Tes récriminations hasardeuses sur la conduite de certains chauffeurs n’apportent rien. Pire : elles ajoutent au chaos.
Ces chauffeurs, que tu accuses à la légère, sont les premières victimes du blocus. Depuis le début, plusieurs ont payé de leur vie ce combat quotidien pour ravitailler le pays.
Et même si, par malheur, tes propos contenaient un fond de vérité, il est évident qu’ils ne pourraient s’appliquer qu’à une infime minorité. Si la majorité des chauffeurs agissaient comme tu le prétends, nous serions déjà en pleine débâcle totale.
Il en va de même pour les accusations portées contre les pompistes, que certains disent complices du trafic illicite de carburant : quelques cas isolés ne sauraient ternir tout un corps de métier.
Ces allégations gratuites ne nous font pas avancer. Tout le monde connaît la véritable source de nos malheurs : le terrorisme, les coupeurs de route, les auteurs du blocus. Les petits profiteurs, s’ils existent, ne sont que les parasites d’un désastre bien plus vaste. Ils ne méritent ni notre énergie, ni notre colère principale.
De quoi je me mêle ?
Si quelqu’un détient des preuves concrètes contre ces supposés profiteurs, qu’il les remette aux autorités compétentes. Ou qu’il prenne le soin de documenter sérieusement les faits, puis de les exposer à l’opinion publique, dans les règles. Mais cracher des accusations en l’air, sans fondement, c’est salir l’effort de tous.
Quant à lui, aurait-il des preuves ? Non ? Bon, alors qu’il retourne à ses commentaires de salon ou qu’il fasse mieux : prendre la route avec les chauffeurs, traverser les zones rouges avec un bidon sur le toit, puis revenir nous expliquer la théorie du complot sur les routes, voire à la pompe. On en a marre de ces gens qui, à chaque fois, jouent au procureur sans dossier.
En ces temps critiques, notre devoir est d’abord d’encourager et de saluer le courage de ceux qui prennent les plus grands risques pour approvisionner la population : les chauffeurs, en première ligne ; l’armée et les opérateurs de la filière, ensuite. Que les dérives de quelques-uns ne fassent jamais oublier l’abnégation des autres.
Les escortes militaires ? Une mesure temporaire.
Les vérifications policières à la pompe ? Un palliatif inefficace.
Ce qu’il nous faut, c’est une solution durable, fondée sur un dialogue national sincère et global pour la paix.
Pendant ce temps, les services publics s’effondrent : les palais de justice, les hôpitaux, les écoles. Des malades meurent faute d’ambulances. Des vies sont brisées faute de carburant. L’heure est grave. Et chaque jour qui passe sans réponse radicale nous enfonce davantage.
De quoi je me mêle ?
L’ultracrépidarien, lui, n’a même pas su faire acte de contrition.
Ces fameuses excuses…sans regret, une justification pleine de suffisance. Il fallait oser. Un mélange d’arrogance et de mauvaise foi, un grand cru. L’humilité, visiblement, c’est pour les autres.
Il aurait pu se taire, ou se racheter. Il a préféré insister. Et ce n’est pas la première fois. Souviens-toi : il y a un an, ce sont les Soninkés qui avaient fait les frais de ses élucubrations méprisantes.
Sa bouche dessert la cause.
À qui le tour ?
A ce rythme, ne va-t-il pas finir un jour dans une chambre au fond d’une Cour ?
A bon entendeur…
Dr. Mahamadou KONATE
Crédito: Link de origem
