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Le Tchad et l’Alliance des États du Sahel : un rapprochement stratégique aux portes d’une adhésion imminente

Dans ce contexte marqué par la montée des menaces terroristes et la quête de souveraineté régionale, le Tchad s’impose progressivement comme un acteur central du nouvel ordre sahélien.

Les signaux diplomatiques, militaires et économiques observés ces derniers mois témoignent d’un rapprochement significatif entre N’Djamena et les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — le Mali, le Burkina Faso et le Niger — rendant de plus en plus crédible l’hypothèse d’une adhésion prochaine du Tchad à cette alliance.

Cette orientation stratégique s’inscrit dans une vision diplomatique clairement affirmée par les autorités tchadiennes. Lors d’un entretien médiatique récent, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, le Dr Abdoulaye Sabre Fadoul, a réitéré l’engagement constant du Tchad en faveur des causes africaines et de son environnement régional. Il a rappelé que le Tchad « est l’ami de tous les pays qui aspirent à une coopération commune et à des partenariats fondés sur les intérêts mutuels », soulignant qu’il s’agit d’un principe diplomatique stable et immuable. Concernant l’Alliance des États du Sahel, il a insisté sur le fait que le Tchad ne saurait être dissocié de l’espace sahélien et qu’il partage avec les pays de l’AES les mêmes défis sécuritaires, exprimant la solidarité totale de N’Djamena dans la lutte menée contre les groupes terroristes.

Sur le plan sécuritaire, le Tchad dispose d’une expertise reconnue à l’échelle régionale. Fort de décennies d’expérience dans la lutte contre le terrorisme et les groupes armés transnationaux, notamment dans le bassin du lac Tchad et le long de ses frontières occidentales et septentrionales, il constitue un atout stratégique majeur pour l’AES. La participation des forces tchadiennes aux manœuvres militaires conjointes « Tarha-Nakal 2 », organisées au nord-ouest du Niger aux côtés des armées du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ainsi que du Togo, illustre concrètement cette dynamique. Ces manœuvres, visant à renforcer l’interopérabilité, améliorer la coordination opérationnelle et faire face efficacement aux menaces transfrontalières, ont mis en évidence l’excellence de la force tchadienne engagée. Celle-ci a fait preuve d’une remarquable maîtrise du tir, tant individuel que collectif, ainsi que d’un haut niveau de préparation, se classant au premier rang parmi l’ensemble des forces participantes.

Cette convergence sécuritaire s’est doublée d’une intense activité diplomatique. En novembre 2025, N’Djamena a accueilli une réunion stratégique réunissant les ambassadeurs du Niger, du Mali et du Burkina Faso, consacrée au renforcement des relations bilatérales et du cadre de coordination au sein de l’AES. Cette rencontre, tenue dans un contexte d’intensification des attaques terroristes  notamment celles du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) au Mali  a mis en évidence l’urgence d’une réponse collective fondée sur l’échange de renseignements, la protection des infrastructures critiques et une vision commune de la souveraineté. Pour de nombreux experts, cette initiative confirme le rôle moteur que le Tchad entend jouer dans l’accélération des décisions régionales face aux défis sécuritaires.

C’est dans ce contexte que les analyses stratégiques internationales viennent conforter l’idée d’une adhésion tchadienne en gestation. Dans un rapport publié à la mi-août par le Centre des Émirats pour les Études et la Recherche Stratégiques, les experts évoquent une étape institutionnelle susceptible de préparer l’intégration du Tchad à l’Alliance des États du Sahel. Le rapport souligne que l’imbrication croissante des menaces sécuritaires dans l’espace sahélien a conduit N’Djamena à engager des négociations en vue de l’ouverture d’un bureau de coordination de l’AES dans la capitale tchadienne, afin de s’insérer progressivement dans l’architecture sécuritaire du bloc, notamment à travers une coopération technologique et militaire pour la surveillance des frontières communes, en particulier avec le Niger.

Cette lecture est renforcée par une analyse publiée par le site d’information allemand ‘’DW’’ mois d’aout dernier, qui évoque un possible ralliement imminent du Tchad à l’Alliance, s’appuyant sur les faits observables sur le terrain, les exercices militaires conjoints et les déclarations de plusieurs analystes, experts et acteurs africains. Ces analyses convergentes estiment que la multiplication des initiatives diplomatiques, sécuritaires et institutionnelles tchadiennes traduit une dynamique réelle et structurée, bien au-delà de la simple spéculation.

Au-delà de la sécurité, le rapprochement entre le Tchad et l’AES s’étend à des domaines stratégiques essentiels tels que l’économie, l’énergie et les mines. La participation du Tchad à la réunion ministérielle sur les mines, l’énergie et le pétrole tenue à Niamey le 10 et le 11 décembre 2025, aux côtés des pays membres de l’Alliance et du Togo, constitue un signal politique fort. Placée sous le thème « Indépendance énergétique, souveraineté minière et pétrolière », cette rencontre visait à faire de ces secteurs des moteurs du développement économique et social, à travers la valorisation locale des ressources et la réduction de la dépendance extérieure. Pour le Tchad, cette coopération ouvre des perspectives majeures en matière de diversification économique, de développement énergétique et d’intégration régionale.

Ainsi, le rapprochement entre le Tchad et l’Alliance des États du Sahel ne relève plus du simple discours diplomatique. Il repose sur des intérêts stratégiques partagés, une vision commune de la souveraineté et une volonté affirmée de bâtir un Sahel plus stable, plus autonome et plus solidaire. En apportant son expérience sécuritaire et en bénéficiant en retour des opportunités économiques, énergétiques et institutionnelles offertes par l’AES, le Tchad apparaît désormais comme un partenaire naturel de l’Alliance. Dans un Sahel en quête de stabilité durable, son adhésion semble moins une hypothèse qu’une évolution logique et imminente.

Une contribution de Mamadou SISSOKO

 

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