La croissance économique devrait se maintenir autour de 4,1% en 2025, avant de connaître un léger regain en 2026 – BurkinaInfo – Toute l’information du Burkina Faso en temps réel
[1] cérémonie d’ouverture de la présentation du rapport du FMI, présidée par le Pr Balé Bayala, représentant le président de l’UJKZ, s’est déroulée en présence de Souleymane Nabolé, représentant du ministre de l’économie et des finances. Le choix du cadre universitaire n’était pas anodin, l’évènement a favorisé des échanges directs et nourris avec les étudiants en licence professionnelle d’analyses statistiques de l’ISSP. Un fait qui témoigne de la volonté du FMI de rapprocher l’analyse macroéconomique des futurs cadres africains.
Une croissance résiliente sous surveillance
Selon le rapport présenté par William Gbohoui, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait se maintenir autour de 4,1% en 2025, avant de connaître un léger regain en 2026. Cette dynamique s’expliquerait par une stabilisation progressive du cadre macroéconomique et par les réformes engagées dans plusieurs grandes économies de la région.
« Ce que nous avons constaté, c’est que la croissance économique va être plus forte dans les pays qui n’ont pas de ressources naturelles que dans les pays qui en disposent », William Gbohoui, représentant résident du Fonds monétaire international (FMI)
Toutefois, ce tableau relativement encourageant masque des disparités profondes. Les pays dont le Produit intérieur brut (PIB) repose fortement sur l’exploitation des ressources naturelles, tout comme ceux affectés par des conflits, continuent de faire face à des difficultés structurelles majeures. Pour ces États, la croissance demeure fragile, exposée aux chocs exogènes et aux contraintes sécuritaires.
Un environnement international de plus en plus contraignant
Le rapport du FMI souligne également que l’environnement extérieur reste difficile. La croissance mondiale montre des signes d’essoufflement, tandis que l’évolution des cours des produits de base demeure inégale. Le durcissement des conditions d’emprunt sur les marchés internationaux persiste, malgré une certaine amélioration observée depuis avril, marquée par la réduction des écarts de rendement sur les obligations souveraines et la reprise timide des investissements de portefeuille.

« Les analyses soutenues dans ce rapport du FMI offrent les clés essentielles pour mieux comprendre les dynamiques économiques actuelles », Pr Balé Bayala, représentant le président de l’UJKZ
À cela s’ajoute une détérioration notable du climat mondial en matière de politique commerciale et d’aide au développement. Si de nombreux pays d’Afrique subsaharienne y sont peu exposés directement, la baisse de l’aide internationale frappe de plein fouet les États fragiles et les pays à faible revenu, menaçant leur capacité à fournir des services sociaux essentiels. Dans ce contexte incertain, le solde des risques demeure clairement orienté à la baisse.
Des vulnérabilités persistantes
Malgré la résilience affichée ces dernières années, le FMI met en garde. Car cette solidité estime-t-il, ne saurait être considérée comme acquise. De nombreux pays cumulent des vulnérabilités sur les plans monétaire, financier, budgétaire et extérieur. Et l’augmentation des coûts du service de la dette exerce une pression croissante sur les finances publiques, au point d’évincer les dépenses de développement.

« Le taux de croissance projeté au niveau du Burkina Faso en fin 2025 est de 6,3% », Souleymane Nabolé, représentant du ministre de l’économie et des finances
Aussi, le FMI souligne que le recours accru au financement intérieur renforce l’interdépendance entre les États et les systèmes bancaires nationaux, accentuant les risques systémiques en cas de choc économique.
Deux leviers pour consolider l’avenir
Face à ces défis, l’analyse spéciale du rapport met en avant deux axes d’action prioritaires pour renforcer la stabilité macroéconomique tout en finançant les besoins essentiels de développement. Le premier concerne la mobilisation des recettes intérieures. Une meilleure administration fiscale, appuyée par la numérisation des stratégies de conformité fondées sur le risque et l’élimination des dépenses fiscales inefficaces, pourrait permettre d’augmenter significativement les ressources publiques. Mais ces réformes exigent un renforcement des capacités techniques, l’adhésion des parties prenantes, et une attention particulière aux effets sur la répartition des richesses.

Des étudiants ayant participé à la présentation du rapport du FMI d’octobre 2025
Le second axe, lui, porte sur une gestion renforcée de la dette publique. Davantage de transparence, une meilleure gestion des finances publiques, et un contrôle budgétaire accru sont essentiels pour réduire les coûts d’emprunt, accéder à des financements innovants, et limiter les risques budgétaires. Le FMI insiste notamment sur la nécessité de publier des données exhaustives concernant la dette, et de maîtriser les liens étroits entre États et systèmes bancaires à travers une réglementation prudentielle rigoureuse.
À Ouagadougou, le message du FMI a résonné avec clarté. Un message mettant en exergue une Afrique subsaharienne qui fait preuve d’une capacité de résistance notable, mais qui évolue sur une ligne de crête. Entre incertitudes mondiales et contraintes internes, tenir bon suppose des choix courageux, des réformes cohérentes et une gouvernance économique renforcée. Un défi de taille, mais aussi une opportunité pour bâtir des économies plus solides, inclusives et résilientes.
Hamed Nanéma
Lefaso.net
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