Tension palpable à Bafang, chef-lieu du département du Haut-Nkam.
Face à la rumeur d’une opération “villes mortes” décrétée par un “individu non identifié”, le préfet Dijen Jam Lawrence a publié ce 3 novembre 2025 un communiqué radio ferme.
Il appelle les populations, agents publics, enseignants, commerçants et moto-taximen à rejeter tout mot d’ordre de désobéissance civile.
Le représentant de l’État prévient contre toute “dérive susceptible d’impacter la vie économique et sécuritaire du département”.
Mais cette sortie musclée traduit-elle une inquiétude réelle du pouvoir face à la grogne post-électorale ?
Un appel à la responsabilité face aux appels à la grève
Dans son communiqué largement diffusé sur les ondes locales, le préfet du Haut-Nkam affirme son opposition catégorique à toute initiative visant à perturber la vie sociale.
« Le Haut-Nkam doit continuer à fonctionner normalement, dans la sérénité et le respect de la légalité », peut-on lire dans le document.
Le texte, transmis à toutes les autorités administratives, invite notamment les paysans, enseignants, commerçants, médecins et étudiants à vaquer à leurs occupations quotidiennes sans céder à “la manipulation de personnes mal intentionnées”.
L’administration assure que tous les services publics resteront ouverts et que des “mesures appropriées de sécurité” ont déjà été prises.
Le spectre d’une contestation post-électorale
Cet appel à l’ordre intervient dans un contexte national tendu, après les résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, dont la victoire de Paul Biya continue de susciter des remous dans certaines localités de l’Ouest.
Des mouvements de contestation et des appels à la désobéissance civile ont été lancés sur les réseaux sociaux par des partisans de l’opposition, notamment après les incidents de Banyo et Bafoussam.
« Il faut éviter l’escalade », souligne un notable de Bana joint par 237online.com.
« Le préfet a raison : le moindre incident peut paralyser toute l’économie locale. »
Les observateurs y voient un signe de nervosité du pouvoir local, qui redoute la propagation d’un mouvement social organisé.
Une région stratégique sous surveillance
Le département du Haut-Nkam, situé dans la région de l’Ouest, est connu pour son dynamisme commercial et agricole.
Un mot d’ordre de “ville morte” pourrait affecter lourdement les marchés, les transports et les écoles, notamment à Bafang, Bana et Bandja.
Le préfet insiste donc sur “la responsabilité individuelle et collective” face aux “dérives enregistrées ces dernières heures”.
Une phrase interprétée par plusieurs habitants comme une mise en garde implicite contre toute tentative de manifestation.
Selon une source sécuritaire, des patrouilles mixtes police–gendarmerie ont été renforcées dans les principaux axes du département.
Entre fermeté et appel au dialogue
Le ton ferme du communiqué contraste avec les appels à l’apaisement lancés depuis Yaoundé.
« Les autorités doivent conjuguer fermeté et écoute. La population veut être entendue », confie un enseignant du lycée de Bafang.
Pour l’heure, aucune perturbation majeure n’a été signalée dans la ville. Mais à trois jours de la prestation de serment du président Paul Biya prévue le 6 novembre 2025, le climat reste fragile dans certaines zones de l’Ouest.
En invitant les populations du Haut-Nkam à “vaquer à leurs occupations dans la quiétude”, le préfet Dijen Jam Lawrence tente de désamorcer une situation explosive.
Reste à savoir si ce message d’autorité suffira à contenir la colère silencieuse qui monte dans une partie du pays.
Les prochains jours s’annoncent décisifs : calme durable ou retour des tensions ?
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