C’est une correspondance qui fait déjà couler beaucoup d’encre. En date du 27 octobre 2025, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), organe de l’Union africaine, a adressé une lettre officielle de félicitations au président Paul Biya pour sa réélection à la magistrature suprême du Cameroun.
Le document, signé par l’Honorable Idrissa Sow et Rémy Ngoy Lumbu, salue la victoire du chef de l’État et exprime l’espoir d’un nouveau septennat “placé sous le signe du progrès et de la protection des droits humains”. Une sortie qui suscite déjà des réactions contrastées au sein de l’opinion.
Une lettre diplomatique aux accents politiques
Dans le courrier, la Commission africaine se dit “honorée” d’adresser ses félicitations au président Biya pour sa “brillante réélection à la magistrature suprême”.
Elle affirme souhaiter au Cameroun “des avancées significatives dans la promotion et la protection des droits de l’homme et des peuples” et rappelle son attachement à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ratifiée par Yaoundé.
« La Commission espère, sous votre leadership, et au grand bénéfice du peuple camerounais, des progrès notables dans le domaine des droits humains », peut-on lire dans le document paraphé à Banjul.
La lettre insiste également sur la nécessité pour le Cameroun de poursuivre la ratification d’autres instruments africains relatifs aux libertés fondamentales.
Une félicitation qui divise l’opinion camerounaise
Sur les réseaux sociaux, cette correspondance de la CADHP a provoqué un débat houleux.
Certains y voient une simple formalité diplomatique, d’autres un soutien implicite à un régime contesté.
« C’est une manière de normaliser un scrutin controversé », écrit un internaute à Yaoundé. D’autres saluent une marque de reconnaissance internationale du leadership de Paul Biya, au moment où plusieurs chancelleries occidentales ont observé un silence prudent après la proclamation des résultats.
Cette démarche contraste avec la retenue de l’Union africaine elle-même, qui n’a pas encore publié de communiqué officiel. Pour plusieurs observateurs, la lettre de la CADHP cherche à maintenir le dialogue institutionnel avec Yaoundé tout en encourageant une évolution positive sur la question des droits humains.
Quels enjeux pour le nouveau septennat ?
À 92 ans, Paul Biya entame un nouveau mandat à la tête d’un pays encore traversé par des tensions post-électorales et des défis sécuritaires persistants, notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
La reconnaissance de la CADHP pourrait renforcer sa légitimité diplomatique sur le continent, mais elle le place aussi face à ses responsabilités.
La question de la réconciliation nationale, de la sécurité des populations et du respect des libertés publiques restera au cœur des attentes internes et internationales.
Entre protocole diplomatique et geste politique, cette lettre de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples illustre la complexité des rapports entre Yaoundé et les institutions panafricaines.
Reste à savoir si ces félicitations symbolisent un véritable partenariat pour le progrès des droits humains au Cameroun, ou simplement une courtoisie politique post-électorale.
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