Depuis, le 22 septembre 1960, date de notre indépendance, le Mali tente de garder son rang sur la scène sahélienne. Historiquement, il est l’un des pays ouest-africains les plus cités aussi légitimement que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Conakry ou le Niger. Il regorge d’un patrimoine culturel (manuscrits de Tombouctou) qui lui donne une place stratégique dans la géopolitique africaine.
Avec ses 24 millions d’habitants, le Mali pèse peu face aux trente millions d’Ivoiriens. Selon le Fonds monétaire international, au sujet du produit intérieur brut (PIB), le Mali est derrière la Guinée-Conakry, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Cela dit, il est la 1ere puissance cotonnière régionale devant le Bénin. L’or blanc représente 10% du PIB. Autre caractéristique économique, la dette publique. Elle représente quasiment 50% du PIB en 2024. Une situation d’endettement cumulatif, exacerbée par la crise sécuritaire. Le Mali est un pays aux ressources considérables, mais emberlificoté dans les crises.
Les vents catabatiques du Sahara
Autre atout du Mali, c’est le brassage culturel, incarné par la ville de Mopti, appelée affectueusement la Venise du Mali. Sociologiquement, il se traduit par la cohabitation entre les peuples, symbole de tolérance. Territorialement, le Mali a des ressources conséquentes pour compter sur la scène internationale. Il voisine avec sept pays dont cinq ont une façade maritime. C’est un pays avec des zones agricoles importantes comme l’office du Niger, un des plus grands domaines agricoles ouest africains. Mais, reconnaissons-le ! Dans le Sahel, la place du Mali est menacée par la dégradation sécuritaire : Fla, Jnim, Eis. Un mélange de peine et de colère. Or, pour garder sa place, il doit bétonner sa diplomatie. Question de bon sens dans un monde multipolaire. Certes, l’achat d’armements est une nécessité : drone, etc. Et l’intensité du partenariat entre Moscou et Bamako a permis une coopération militaire plus robuste. Mais les vents catabatiques du Sahara brouillent les plans sécuritaires.
Les intérêts particuliers avant ceux du peuple
Alors tentons de comprendre le comment des stratégies maliennes de lutte contre la diffusion du narcoterrorisme. L’acquisition des drones Bayraktar et Akinci n’a pas suffi pour s’assurer d’une dissuasion aérienne permanente. Depuis septembre 2025, les groupes narcoterroristes mettent en joue Bamako, plongeant la ville dans une crise énergétique sans précédent. Conséquence : écoles fermées, activités économiques à l’arrêt, etc. C’est le contexte, celui d’une atmosphère apocalyptique où tout devient crépusculaire.
A cela s’ajoutent les manœuvres géopolitiques. La crise diplomatique entre Alger et Bamako impose le fait que l’Algérie reste une puissance régionale. Ce qui complexifie la construction d’un axe stratégique entre les deux pays, abritant les mêmes peuples, de part et d’autre de leur frontière commune. On fait passer ses intérêts particuliers avant ceux du peuple. La vérité fait moins d’effet. Or, elle est le prélude au dialogue et à la paix. Les grincheux y verront une malveillance. Sans doute, le Mali est un grand pays avec des atouts économiques, culturels et sociaux incontestables. Mais, un grand pays avec des fragilités diplomatiques. Sans doute, le Mali a toujours des attributs de nation glorieuse. Mais, pour avoir une place de leader dans le Sahel, il doit se réinventer pour se sortir du péril sécuritaire, oscillant entre enjeux géopolitiques et attrait pour la guerre.
Terminons ! Au milieu du vacarme des blocus, prêtons l’oreille pour écouter et entendre les aspirations des Maliens : la sécurité, le développement, la justice, la paix, etc. Here en Bambara, Banni en Songhay, la paix ne se fera que dans un dispositif d’alliance républicaine, maillant libération des détenus politiques et implication des sensibilités politiques, laïques, associatives et syndicales pour dialoguer avec le Fla et pourquoi pas le Jnim.
Ecoutons « Il neige à Bamako » de Fatoumata Diawara et Matthieu Chedid.
Mohamed Amara
Sociologue
Crédito: Link de origem
