
Emmanuel Elong est le président de Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam). Nous l’avons approché pour mieux comprendre ses motivations. Pour mieux cerner les contours du Marché vert de Synaparcam.
Nous nous sommes rendus à la deuxième édition du marché vert. De plus en plus, on constate que ça augmente. On a envie de savoir comment vous faites.
Oui, ça doit augmenter. On a multiplié des efforts pour que ça se présente encore mieux que l’année dernière. La force nous vient des agriculteurs avec lesquels on travaille.
On n’a pas cessé de sensibiliser les nouveaux villages. Le nombre de villages qui étaient au marché a triplé cette année. Parce que le concept marché vert est un concept qu’on avait créé pour rassembler de plus en plus les paysans et les paysannes des villages de Tiko, de Dibombari et Fiko-Bonaléa pour une agriculture saine. Nous menons des campagnes de sensibilisation et d’organisation de ces paysans et des paysannes pour qu’ensemble, nous puissions faire mieux.
Les gens se plaignent que, pour un marché supposé être de promotion, les produits coûtent cher.
Les produits doivent coûter cher parce que les produits que vous allez trouver sur le marché de Penda Mboko, Anang, Mbanga et les produits que vous allez trouver dans les marchés, dans les villes les plus proches de nos 3 villages, c’est les produits où la provenance est douteuse. Nous, avons pris de la peine d’amener nos paysans à abandonner les pratiques que nous ne trouvons pas bonnes par rapport à notre concept.
Le travail de l’agriculture traditionnelle, c’est un travail très pénible. Voilà pourquoi les produits que vendent ces paysans et paysannes doivent coûter cher parce qu’ils n’utilisent pas les produits chimiques. Tout se fait à la main.
Où trouvez-vous toutes ces terres cultivables?
Ces paysans ont des difficultés d’espace vital parce que tous ces villages qui se retrouvent ici pour vendre leurs productions sont riverains des agro-industries PHP, ce dont ils parlent ici d’ici. Ils trouvent des bandes de terres dans les bas-fonds qu’elles n’utilisent pas, ces agro-industries. C’est pour cela que ce marché est en train de se développer parce que tous travaillent loin des terres fermes. Ils travaillent en bordure du fleuve Moungo et amènent leurs productions dans le marché de Penda Mboko, de Souza, ou de Mounya, ou à Missèlele. C’est difficile. Donc, tous s’orientent ici par l’eau.
Emmanuel Elong Mbonjo « Les produits plantés avec des engrais foliaires pourrissent très vite. Or sans engrais, on peut conserver des aliments plus de 6 mois…»
Parce que s’ils veulent aller vendre dans les marchés que j’ai cités tout à l’heure, ce n’est pas facile pour eux. La route est mauvaise, la distance pour arriver dans ce marché, ils n’auront rien comme bénéfice. Voilà pourquoi ce marché est en train de grandir très vite.
Vous avez vu ce qu’il y a là aujourd’hui. Et tout ça, ça va partir. C’est déjà tout acheté. J’ai bloqué seulement pour qu’ils attendent la visite du maire, la visite du sous-préfet et la suite. Mais sinon, tout est déjà vendu.
Il y a environ combien de personnes qui sont là aujourd’hui ?
Aujourd’hui, on peut se retrouver à 500 personnes qui se sont retrouvées ici pour vendre leurs productions. Les différents produits que vous pouvez citer ? Il y a le plantain, le macabo, l’igname, la patate, l’arachide, parce que c’est la période. Il y a tout ce qui sort dans les champs vivriers.
Et le marché, c’est combien de fois par semaine ?
Le marché, c’est une fois par semaine, tous les mercredis. Tous les villages qui vivent ensemble. Et on connaît le marché périodique dans toutes ces communes. Donc, eux, ils ont choisi le mercredi parce que c’est favorable pour eux. Ils ont jugé mercredi bon pour eux parce que s’ils n’arrivent pas à vendre tout aujourd’hui, demain jeudi, ils pourront aller vendre à Souza. Samedi, ils vont aller vendre au marché de Missélele. Il y a un jour du marché. Et voilà, ils peuvent aussi aller à Dibombari samedi.
Pourquoi vous avez choisi de promouvoir la femme rurale ?
On a choisi parce que promouvoir la femme rurale, c’est une bonne chose. Parce que la fête des femmes rurales, c’est le 15 octobre. Et voilà, dans nos villages, la journée qui est connue, c’est la Journée internationale de la femme. Parce que cette journée est soutenue par les mairies, par les hommes politiques, par tous ici. Mais la journée mondiale de la femme rurale n’est pas connue. Nous avons donc créé ce concept et organisé le Marché vert de Synaparcam tous les 15 et 16 octobre. Parce que le 15 octobre, c’est la journée mondiale de la femme rurale. Le 16 octobre, c’est la journée de l’alimentation. Donc pendant cette période Synaparcam a trouvé mieux d’organiser ses éditions du Marché vert,. Et là, c’est la femme rurale qui est à l’honneur.
Quel est l’avenir pour ledit projet ?
L’avenir est meilleur. On a des partenaires d’ici et de l’extérieur qui soutiennent le développement écologique. Donc quand Synaparcam crée une activité et que c’est bon, ils mettent un peu de moyens. L’exemple, c’est que l’année dernière, c’était la paille partout ici. Quand on a sollicité d’avoir un marché de la communauté, les partenaires ont donné un peu de moyens pour construire.
Et les mêmes partenaires, ont acheté une pirogue avec un moteur hors-bord. Pour faciliter le transport des produits et des paysans pour arriver au marché. Et rentrer dans leur localité avec une pirogue à moteur. Avant, pour arriver au marché, elles utilisaient des pirogues avec mécanique manuelle.
Vous avez mis tout un comité de gestion. Où va cet argent ?
Le comité de gestion ne perçoit pas d’argent. Il l’onction des autorités administratives et communales. Il fallait le pouvoir du sous-préfet et du maire. C’est là où le comité de gestion pourra avoir des issues. Pour avoir un petit quelque chose pour gérer le marché. Mais pour le budget, ils n’en ont pas encore. Aucun prélèvement n’est effectué.

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