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Crise du carburant au Mali : comment l’économie déjoue les pronostics

Les longues files d’attente font déjà partie de l’histoire ancienne. Depuis la fin du mois de novembre, Bamako est de nouveau ravitaillé en carburant et la circulation a retrouvé sa densité habituelle. Pendant plusieurs semaines, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à Al-Qaïda, a bloqué les importations de carburant en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.

Le blocus a affecté la capitale, mais aussi la majorité des régions du pays, plongeant les populations dans une crise énergétique et alimentaire. « L’économie malienne a fait preuve de résilience malgré un environnement politique et sécuritaire difficile », écrit néanmoins Moody’s dans sa dernière note sur le pays, datée du 2 décembre.

Les faits. L’agence de notation américaine prévoit une croissance du PIB réel de 4,9 % en 2025, contre 4,7 % en 2024. De son côté, le FMI est moins optimiste et prévoit une croissance de 4,1 % pour cette année. L’institution explique que « les risques élevés liés à la baisse de la production d’or, aux coupures d’électricité récurrentes et à la réduction de l’aide au développement et humanitaire » pèsent sur l’économie.

En revanche, le FMI estime que l’économie devrait enregistrer une accélération de la croissance en 2026 grâce à une reprise de la production aurifère et à une amélioration progressive des conditions de sécurité. La croissance du PIB devrait atteindre 5,5 % en 2026, tandis que l’inflation devrait fléchir à 2,5 %.

Le contexte. Le secteur minier demeure un moteur essentiel de l’économie du Mali qui bénéficie d’un prix de l’or historiquement haut. Le FMI et Moody’s tablent sur un déficit budgétaire d’environ 3 % du PIB en 2025, contre 2,6 % en 2024 et un déficit courant stable à 4,9 %.

Moody’s avait dégradé de la note de Bamako en 2022 de Caa1 à Caa2, seulement deux crans au-dessus du défaut de paiement. Le Mali était alors sous embargo de la Cedeao et de l’Uemoa après la décision de la junte d’Assimi Goïta de prolonger la transition à 5 ans au lieu des 18 mois initialement proposés. Bamako avait enregistré un défaut sur le marché régional des titres.

Bien que les sanctions aient été levées depuis et que le pays n’a pas enregistré de nouveau défaut, l’agence de notation n’a pas réévalué la note du pays à la hausse. Elle justifie cette décision par son « faible niveau de revenu, son manque de diversification économique, ainsi que la faiblesse de ses institutions et de sa gouvernance, indiquant une forte vulnérabilité aux risques sociaux et de gouvernance ».

Analyse. Le pays est également exposé au risque « d’événements », selon Moody’s, qui liste les coups d’État militaires de 2020 et 2021, le conflit persistant avec les groupes terroristes et d’autres groupes armés, ainsi que les tensions avec les entités régionales et la communauté internationale.

L’institution ajoute que les dépenses de défense restent élevées et que l’accès au financement concessionnel est limité. Cependant, ces difficultés sont atténuées par l’appartenance du Mali à l’Uemoa, ce qui lui permet d’accéder au marché régional des titres publics pour financer son budget.

Perspectives. Moody’s envisagerait une amélioration de la notation « si les progrès vers un retour à un régime civil permettaient la reprise de l’aide économique et financière indispensable de la communauté internationale ». Au contraire, une nouvelle dégradation serait envisagée en cas de « forte détérioration de la situation sécuritaire ou une hausse des tensions politiques entraînait un affaiblissement significatif des indicateurs budgétaires du Mali ou de ses perspectives de croissance à moyen terme ».

Source: https://www.jeuneafrique.com/

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