Ce lundi 3 novembre 2025, Bafoussam s’est réveillée dans un silence de plomb. Pas un moteur, pas un cri d’enfant, pas une boutique ouverte : la capitale de l’Ouest s’est transformée en ville fantôme. Après les violences du 15 octobre, la peur a pris le dessus sur la vie quotidienne.
« Même les taxis ont disparu, ce n’est plus la même ville ! », confie un habitant du quartier Banengo. Entre menaces de représailles, arrestations nocturnes et sentiment d’abandon, la tension est à son comble.
La cité jadis commerçante et bouillonnante peut-elle encore se relever de cette peur collective ?
Une paralysie plus grave qu’à Dschang
À Bafoussam, les appels aux « villes mortes » ont été suivis avec une ampleur inédite. Du marché A jusqu’à Tamdja, les rideaux de fer restent baissés. Même les moto-taximen, d’ordinaire infatigables, ont déserté les carrefours.
Les écoles sont restées vides : zéro élève, zéro enseignant. Les autorités administratives ont bien tenté de rassurer, mais leurs appels « à la reprise normale » se heurtent à une psychose généralisée.
« On vit comme si la guerre était à notre porte », lâche une mère de famille à Tougang. Les coups de feu sporadiques de la semaine dernière ont fini d’achever le peu de confiance qui restait.
Les forces de sécurité, omniprésentes dans les quartiers populaires, multiplient les contrôles. « Ils fouillent tout, même les sacs de farine ! », se plaint un vendeur de vivres. La population, traumatisée par les rafles, préfère rester confinée chez elle.
Une ville coupée du reste du pays
Les axes menant à Bandjoun et Foumbot sont presque déserts. Les agences de voyages ont suspendu les départs, craignant des affrontements sur les routes. Les commerces de gros, piliers de l’économie régionale, affichent des pertes évaluées à plusieurs dizaines de millions de francs CFA chaque heure.
La population se sent abandonnée ; la peur et la colère montent. Plusieurs habitants évoquent la « plus grave paralysie depuis 2008 ».
👉 À lire aussi : Cameroun – Dschang respecte les villes mortes : la ville totalement paralysée !
Le prix humain et économique d’un silence pesant
Les bayam-sellam, les transporteurs et les artisans payent le prix fort. Les marchés A et Bafoussam II sont à l’arrêt complet. « On ne vend plus rien, on survit », dit Agnès N., commerçante.
La jeunesse, elle, étouffe : « On ne veut plus sortir », témoigne un étudiant de l’Université de Dschang résidant à Bafoussam.
Ce climat de peur menace tout l’équilibre social de la région. Les habitants réclament un apaisement réel, pas des communiqués sans effet.
Bafoussam vit ses heures les plus sombres depuis des années. Entre le mutisme des élites et la colère silencieuse des habitants, la fracture se creuse.
La question demeure : combien de temps encore Bafoussam supportera-t-elle ce silence imposé ?
Crédito: Link de origem
