Dans une région de l’Ouest en pleine effervescence politique, Bangou fait figure d’exception.
Alors que la majorité des départements ont massivement rejeté Paul Biya, la cité des Hauts-Plateaux a confirmé sa loyauté au chef de l’État, avec plus de 70 % des voix selon les chiffres rendus publics par le Conseil constitutionnel.
Une fidélité symbolique dans un contexte électoral marqué par la colère et la division.
🔹 L’Ouest frondeur, mais Bangou tient bon
Sur les huit départements que compte la région de l’Ouest, cinq ont dit non à Paul Biya.
La Mifi, le Haut-Nkam, les Bamboutos, la Menoua et le Noun ont largement voté pour Issa Tchiroma Bakary, ou exprimé un fort désaveu du régime en place.
Mais au milieu de cette vague contestataire, Bangou, au cœur des Hauts-Plateaux, a résisté.
Dans ce département composé notamment de Baham, Bamendjou, Bangou et Batié, Paul Biya a obtenu 70,24 % des suffrages, contre 25,41 % pour Issa Tchiroma Bakary.
Un résultat qui confirme l’emprise des chefferies traditionnelles et la loyauté historique des notables locaux au RDPC.
« Chez nous, le respect de la parole donnée compte encore. Le président a toujours honoré ses promesses envers Bangou », confie le conseiller municipal TIAGMEGNY Luther.
🔹 Les bastions de la fidélité : Bangou, Bangangté et Bandjoun
Aux côtés de Bangou, deux autres pôles se démarquent :
- Le Nde (Bangangté, Bazou, Tonga) a offert au président 72,59 % des voix, un record régional.
Ce succès est attribué à la mobilisation orchestrée par Ketcha Courtès et le président du Sénat Niat Njifenji Marcel. - Le Koung-Khi (Bandjoun, Bayangam) reste également dans la ligne du RDPC, avec 59,55 % des suffrages pour Biya.
Dans ces trois zones, les structures locales du parti au pouvoir ont su maintenir un équilibre entre solidarité communautaire et influence des élites économiques.
« Ce n’est pas de la peur, c’est de la reconnaissance. On sait ce qu’on doit au régime », glisse un conseiller municipal à Bandjoun.
🔹 Ailleurs, la colère gronde
À l’opposé, les bastions rebelles de la Mifi, du Haut-Nkam, des Bamboutos et de la Menoua ont exprimé un ras-le-bol profond.
À Bafoussam, Paul Biya s’effondre à 13,6 % contre 79,79 % pour Issa Tchiroma.
Dans le Haut-Nkam, le rapport est tout aussi brutal : 19,69 % contre 73,62 %.
À Mbouda, 57,64 % des votants ont choisi le camp du changement.
Ces résultats expliquent pourquoi les foyers de tension post-électorale se concentrent dans ces départements, notamment à Bafoussam, Dschang et Bafang, où les manifestations persistent.
« Ceux qui ont battu Biya dans les urnes sont ceux qui battent le pavé. Là où il gagne, le calme règne », résume un observateur politique à Yaoundé.
🔹 Bangou, vitrine d’un autre Cameroun ?
Malgré la tempête, Bangou symbolise la résistance du socle traditionnel du régime Biya.
Les liens entre les chefferies, les élites économiques et le pouvoir central y demeurent solides, portés par une culture politique où la stabilité prime sur la contestation.
Mais la jeunesse locale, plus connectée et plus critique, commence à interroger cette fidélité historique.
« Les vieux ont voté Biya, mais les jeunes réfléchissent différemment », admet un étudiant originaire de Bangou.
Entre loyauté, prudence et réalisme, Bangou apparaît comme un îlot de stabilité au cœur d’une région frondeuse.
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