À quatre jours de la présidentielle du 12 octobre 2025, Paul Biya a quitté Maroua après un séjour de 48 heures marqué par une ferveur politique exceptionnelle. L’accueil populaire réservé au chef de l’État et à son épouse Chantal Biya dans la capitale régionale de l’Extrême-Nord illustre la solidité du lien entre le RDPC et son bastion historique. « Ici, c’est la maison du président », lançait hier un militant en liesse à l’aéroport de Salak. Mais cette démonstration d’unité suffit-elle à garantir une victoire confortable dimanche ?
Une visite de 48 heures à haute portée électorale
L’avion présidentiel a décollé hier à 13 h 30 de l’aéroport international de Maroua-Salak, mettant fin à une visite prolongée de deux jours dans la région. Le président-candidat, accueilli par le gouverneur Midjiyawa Bakari, a multiplié les échanges avec les autorités locales : Cavayé Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, Daniel Kalbassou, président du Conseil régional, Jean-Marc Ekoa Mbarga, préfet du Diamaré, et Sali Babani, maire de Maroua.
Le temps fort du séjour aura été l’imposant meeting du mardi 7 octobre, tenu au stade municipal Lamido Yaya Dairou devant des dizaines de milliers de sympathisants.
Au-delà des slogans et des danses, ce rassemblement s’inscrivait dans une stratégie de reconquête symbolique : réaffirmer le poids électoral du Grand Nord, région-clé représentant près d’un tiers du corps électoral camerounais.
Des promesses ciblées pour jeunesse et infrastructures
Dans son discours, Paul Biya a dessiné les priorités de son programme : encadrement des jeunes, autonomisation des femmes et accélération des infrastructures. À Maroua, il a rappelé les réalisations déjà visibles, notamment la modernisation de la voirie urbaine et la création de nouvelles routes reliant les localités périphériques.
« Nous poursuivrons l’effort pour un Cameroun uni et prospère », a-t-il martelé, sous les applaudissements nourris d’un public visiblement acquis à sa cause.
Selon les observateurs, ce déplacement s’apparente à une opération de consolidation politique : rassurer la base, maintenir la cohésion régionale et démontrer la capacité du régime à rester proche des populations malgré le poids des années.
Entre loyauté historique et enjeux contemporains
Les élites locales, par la voix du maire Sali Babani, ont réaffirmé « le ferme engagement des populations à accompagner le président-candidat dans la poursuite du développement ».
Mais derrière les acclamations se cache une interrogation stratégique : le RDPC peut-il transformer cette ferveur en participation électorale effective ?
Le contexte socio-économique, marqué par les attentes de la jeunesse et la montée du pluralisme politique, pourrait jouer un rôle dans le verdict des urnes.
Sur le plan analytique, le séjour de Maroua illustre la méthode Biya : présence symbolique, message de stabilité et fidélisation de l’électorat-pivot.
Un modèle éprouvé, mais dont l’efficacité sera testée par la réalité du vote du 12 octobre.
Le départ de Paul Biya de Maroua n’était pas un simple au-revoir, mais la clôture d’un chapitre stratégique de la campagne présidentielle.
En deux jours, le président-candidat a mis en scène la continuité, l’expérience et la paix – des valeurs que son équipe souhaite transformer en bulletins de vote.
Reste à savoir si cette démonstration nordiste suffira à maintenir le cap du RDPC vers une nouvelle victoire.
Et vous, pensez-vous que le Grand Nord demeure la clé de la présidentielle 2025 ?
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