L’Association « La Femme en Moi » Mobilise pour l’Égalité et Contre la Désinformation Genrée au Mali
Face à la croissance des cas de Violences basées sur le Genre (VBG) et à la désinformation genrée, qui constitue un obstacle à l’égalité des droits et à la sécurité des femmes et des filles, la plateforme numérique « La Femme en Moi » a initié une Campagne digitale contre ces fléaux dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les VBG dans le cadre de la Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Cette initiative vise à sensibiliser la société malienne aux dangers de la désinformation ciblant les femmes et filles ; à dénoncer les violences et à promouvoir des messages d’égalité, de respect, de tolérance et protection afin de changer les mentalités et créer un environnement plus sûr et inclusif pour toutes.
Dans un contexte mondial où l’information circule à grande vitesse, la désinformation genrée constitue un véritable fléau qui fragilise les droits des filles et des femmes. Selon un rapport de l’UNFPA sur la violence en ligne, près de 60 % des femmes ayant accès à Internet ont subi au moins une forme de violence dans le monde (source de l’étude Economist intelligence Unit). Le nombre de cas de violences basées sur le genre est en croissance, indique le Système de Gestion de l’Information sur la Violence Basée sur le Genre (GBVIMS). En 2024, on enregistrait 22.700 cas, marquant une augmentation par rapport à l’année précédente. De plus, les récents événements, notamment l’assassinat de la jeune Tiktokeuse Mariam Cissé et celui de la lycéenne Fatoumata Amadou, soulignent l’urgence d’agir face à la violence faite aux femmes et filles.
La plateforme digitale « La Femme En Moi », investie dans la mobilisation de la société autour des questions liées aux femmes et aux filles, œuvre pour un changement positif des mentalités sur l’égalité entre hommes et femmes. En conformité avec sa mission, elle anime l’édition 2025 des 16 jours d’activisme à travers une campagne digitale centrée sur la désinformation genrée. Comme l’explique Awa dite Mah Camara, la Coordinatrice nationale de La Femme en Moi non moins journaliste présentatrice à l’ORTM, la désinformation genrée fragilise particulièrement les femmes et les filles en piétinant leurs droits, freinant leur émancipation tout en alimentant les VBG.
Pour faire face à ce phénomène récurrent, la Femme en Moi, à la suite d’une formation ayant réuni en novembre 2025 à Bamako une vingtaine de jeunes femmes et jeunes filles blogueuses, militantes féministes, animatrices et journalistes, a mûri l’idée de cette initiative nationale qu’est une Campagne digitale. En effet, ces formations, connues sous le nom de « Rencontres Colorées du Mali », ont permis aux participantes d’acquérir des compétences sur la lutte contre la désinformation genrée, les mécanismes de protection des femmes et des filles, le journalisme sensible au genre, les cercles de parole, ainsi que le rôle des médias et des plateformes digitales dans la sensibilisation contre les VBG.
Durant toute cette campagne des 16 jours d’activisme, les bénéficiaires de la formation appelées MISS RCM (Rencontres Colorées du Mali) ont décidé de s’engager et dynamiser les plateformes numériques avec des vidéos, des podcasts et des affiches pour sensibiliser massivement sur les dangers de la désinformation genrée. Aux dires des MISS RCM, l’objectif est de réduire l’impact des fausses informations qui alimentent les VBG, de lutter contre les stéréotypes, les discours sexistes et de créer une dynamique collective autour de la protection des droits des femmes et des filles.
Dans cette initiative de lutte contre la désinformation genrée au Mali, l’organisation canadienne Journalistes pour les Droits Humains( JDH) est un partenaire clé de La Femme en Moi. « Ce sont ces quatre jours de formation des RCM 2025 qui ont préparé et mis en confiance les 20 jeunes filles participant aujourd’hui à la campagne des 16 jours d’activisme lancée par La Femme en Moi », a déclaré le Coordinateur national de JDH au Mali,Moro Siaka Diallo. Par ailleurs, il se réjouit que leur démarche soit totalement opérationnelle et porteuse de solutions immédiates, notant que les jeunes filles ont appris avec courage, collaboré avec créativité et se sont engagées ensemble pour informer, sensibiliser, inspirer et protéger leurs communautés.
En effet, les RCM 2025 ont été réalisées avec le soutien financier et technique de JDH soutenu par NED( National Endowment for Democracy) ainsi que le soutien du Ministère de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction Civique et de la Construction Citoyenne,dans l’objectif d’accroître la participation saine des bénéficiaires dans la lutte contre les fausses informations, ainsi que les récits discriminatoires, sexistes et haineux qui attisent les tensions dans l’espace public et au sein des communautés. Au cours de ces rencontres, le Coordinateur de JDH, Moro Siaka Diallo, a animé une session sur le Fact-checking ou la vérification des faits. Selon Hawa Coulibaly également membre de la Femme en Moi, « le rôle de JDH a été très déterminant lors de ces rencontres, et au delà de ces formations, le soutien de JDH et son accompagnement rend cette campagne plus crédible, visible et impactant ».
La Coordinatrice nationale de La Femme en Moi ainsi que d’autres MISS RCM, notamment Maïmouna Sangaré, étudiante finaliste en exploitation minière, passionnée de communication digitale, et Aminata Bréhima Ouédraogo, journaliste, affirment toutes que ces rencontres ont accru leur engagement pour la défense des droits des femmes et les ont bien « armées » pour sensibiliser et informer davantage les jeunes filles et le grand public sur les VBG, singulièrement les VBGFT. Indiquant qu’elle est désormais plus engageante, Maïmouna Sangaré déclare « j’aimerais que ces formations sur la désinformation genrée soient accessibles à tous, notamment dans les lycées et les universités, qui sont parmi les environnements les plus sensibles et déterminants dans la vie d’une jeune femme. J’espère aussi bénéficier d’un accompagnement pour concrétiser les actions que je souhaite mener c’est à dire produire du contenu, organiser des ateliers, toucher davantage de filles et leur transmettre les outils ».
En somme, on peut dire que la deuxième édition des RCM pose les bases d’une collaboration entre les femmes, une relation que les participantes comptent pérenniser.
Quant au Coordinateur de JDH, il déclare à son tour : « nous allons continuer si nous restons soutenus par l’Etat, les Collectivités et les partenaires financiers pour que le journalisme responsable, l’information crédible et le dialogue inclusif puissent apaiser nos communautés et soutenir une reconstruction durable au Mali ».
Khadydiatou SANOGO/maliweb.net
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains ( JDH) au Mali et NED
Crédito: Link de origem