Deux Coupes du monde ratées, deux qualifications CAN manquées, une révolte des joueurs, une suspension de 15 matchs, des querelles publiques avec ses coéquipiers : le bilan de Samuel Eto’o comme capitaine des Lions Indomptables de 2009 à 2014 est accablant. « Il pense plus à lui-même qu’à l’ensemble du groupe », avait lâché Patrick Mboma, ancien coéquipier et légende du football camerounais. Nommé capitaine par Paul Le Guen en 2009 et révoqué en août 2014, le meilleur buteur de l’histoire des Lions a présidé à l’une des périodes les plus sombres de l’équipe nationale. Comment le génie individuel est-il devenu le poison du collectif ?
Les chiffres sont implacables et ne laissent aucune place au doute. Sous le brassard de capitaine de Samuel Eto’o, les Lions Indomptables ont connu leur pire période depuis l’indépendance. Celui qui était censé incarner l’unité et la force du Cameroun a présidé à cinq années de désunion, d’échecs retentissants et de controverses publiques.
Entre 2009 et 2014, l’équipe nationale camerounaise, quintuple championne d’Afrique, est devenue la risée du continent. Première équipe éliminée au Mondial 2010, absente des CAN 2012 et 2013, dernière de son groupe au Mondial 2014 : le palmares d’Eto’o capitaine est catastrophique.
Mondial 2010 : l’humiliation qui lance tout
La débâcle commence en Afrique du Sud lors de la Coupe du monde 2010. Sous la direction d’Eto’o comme capitaine, le Cameroun devient la première équipe éliminée de la compétition. Trois matchs, trois défaites face au Japon, au Danemark et aux Pays-Bas.
L’humiliation est totale pour un pays qui avait illuminé le Mondial 1990 en Italie en atteignant les quarts de finale. Eto’o lui-même qualifiera cette élimination prématurée de « plus grande déception de sa carrière ». Mais pour les supporters camerounais, c’est bien plus qu’une déception : c’est une trahison.
Les Lions sortent par la petite porte d’un Mondial organisé sur le continent africain, devant leurs propres supporters venus en masse d’Afrique centrale. L’équipe apparaît désunie, sans âme, sans leadership. Le capitaine Eto’o, pourtant au sommet de sa gloire en club avec l’Inter Milan, ne parvient pas à fédérer ses coéquipiers.
2011 : la révolte qui brise tout
L’année suivante, Eto’o franchit le point de non-retour. Il devient l’acteur central d’une révolte des joueurs au cours de laquelle l’équipe refuse de jouer un match amical contre l’Algérie. Les motifs invoqués ? Des primes impayées et une mauvaise organisation de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot).
Mais au lieu de gérer le conflit en interne comme le ferait un véritable leader, Eto’o choisit le bras de fer public. Les conséquences sont désastreuses : suspension de 15 matchs, réduite à huit mois après l’intervention du Chef de l’État. L’image des Lions est ternie durablement.
Cette révolte révèle un capitaine incapable de faire le lien entre la fédération et les joueurs, préférant le conflit ouvert au dialogue. Le brassard de capitaine implique des responsabilités qui dépassent la simple défense des intérêts individuels. Eto’o échoue lamentablement dans ce rôle.
« Il pense plus à lui-même qu’au groupe » : l’accusation de Mboma
Les querelles publiques avec ses coéquipiers se multiplient pendant le capitanat d’Eto’o. Alex Song, milieu de terrain d’Arsenal à l’époque, est l’une de ses cibles régulières. Ces tensions internes fragilisent mortellement la cohésion de l’équipe.
Patrick Mboma, ancien coéquipier et figure respectée du football camerounais, ose dire publiquement ce que beaucoup pensent tout bas : « Il pense plus à lui-même qu’à l’ensemble du groupe. » Une accusation dévastatrice qui résume parfaitement l’échec du leadership d’Eto’o.
Comment un capitaine peut-il fédérer une équipe quand ses propres coéquipiers l’accusent d’égoïsme ? Comment peut-il incarner l’esprit collectif quand il privilégie systématiquement ses intérêts personnels ? Ces questions n’ont jamais reçu de réponses satisfaisantes.
L’incroyable double non-qualification pour les CAN 2012 et 2013
Le pire est à venir. Sous la direction d’Eto’o comme capitaine, le Cameroun échoue à se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations 2012 organisée au Gabon et en Guinée équatoriale, puis pour l’édition 2013 en Afrique du Sud.
Cette double non-qualification constitue un précédent historique absolument humiliant. Le Cameroun, quintuple champion d’Afrique, nation phare du football continental, se retrouve absent de deux éditions consécutives de la CAN. Du jamais vu ! Les Lions avaient atteint au moins les quarts de finale lors des sept tournois précédents.
Comment expliquer une telle chute ? Comment une génération portée par des talents comme Eto’o, Song, Makoun ou Choupo-Moting peut-elle échouer à se qualifier pour une CAN ? Le capitaine porte une responsabilité écrasante dans ce naufrage collectif. Son incapacité à créer une cohésion d’équipe, à gérer les ego et à incarner un véritable leadership sont les causes directes de ces échecs.
À Yaoundé, Douala et dans toutes les régions du pays, les supporters vivent ces non-qualifications comme une honte nationale. Les Lions Indomptables, fierté du Cameroun, sont devenus la risée du continent africain sous le capitanat d’Eto’o.
Mondial 2014 : l’adieu dans le déshonneur
Le dernier acte du capitanat d’Eto’o se joue lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil. Le Cameroun termine de nouveau dernier de son groupe, avec des images de désunion totale qui font le tour du monde. Des joueurs qui ne se parlent plus, une atmosphère délétère, des performances collectives indigentes.
Les rapports de dissensions internes se multiplient. L’équipe est en pleine décomposition. Eto’o, alors âgé de 33 ans, tire sa révérence en août 2014 sur ce constat d’échec retentissant. Cinq ans de capitanat, deux Coupes du monde ratées, deux CAN manquées : le bilan est catastrophique.
Les fans et commentateurs camerounais n’hésitent plus à qualifier sa période de capitanat de « catastrophique » et de « honte » pour la réputation de l’équipe nationale. Ces mots sont durs, mais les faits sont là, implacables.
Un leadership toxique qui a détruit le collectif
Au-delà des résultats sportifs désastreux, c’est le style de leadership d’Eto’o qui est pointé du doigt. Un capitaine qui fomente des révoltes publiques, qui se querelle avec ses coéquipiers devant les caméras, qui privilégie ses intérêts personnels au détriment du collectif : comment une équipe peut-elle fonctionner dans ces conditions ?
Le capitanat implique l’exemplarité, la capacité à fédérer, à apaiser les tensions, à incarner l’unité dans l’adversité. Eto’o a échoué sur tous ces points. Son leadership s’est révélé toxique, créant plus de divisions qu’il n’a construit de cohésion.
Les supporters camerounais se souviennent encore avec amertume de ces années noires. Pendant que d’autres nations africaines brillaient sur la scène internationale, les Lions Indomptables sombr aient dans la médiocrité et les scandales sous le capitanat d’Eto’o.
L’ironie du destin : d’accusé à accusateur
Le plus ironique dans cette histoire ? Samuel Eto’o est devenu président de la Fecafoot en décembre 2021. Celui qui accusait la fédération de tous les maux pendant son capitanat dirige désormais cette même institution. Et les critiques qu’il essuie aujourd’hui ressemblent étrangement à celles qu’on lui adressait quand il était capitaine : autoritarisme, gestion conflictuelle, incapacité à fédérer.
Le conflit actuel avec Marc Brys, l’entraîneur des Lions, rappelle tristement les querelles d’Eto’o capitaine avec ses entraîneurs successifs. L’histoire se répète, mais cette fois à un niveau institutionnel encore plus grave.
Les Lions Indomptables méritaient mieux qu’un capitaine qui les a coulés pendant cinq ans. Le Cameroun mérite mieux qu’un président de fédération qui reproduit aujourd’hui les mêmes erreurs qu’hier. Le bilan du capitanat d’Eto’o entre 2009 et 2014 reste une tache indélébile dans l’histoire glorieuse des Lions Indomptables.
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