C’est une révélation qui fait grand bruit à Douala. Selon des informations relayées par le journaliste Raymond Barré, dit “DP d’État”, certains responsables de l’Institut Universitaire du Golfe de Guinée (IUG) auraient distribué 15 000 francs CFA à des étudiants pour participer aux manifestations insurrectionnelles du dimanche 26 octobre. Une accusation grave, alors que la capitale économique se remet difficilement d’une journée de chaos ayant fait quatre morts et plusieurs blessés selon le gouverneur du Littoral.
Comment une institution d’enseignement supérieur a-t-elle pu être mêlée à un tel scénario de violence urbaine ?
Une université au cœur d’un scandale post-électoral
Selon plusieurs témoignages concordants relayés sur les réseaux sociaux par Raymond Barré, des étudiants de l’IUG de Douala auraient été mobilisés pour descendre dans la rue en échange d’une prime de 15 000 francs CFA, versée sur présentation de la photocopie de leur carte nationale d’identité.
Une méthode jugée “dangereuse et irresponsable” par de nombreux observateurs, qui s’interrogent sur l’implication d’un établissement universitaire dans une crise politique nationale.
L’IUG, créé au début des années 2000 et reconnu pour ses filières en gestion, ingénierie et communication, accueille chaque année des milliers d’étudiants camerounais et étrangers.
Jusqu’ici, l’institution s’était distinguée par son image de sérieux académique. Mais cette affaire pourrait durablement entacher sa réputation.
« Cet institut universitaire doit être fermé, c’est un danger pour les jeunes et pour la société », a martelé Raymond Barré sur sa page Facebook, appelant le ministre d’État Jacques Fame Ndongo à agir sans délai.
L’appel des autorités à la fermeté
Le gouverneur du Littoral, dans un communiqué officiel, a confirmé que quatre personnes avaient trouvé la mort lors des affrontements du 26 octobre, après des attaques contre des commissariats et des brigades de gendarmerie.
Il a condamné les « manipulations politiques » et promis que les responsables des violences seraient poursuivis conformément à la loi.
Cette version officielle renforce la thèse d’une instrumentalisation de jeunes par des acteurs politiques ou des réseaux parallèles.
Les autorités universitaires, quant à elles, n’ont pour l’instant publié aucun démenti ni communiqué, alimentant le flou et les spéculations.
« Si ces faits sont avérés, c’est extrêmement grave. L’université doit former, pas recruter pour le chaos », commente un enseignant du supérieur joint par 237online.com.
Un malaise plus profond dans la jeunesse camerounaise
Au-delà de cette affaire, le scandale de l’IUG révèle un malaise grandissant : celui d’une jeunesse désabusée, vulnérable à la manipulation politique et économique.
Entre chômage, précarité et perte de repères, beaucoup de jeunes se laissent tenter par des promesses financières rapides.
« Quinze mille francs, ce n’est rien, mais pour certains étudiants sans bourse ni stage, c’est un mois de survie », confie un ancien étudiant.
Les autorités camerounaises sont désormais interpellées : l’éducation supérieure doit redevenir un espace de construction citoyenne, pas une fabrique d’influence politique.
Alors que le Cameroun vit l’un des épisodes les plus tendus de son histoire récente, l’affaire de l’IUG sonne comme une alerte rouge sur la responsabilité morale des institutions éducatives.
Entre ambitions politiques et fragilités sociales, les jeunes Camerounais risquent de devenir les otages d’un jeu qui les dépasse.
Mais au fond, qui protégera la jeunesse camerounaise si même l’école devient un champ de manœuvres ?
Crédito: Link de origem
