À Dschang, la cité universitaire ne dort plus. Depuis les heurts survenus après la présidentielle du 12 octobre 2025, la ville vit sous une surveillance policière et militaire sans précédent. Des fouilles systématiques, des rafles nocturnes et un climat de peur s’installent. « On dirait qu’on est en guerre », confie un habitant.
Les rues désertes, les commerces fermés et les contrôles à chaque carrefour témoignent d’un malaise profond. Le retour au calme est-il encore possible dans la Menoua ?
Une ville universitaire transformée en zone sécuritaire
Dschang, habituellement animée par sa jeunesse estudiantine, offre aujourd’hui un visage méconnaissable.
Depuis le 15 octobre, les forces de l’ordre y mènent une opération de sécurité musclée à la suite d’émeutes déclenchées par des contestations électorales.
Des habitants évoquent un contrôle total des déplacements.
« On ne sort plus sans être fouillé, même pour aller au marché », témoigne une commerçante du quartier Foto.
« Les policiers sont partout, certains en civil pour nous surveiller », ajoute un enseignant de l’Université de Dschang.
Les autorités justifient ce dispositif par la nécessité de préserver l’ordre public après les affrontements ayant conduit à l’incendie du siège du RDPC, parti au pouvoir.
Un événement qui a marqué les esprits dans une région traditionnellement calme, mais désormais sous tension constante.
Entre peur, colère et paralysie économique
Les conséquences se font déjà sentir.
Les débits de boisson ferment dès la tombée de la nuit, les activités commerciales tournent au ralenti et plusieurs transporteurs préfèrent garer leurs véhicules par crainte des arrestations.
« L’économie locale est à genoux, les gens ont peur de tout », confie un gérant de bar à Tchoualé.
Dans les quartiers populaires comme Lefock ou Tsa, certains habitants affirment que des perquisitions ont lieu sans mandat.
« On dit qu’ils cherchent les meneurs, mais ils arrêtent même ceux qui n’ont rien fait », déplore un étudiant en droit.
Le climat de méfiance s’installe jusque dans les familles. Beaucoup accusent les autorités d’instrumentaliser la sécurité pour museler la contestation.
Selon les observateurs, cette tension persistante reflète une fracture grandissante entre l’État et la jeunesse.
À Dschang, où la conscience politique est très forte, la moindre restriction est vécue comme une provocation.
Des mesures préfectorales controversées
Les sources administratives évoquent un dispositif de “prévention des troubles” mis en place par le préfet de la Menoua.
Mais les habitants dénoncent une militarisation excessive.
« Ce n’est plus une opération de sécurité, c’est une punition collective », lâche un syndicaliste local.
Cette politique de fermeté s’inscrit dans la logique nationale de renforcement de la sécurité dans plusieurs villes, dont Douala, Bafoussam et Bangou, à l’approche de la proclamation officielle des résultats présidentiels.
Des analystes craignent cependant que cette stratégie alimente davantage la défiance populaire, notamment dans les zones perçues comme bastions de l’opposition.
Devenue symbole d’un Cameroun sous tension, Dschang retient son souffle.
La peur s’est installée dans les foyers, mais la colère gronde encore dans les esprits.
La répression suffira-t-elle à ramener le calme, ou prépare-t-elle une nouvelle flambée de colère dans la Menoua ?
Crédito: Link de origem
