Coup de théâtre tard dans la soirée du 31 octobre 2025 au Tribunal militaire de Yaoundé. Selon des sources proches du dossier, le commissaire du gouvernement, le Lieutenant-colonel magistrat Cerlin Belinga, a ordonné le renvoi du dossier Anicet Ekane, Djeukam Tchameni, Aba’a Oyono et Issa Tchiroma pour complément d’enquête.
Une décision prise après la lecture des premiers éléments de l’enquête préliminaire menée par le Service central de recherches judiciaires (SCRJ-C). Un nouvel épisode d’une affaire qui pourrait bien marquer un tournant dans la gestion des violences post-électorales.
🔹 Une soirée sous tension au Tribunal militaire
Il est 21 h 47 lorsque la salle d’audience du Tribunal militaire de Yaoundé se vide lentement. Quelques rares journalistes et avocats murmurent encore dans les couloirs.
Le commissaire du gouvernement vient de renvoyer le dossier au SCRJ-C pour des investigations supplémentaires, estimant que les premiers rapports restent incomplets.
« Le dossier est explosif. L’État veut des éléments solides avant toute inculpation », confie sous anonymat un agent judiciaire rencontré sur place.
Selon nos recoupements, Anicet Ekane, Djeukam Tchameni et Aba’a Oyono seraient entendus à nouveau dans les prochains jours, tandis qu’un mandat d’audition pourrait être adressé à Issa Tchiroma Bakary, actuellement introuvable.
🔹 Le poids politique du dossier
Cette affaire s’inscrit dans le prolongement des émeutes post-électorales ayant secoué plusieurs villes du Cameroun après la proclamation de la victoire de Paul Biya.
Les autorités judiciaires soupçonnent certains opposants d’avoir attisé la contestation populaire à travers des déclarations publiques.
Le MANIDEM et l’Union pour le Changement 2025, proches de Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, avaient récemment dénoncé des arrestations arbitraires et un retour de la répression politique.
« On ne peut pas parler de justice tant que les opposants sont jugés devant les militaires », s’est insurgé un militant rencontré à Mvog-Ada.
Malgré ce climat tendu, le parquet militaire insiste sur la légalité de la procédure :
« Il ne s’agit pas d’un procès politique, mais d’une procédure ordinaire pour troubles à l’ordre public », a précisé une source proche du cabinet du ministre délégué à la Défense.
🔹 Une enquête loin d’être close
Le renvoi au SCRJ-C signifie que de nouveaux témoignages et preuves matérielles sont attendus avant toute mise en accusation formelle.
Les avocats de la défense redoutent une enquête à rallonge, synonyme de détention préventive prolongée.
Cependant, du côté du pouvoir, on évoque un « dossier sensible » qui doit être « traité avec prudence ».
« Le Cameroun ne peut pas se permettre une erreur judiciaire dans un dossier aussi explosif », glisse un magistrat sous couvert d’anonymat.
Ce rebondissement judiciaire relance les spéculations : le Tribunal militaire cherche-t-il à gagner du temps, ou prépare-t-il des inculpations ciblées dans les prochains jours ?
🔹 Le silence de Yaoundé et les réactions politiques
Pour l’heure, aucune communication officielle n’a été faite ni par le ministère de la Défense, ni par le ministère de la Justice.
Les formations politiques concernées observent le silence, redoutant que toute déclaration ne soit interprétée comme une provocation.
Sur les réseaux sociaux, les partisans du changement dénoncent un “procès politique déguisé”, tandis que les soutiens du régime appellent à « laisser la justice faire son travail ».
L’affaire Ekane – Tchiroma vient rappeler que la crise post-électorale camerounaise est loin d’être close.
Les heures qui viennent seront déterminantes : soit le Tribunal militaire ouvre un procès à forte portée symbolique, soit il prolonge encore le flou judiciaire.
Une chose est sûre : le Cameroun politique retient son souffle.
Crédito: Link de origem
