême-nord.

Cette région, avec plus de 1,2 million d’électeurs, reste stratégique. C’est la deuxième plus grande réserve de voix du pays. Le président joue sur un terrain connu. Mais l’adhésion, elle, reste à mesurer.

– Contraste saisissant –

Face à Paul Biya, onze candidats multiplient les apparitions. Tous promettent de tourner la page. Fin du long règne. Fin de la main de fer. Depuis l’indépendance en 1960, le Cameroun n’a connu que deux présidents.

Jeudi soir, Issa Tchiroma Bakary a frappé fort. À 79 ans, l’ex-ministre devenu opposant a tenu un meeting à Maroua. Il a quitté le gouvernement en juin, après vingt ans dans le giron présidentiel.

Ce rassemblement marque sa rupture définitive avec le pouvoir. Et son entrée en campagne, en pleine lumière.

Dans sa région natale, Issa Tchiroma a déclenché une ferveur rare. Des milliers de partisans l’ont acclamé dans les rues, pancartes en main : « Tchiroma le Sauveur ».

En face, Paul Biya a peiné à remplir son meeting. Quelques centaines de personnes seulement, loin des 25 000 annoncées. Le contraste est brutal. L’un galvanise, l’autre s’essouffle.

Maurice Kamto, principal opposant à Paul Biya et dauphin en 2018, ne sera pas candidat.Le Conseil constitutionnel a rejeté sa candidature. Décision définitive. Kamto dénonce une exclusion arbitraire. Le pouvoir, lui, reste silencieux. L’opposition perd une figure centrale. Le scrutin s’en trouve bouleversé.

Plusieurs ONG comme Human Rights Watch (HRW) ont ensuite exprimé leurs inquiétudes sur la « crédibilité du processus électoral ».

– « Protéger le vote » –

Le « système Biya » lasse. Dans les grandes villes, le chômage touche plus d’un tiers des actifs. Résultat : une partie des Camerounais se dit désabusés. L’espoir s’effrite, la résignation s’installe. Mais la colère, elle, couve. Dans un pays où un habitant sur deux a moins de 20 ans, la jeunesse bouge.

Beaucoup veulent voter. Ils ont récupéré leur carte. Pour Stéphane Akoa, politologue, c’est un signal de changement. Mais ce sursaut reste timide. Pas assez fort, selon lui, pour pousser les jeunes dans la rue, comme à Tunis ou à Antananarivo.

Les Camerounais dénoncent la vie chère, l’eau rare, les soins précaires et l’école défaillante. Pourtant, ces cris restent confinés aux réseaux sociaux. Aucun mouvement de rue, aucun débat public structuré. La colère gronde, mais ne déborde pas. Pour l’instant.

Le ministère de l’Administration territoriale a autorisé 55 000 observateurs électoraux locaux et internationaux, dont l’Union africaine.

Plusieurs plateformes citoyennes annoncent qu’elles compileront les résultats en parallèle. Objectif affiché : protéger le vote. Cette initiative suscite l’ire du gouvernement. Il accuse ces acteurs de vouloir manipuler l’opinion et proclamer des résultats biaisés.

Le bras de fer s’installe. D’un côté, la transparence revendiquée. De l’autre, l’autorité contestée. Le climat électoral se crispe.

Le scrutin s’ouvre dans un climat explosif. Dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest, les affrontements entre séparatistes et forces gouvernementales se poursuivent. Cette violence compromet la sécurité des électeurs et menace la participation.

En 2018, l’abstention y avait atteint des niveaux record. Cette année encore, l’ombre du conflit plane sur les bureaux de vote. Malgré les appels au calme, la peur domine.

Pourtant, certains citoyens veulent faire entendre leur voix. Ils espèrent que leur vote comptera, même dans un contexte aussi instable. Mais rien n’est garanti.

Source: Agence France-Presse

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