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Vie du président Thomas Sankara : C’est l’enfant qui a construit l’homme

Ceci est une déclaration de l’Union pour la Renaissance–Mouvement Patriotique Sankariste (UNIR-MPS) à l’occasion de l’anniversaire de la naissance du président Thomas Sankara (21 décembre 1949 – 21 décembre 2025) parvenue à notre rédaction, que nous vous proposons in extenso.

INTRODUCTION

À l’occasion de l’anniversaire de la naissance du Président Thomas Sankara, figure majeure de l’histoire contemporaine du Burkina Faso et symbole universel d’intégrité, de justice sociale et d’engagement patriotique, l’Union pour la Renaissance-Mouvement Patriotique Sankariste (UNIR-MPS), fidèle à sa vocation mémorielle et citoyenne, souhaite rendre hommage à cet homme dont la vision continue d’éclairer notre nation.

Cette déclaration se veut avant tout un moment de mémoire collective, mais aussi de réflexion historique sur les valeurs qui ont façonné l’idéal sankariste et continuent d’inspirer des générations de Burkinabè.

Il est des destins qui ne surgissent pas du hasard, mais se construisent par strates successives, depuis les frémissements de l’enfance jusqu’aux engagements les plus exigeants de l’âge adulte. Thomas Isidore Noël Sankara, né le 21 décembre 1949, appartient à cette catégorie rare d’hommes dont le caractère se forge très tôt et dont les choix ultérieurs apparaissent comme la continuité d’une cohérence intime.

I. L’ENFANCE COMME MATRICE MORALE

À Gaoua, où son père servait comme militaire, le jeune Sankara se distingue très vite. Très tôt, il s’impose parmi les enfants comme une figure respectée, attentif aux autres, incapable de détourner le regard face à l’injustice, notamment lorsque les femmes du quartier étaient maltraitées.

Son sens de l’ordre juste, sa capacité à défendre ce qui doit l’être, préfigurent l’ascèse morale qui fera plus tard de lui un dirigeant singulier.

Cette enfance n’est pas seulement affective : elle est aussi intellectuelle. Au lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, Sankara étudie le grec et le latin, langues qui l’introduisent aux racines du sens, donc à la rigueur de la pensée et la précision conceptuelle. Cette formation, souvent jugée secondaire, joue pourtant un rôle décisif : elle aiguise son sens du raisonnement, sa précision dans le langage et son ouverture aux idées.

II. DES PREMIÈRES ARMES À L’ÉVEIL RÉVOLUTIONNAIRE

L’entrée au Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) ouvre un nouveau chapitre. Là encore, Sankara déjoue les routines, transforme les habitudes. A travers des gestes simples comme le partage régulier du surplus des repas avec les « garibous », Sankara pose déjà les bases d’un humanisme concret, sans discours, mais profondément éducatif.

À cet adolescent, un enseignant visionnaire, Adama Abdoulaye Touré, enseigne l’histoire-géographie mais surtout la lecture politique du monde. Sankara découvre la lutte des classes, les débats de la gauche voltaïque, les réflexions clandestines du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) et de la Ligue Patriotique pour le Développement (LIPAD).

Son passage à l’École militaire d’Antsirabe, à Madagascar, le plonge dans une expérience révolutionnaire vivante. Il y découvre l’organisation populaire, la participation citoyenne, la mobilisation communautaire et la transformation institutionnelle. Il ira jusqu’à demander une année supplémentaire sur place, convaincu qu’on ne comprend pas une révolution à distance, mais en la vivant de plus près. Un choix qui témoigne d’un esprit analytique rare et sera fondateur : il inspirera plus tard les Comités de Défense de la Révolution (CDR).

III. LE SOLDAT-PHILOSOPHE : UNE RARETÉ DANS L’ARMÉE

Sankara n’est pas un officier comme les autres. Chez lui, la rigueur militaire va toujours de pair avec une réflexion constante sur le sens de l’action et la responsabilité du pouvoir. Lecteur vorace, débatteur acharné, il irrigue sa formation d’essais politiques, de littérature révolutionnaire et de discussions avec les milieux intellectuels.

Au sein de l’armée, il participe à la fondation du ROC (Regroupement des officiers communistes), structure clandestine qui refuse de réprimer le peuple lors de la grève de décembre 1975. Le jeune officier, encore inconnu du grand public, pose ici les bases d’une relation nouvelle entre l’armée et la société : une armée cohérente avec les aspirations nationales, non contre elles.

Dans sa pratique quotidienne, à Pô, son sens de la justice demeure intact. Quand les soldats bousculent les femmes au puits, il impose le respect des rangs, demande pardon, puis obtient une motopompe pour garantir l’autonomie de ses hommes. A Pô, le lieutenant Sankara donne déjà à voir ce que sera plus tard son mode de gouvernance : l’exemplarité, le respect du peuple et la conviction que l’autorité n’a de valeur que si elle protège.

IV. LES ANNÉES DE FORMATION POLITIQUE : JONCTIONS, RUPTURES, FIDÉLITÉS

Sankara développe un réseau politique étendu : militants de la LIPAD, anciens leaders étudiants, cadres du PAI, camarades du Nouveau Courant Opportuniste Liquidateur (NCOL) ou du Mouvement National Populiste Liquidateur (MONAPOL). Il discute, convainc, fédère, parfois sans succès mais il n’abandonne jamais l’idée que la transformation nationale est un acte collectif.

Ses amitiés sont profondes, notamment avec Valère SOME, compagnon de réflexion qui le rejoint régulièrement à Pô pour discuter à Dakola, loin des pressions du centre. Cette dialectique entre militaires et civils, entre action et pensée, forge un leadership d’un type particulier : un leadership d’articulation, capable de tenir ensemble des mondes qui s’ignoraient

V. LES INFLUENCES IDÉOLOGIQUES : CABRAL, LUMUMBA, CHE GUEVARA

Sankara ne s’est jamais construit seul. Il s’est forgé dans le dialogue silencieux avec trois géants du patriotisme africain et universaliste :
• Amilcar Lopes da Costa Cabral, pour qui la libération est d’abord un travail moral et culturel.
• Patrice Emery Lumumba, incarnation du sacrifice suprême pour la dignité africaine.
• Ernesto Guevara de la Serna, symbole de l’engagement total et de la fraternité des luttes.

À ceux-là, Sankara emprunte trois principes : le refus de la compromission, le courage de la vérité et l’universalité de la justice sociale.

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VI. LE FERMENT CULTUREL : MUSIQUE, JEUNESSE ET CONSCIENCE SOCIALE

Thomas Sankara a toujours compris que la transformation d’une Nation ne se décrète pas seulement par des réformes institutionnelles ou économiques. Elle s’enracine aussi dans l’imaginaire collectif. L’expérience du Missile Band, loin d’être un simple épisode artistique, devient un instrument de mobilisation sociale. En faisant de la musique un langage politique, Sankara crée un espace où la jeunesse, les artistes et les forces vives trouvent un miroir de leurs aspirations.

Cette proximité assumée avec les milieux culturels ; TO Finley, Maurice SIMPORE, Abdoulaye CISSE, Pascal Kayouré OUEDRAOGO alias Vidnic, illustre une vision stratégique : la culture n’est pas un ornement, mais un levier de conscientisation populaire. Elle permet de traduire les valeurs révolutionnaires dans un registre sensible, accessible et fédérateur. En cela, Sankara érige la culture en pilier de la construction nationale.

VII. LA PRÉFIGURATION HISTORIQUE : L’ENFANT ANNONÇAIT DÉJÀ L’HOMME

Bien avant d’entrer dans l’histoire politique du Burkina Faso, l’enfant qu’il était laissait déjà transparaître une conscience aiguë de la dignité nationale. L’épisode du drapeau colonial remplacé par celui de la future Haute-Volta, à l’aube de l’indépendance, n’est pas une simple anecdote scolaire. Il s’agit d’un acte fondateur, révélateur d’un patriotisme spontané, presque instinctif.

Ce geste, encore adolescent, signale une cohérence profonde : chez Sankara, la souveraineté n’est ni un slogan ni une posture tardive. Elle constitue un impératif intime, un réflexe moral. Son engagement futur pour l’indépendance réelle, l’intégrité, et la justice sociale trouve là son premier terrain d’expression.

VIII. LA RÉVOLUTION DU 4 AOÛT : POINT DE CONVERGENCE ET ACTE DE NAISSANCE D’UN PROJET NATIONAL

La nuit du 4 août 1983 n’est pas un accident de l’histoire. Elle est l’aboutissement logique d’un long cheminement personnel et intellectuel où s’imbriquent des influences multiples :

– un refus viscéral de l’injustice ;

– une rigueur morale construite au fil des responsabilités assumées ;

– une formation intellectuelle solide, nourrie d’analyses et de lectures ;

– l’empreinte décisive de son passage à Madagascar ;

– un sens éprouvé du collectif et de la discipline ;

– une capacité rare à bâtir une cohérence civilo-militaire ;

– une vision culturelle du changement, fondée sur la dignité et l’émancipation.

La Révolution du 4 août donne ainsi forme à un projet politique inédit et structuré : souveraineté assumée, lutte systémique contre la corruption, promotion des droits des femmes, revalorisation du monde rural, renouveau du civisme, participation populaire et refondation du lien entre l’État et le citoyen.

C’est dans ce moment fondateur que l’enfant de Gaoua se révèle pleinement homme d’État, un dirigeant capable d’articuler vision, action et légitimité historique.

IX. LA LEÇON POUR LA JEUNESSE : LE DESTIN SE CONSTRUIT TÔT

Il n’y a pas de génération spontanée en politique. Les engagements durables se construisent tôt, patiemment, souvent dans l’ombre. Un leader ne naît pas : il se construit.

Et l’enfance de Sankara nous rappelle que les élans de justice, les lectures patientes, les erreurs assumées, les engagements précoces, dessinent déjà l’architecture d’un destin.

Aux jeunes du Burkina Faso, son parcours lance un appel clair : prendre tôt leurs responsabilités, oser l’effort, accepter de tomber, se relever encore car, comme le dit la sagesse peulh, « l’erreur n’annule pas la valeur de l’effort accompli ».

X. UN ANNIVERSAIRE QUI RÉSONNE DANS UN CONTEXTE DIFFICILE ET APPELLE À L’UNITÉ NATIONALE

Nous commémorons aujourd’hui la naissance du président Thomas Sankara dans un moment où notre pays traverse des défis parmi les plus graves de son histoire contemporaine. L’insécurité fragilise des régions entières, les équilibres sociaux sont mis à l’épreuve, et la nation doit affronter simultanément des périls militaires, économiques et moraux.

Face à cette situation, l’héritage de Sankara n’est pas une simple référence historique : il devient une boussole stratégique, un capital moral et une source d’inspiration opérationnelle.

L’union de toutes les forces : une nécessité historique

L’exemple sankariste rappelle une vérité essentielle : aucune transformation nationale ne peut réussir dans la division.

La Révolution du 4 août n’a triomphé que parce qu’elle a su conjuguer les forces civiles et militaires, les cadres et les ouvriers, les intellectuels et les paysans, les jeunes et les anciens. Cette cohérence organique n’était pas un mot d’ordre, mais une méthode de gouvernement.

Aujourd’hui, notre pays doit renouer avec cette logique :
• Construire l’unité autour de l’essentiel,
• Favoriser la confiance entre les forces de défense et de sécurité et les populations,
• Encourager les synergies plutôt que les silos,
• Considérer chaque Burkinabè comme un acteur de la sécurité nationale, non comme un spectateur.

Cette union des forces n’est pas seulement militaire : elle est sociale, culturelle, intellectuelle et morale.

2. La cohésion civilo-militaire : un pilier stratégique

Sankara avait compris que l’armée n’est forte que lorsqu’elle se sait partie intégrante du peuple. Son travail à Pô, son respect pour les femmes au puits, son engagement pour l’éducation des soldats, son refus d’utiliser l’uniforme comme instrument d’intimidation, tout cela constituait une vision profonde : la sécurité est une œuvre collective.

Aujourd’hui encore, la victoire contre l’insécurité exige :
• un dialogue constant entre forces armées et populations,
• un ancrage plus profond de l’armée dans la société,
• une compréhension partagée des enjeux de défense,
• et une mobilisation nationale derrière ceux qui protègent la patrie.

3. Le pluralisme et la liberté d’expression : des forces, non des faiblesses

Les périodes d’épreuve appellent parfois au repli. Mais l’histoire enseigne qu’une société ne se renforce jamais durablement en étouffant la parole : elle se renforce en l’organisant, en l’orientant, en la respectant.

Sankara, malgré la radicalité de son projet, n’a jamais cessé de débattre, de convaincre, de confronter. Il vivait de discussions, d’arguments, de lectures et de contradictions. Son intelligence politique était d’accepter la pluralité comme un moteur, non comme un obstacle.

Dans le contexte actuel, cette leçon demeure :
• encourager un espace où les idées circulent,
• permettre aux citoyens de s’exprimer dans le respect de la nation,
• créer des cadres d’échanges constructifs entre autorités, experts, communautés et jeunes,
• écouter les critiques légitimes comme autant de contributions à la consolidation nationale.

Une liberté d’expression responsable n’affaiblit pas le pays : elle renforce sa résilience.

4. Le sursaut national : un devoir de génération

L’exemple de Sankara représente plus qu’une mémoire : c’est un appel. Un appel à dépasser les intérêts particuliers, à éviter les calculs étroits, à préférer la patrie aux ambitions personnelles. Il nous rappelle que chaque génération doit produire son propre effort, son propre sacrifice, son propre testament moral.

Aujourd’hui, le Burkina Faso a besoin : d’unité, de courage partagé, de vérité, de lucidité et d’un engagement patriotique renouvelé.

5. Le serment national : se tenir debout pour le Burkina

En célébrant l’anniversaire de sa naissance, nous ne célébrons pas seulement un homme : nous réaffirmons une volonté collective de rester debout, d’assumer notre destin, de défendre notre souveraineté et de préserver l’espérance.

C’est aussi l’occasion de reconnaître que, malgré les épreuves, notre pays porte en lui une énergie inépuisable : celle de son peuple.

Et c’est en mobilisant cette énergie, en réconciliant nos forces, en harmonisant nos voix, que nous pourrons faire face aux défis et préparer un avenir plus stable, plus juste et plus digne.

CONCLUSION

En évoquant la vie, l’œuvre et l’héritage du Président Thomas Sankara, nous ne commémorons pas seulement un destin exceptionnel. Nous ravivons une conscience nationale fondée sur la justice, la probité, la discipline morale et l’engagement patriotique. Dans une période marquée par l’incertitude et l’épreuve, le parcours de Sankara demeure un repère. Il nous rappelle que l’unité, la discipline morale et le sens du collectif ne sont pas des slogans, mais des exigences concrètes. Notre pays a besoin d’une synergie de toutes ses intelligences, de cohésion civilo-militaire, de dialogue responsable, de participation citoyenne et de libertés respectées pour que la nation trouve en elle-même les ressources de son sursaut. C’est en mobilisant ces énergies complémentaires que nous pourrons honorer la mémoire de Sankara non pas seulement en paroles, mais en actes et en comportements.

Dans cet esprit, l’Union pour la Renaissance – Mouvement Patriotique Sankariste (UNIR-MPS), attachée à la sauvegarde de la mémoire révolutionnaire et aux valeurs fondatrices du sankarisme, s’associe pleinement à cette commémoration nationale, dans le strict respect du contexte institutionnel actuel et dans une démarche de contribution citoyenne.

Fait à Ouagadougou, le 19 décembre 2025

Pour la mémoire de Thomas Sankara,

Au nom de l’Union pour la Renaissance – Mouvement Patriotique Sankariste (UNIR-MPS).

Le Secrétariat Exécutif National


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