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Cameroun – Cohésion sociale : traditions et paix à Batoufam

À Batoufam, dans la région de l’Ouest, la sagesse ancestrale refait surface comme solution moderne aux conflits.
Le projet SECOS (Savoirs Endogènes et Cohésion Sociale), piloté par Esperanza-CADE et le chercheur Robert Ngouffo, met en lumière la puissance des traditions dans la régulation pacifique des tensions communautaires.
Réunis le 9 octobre 2025 à la chefferie supérieure de Batoufam, chefs traditionnels, reines mères, jeunes et magistrats ont rappelé que « la paix se construit d’abord autour du dialogue ».
Cette rencontre soulève une question essentielle : et si le Cameroun détenait déjà, dans ses racines culturelles, les clés de sa cohésion ?

🌿 Les savoirs endogènes, pilier d’une justice de proximité

Dans la salle des conférences de la chefferie, les débats ont réuni les autorités traditionnelles des groupements Batoufam, Bandenkop, Bameka et Fondonera.
Tous ont salué la pertinence des mécanismes coutumiers de résolution des conflits : palabres communautaires, conseils des anciens, sanctions réparatrices.
Ces pratiques reposent sur trois valeurs cardinales : le pardon, la réparation et la restauration du lien social.

« Nos traditions incarnent une justice d’équilibre, pas de punition », a expliqué le chercheur Robert Ngouffo.
« Elles permettent aux communautés de se réconcilier plutôt que de s’affronter. »

Le rapport du projet SECOS, mené dans les villages pilotes de Batoufam et Bandenkop, montre que ces modèles coutumiers ont permis de réduire de 35 % les différends familiaux et fonciers au cours des douze derniers mois.
Une preuve concrète que les traditions peuvent encore guider les sociétés modernes vers plus d’harmonie.

👑 Femmes et jeunes, acteurs discrets mais décisifs de la paix

L’étude souligne également le rôle essentiel des reines mères, véritables médiatrices sociales.
Elles interviennent dans la prévention des conflits conjugaux et successoraux, usant de leur autorité morale pour ramener la sérénité dans les foyers.
« Quand une mère parle, les cœurs s’apaisent », glisse la Reine-mère de Batoufam, sous les applaudissements.

Les jeunes, quant à eux, s’impliquent via des comités locaux de médiation et des associations culturelles, où ils assurent la transmission des valeurs de tolérance et de solidarité.
Pour Espérance Fezeu, secrétaire exécutive d’Esperanza-CADE,

« Renforcer la collaboration entre la justice coutumière et le système judiciaire moderne, tout en impliquant jeunes et femmes, c’est bâtir la paix sur des fondations solides. »

Une vision partagée par les chefs traditionnels, qui plaident pour l’institutionnalisation de cette complémentarité entre savoirs locaux et dispositifs étatiques.

🤝 Un modèle camerounais à consolider

Les participants ont unanimement reconnu que les systèmes coutumiers demeurent des modèles éprouvés de gouvernance locale.
Leur ancrage communautaire favorise la prévention des tensions, allège la charge des tribunaux et renforce la cohésion.
Le chef supérieur Batoufam a salué cette démarche, qu’il qualifie d’« initiative novatrice et porteuse de paix » :

« Nos traditions contiennent déjà les principes du vivre-ensemble. À nous de les valoriser pour bâtir une paix durable. »

Au-delà du symbolisme, le projet SECOS ouvre la voie à une nouvelle politique de cohésion sociale au Cameroun, fondée sur la complémentarité entre identité culturelle et justice républicaine.

🔔 Une leçon venue du terroir

À Batoufam, la paix n’est plus un simple idéal : c’est une pratique quotidienne, transmise de génération en génération.
Les conclusions du projet SECOS rappellent que la modernité ne s’oppose pas aux traditions — elle peut s’y appuyer pour durer.

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