À peine 24 heures après la fermeture officielle des 31 670 bureaux de vote, un communiqué signé de l’Union pour le Changement 2025 circule sur les réseaux sociaux. Dans cette déclaration, le parti affirme que son « candidat consensuel du peuple », Issa Tchiroma Bakary, aurait remporté la présidentielle avec 60 à 80 % des suffrages. Le document, daté du 12 octobre 2025, appelle le président sortant à reconnaître sa « défaite » et à féliciter le gagnant.
Mais cette proclamation, survenue avant toute validation par le Conseil constitutionnel, soulève de nombreuses interrogations. Le Cameroun assiste-t-il à une manœuvre politique ou à une simple stratégie de communication ?
🗳️ Une déclaration prématurée qui divise
L’annonce a été signée à Douala par Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, responsables de l’Union pour le Changement 2025. Selon eux, « le peuple camerounais a tranché » et Tchiroma aurait infligé « une défaite écrasante » au candidat du parti au pouvoir, le RDPC.
Cependant, plusieurs observateurs rappellent que le dépouillement national est encore en cours et que le Conseil constitutionnel reste la seule instance habilitée à proclamer les résultats officiels.
« Comment parler de victoire avec des chiffres précis moins de 24 heures après la fermeture des bureaux ? », s’interroge un juriste électoral de Yaoundé.
Des voix sur les réseaux sociaux évoquent un “scénario ivoirien”, en référence aux crises post-électorales provoquées par des proclamations concurrentes.
🔍 Le contexte : tensions, impatience et désinformation
Le climat électoral camerounais est tendu. Les résultats partiels en provenance des régions du Nord et du Centre sont contradictoires : certains bureaux placent Paul Biya en tête, d’autres confirment l’avance de Tchiroma.
Dans ce contexte, l’apparition d’un document officiel autoproclamant la victoire d’un camp alimente les soupçons de manipulation. Plusieurs analystes accusent même des “lobbies étrangers”, dont la présence d’acteurs liés au National Democratic Institute (NDI) américain est évoquée dans certains médias, d’avoir “attisé les ambitions prématurées”.
Le Ministère de l’Administration territoriale rappelle pour sa part que toute proclamation anticipée est « illégale » et passible de sanctions.
⚖️ Les enjeux : préserver la paix et la crédibilité du processus
Malgré la tension, la plupart des formations politiques appellent au calme et au respect du processus légal.
Un responsable d’ONG basé à Douala insiste :
« Les Camerounais doivent attendre les résultats officiels. Le pays n’a pas besoin d’un nouveau foyer de division. »
L’Union pour le Changement 2025, de son côté, exhorte ses partisans à « défendre vigoureusement leur victoire ». Une formule jugée ambiguë par certains observateurs, qui craignent des dérapages si la rue s’en mêle.
Le Conseil constitutionnel a jusqu’au 26 octobre 2025 pour proclamer les résultats définitifs.
Le Cameroun retient son souffle entre impatience et prudence.
Entre annonces triomphales et appels au calme, la bataille post-électorale ne fait peut-être que commencer.
Mais une question demeure : le pays saura-t-il éviter le piège de la précipitation et préserver la paix ?
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