Le maire de Bangangté, Eric Niat, est sous le feu des critiques après avoir célébré son mariage civil à Saint-Denis en France plutôt qu’au Cameroun. Le lanceur d’alerte Shance Lion vient de lui adresser une lettre ouverte cinglante, l’accusant d’avoir « boycotté les mairies camerounaises » et posé « un acte de défiance symbolique envers la République ». « Comment un officier d’état civil camerounais peut-il refuser symboliquement la compétence de l’État qu’il représente, pour aller faire authentifier son propre acte civil par un État étranger ? », interroge Shance Lion. Le maire de Bangangté a-t-il trahi l’institution qu’il incarne ?
La polémique enfle depuis l’annonce du mariage civil du maire de Bangangté en France. Ce qui devait être une simple célébration intime est devenu une affaire d’État qui divise l’opinion camerounaise. Ce n’est pas du jeu ! Pour Shance Lion et de nombreux citoyens, le geste d’Eric Niat est bien plus qu’un choix personnel : c’est une faute politique grave.
« Monsieur Eric Niat, vous n’êtes pas un citoyen ordinaire, vous êtes un dépositaire de l’autorité publique », écrit Shance Lion dans sa lettre ouverte qui circule massivement sur les réseaux sociaux. Le lanceur d’alerte rappelle que le maire est officier d’état civil, qu’il incarne l’autorité de la République du Cameroun dans sa commune, et qu’il représente l’État dans ses actes les plus fondamentaux.
Dès lors, aller célébrer son propre mariage civil dans une mairie étrangère, alors qu’il est lui-même habilité à célébrer des mariages sur le sol camerounais, pose un problème institutionnel sérieux selon le lanceur d’alerte.
Un jumelage qui ne justifie rien
Eric Niat avait tenté de justifier son choix en invoquant le jumelage entre Bangangté et Saint-Denis, ainsi que la présence de la famille de son épouse française en région parisienne. Mais pour Shance Lion, cet argument ne tient pas la route.
« Le jumelage ne peut jamais justifier un transfert de souveraineté », martèle-t-il dans sa lettre. « Un jumelage est un outil de coopération, un symbole d’amitié entre collectivités, pas un instrument de délocalisation des actes républicains fondamentaux. »
Le lanceur d’alerte insiste : le mariage civil n’est pas un événement culturel, c’est un acte juridique souverain. Aucun jumelage au monde ne donne à une commune étrangère le droit symbolique de remplacer l’administration de votre propre pays pour vos actes personnels les plus officiels.
Cette argumentation résonne dans l’opinion publique camerounaise. Sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens partagent ce sentiment : si les mairies camerounaises sont dignes de marier des milliers de citoyens chaque année, pourquoi ne le seraient-elles pas pour le mariage de l’un de leurs propres maires ?
Un signal moral désastreux pour Bangangté
L’accusation la plus dure de Shance Lion porte sur le message subliminal envoyé par ce choix. « Pendant que votre commune fait face à des défis d’infrastructures, d’assainissement, de jeunesse en souffrance, de pauvreté persistante, vous donnez l’image d’une élite qui s’extravertit, qui s’émancipe symboliquement de son propre pays », écrit-il.
Le contraste est effectivement violent. Alors que les populations de Bangangté attendent de leur maire qu’il incarne la fierté locale et nationale, celui-ci choisit une mairie française pour un acte aussi symbolique que son mariage civil.
« Vous avez jugé l’autorité étrangère plus valable que celle de votre propre pays », assène Shance Lion sans détour. Une accusation qui touche au cœur du débat : le maire de Bangangté a-t-il inconsciemment (ou consciemment) envoyé le message que la République du Cameroun serait insuffisante pour porter sa propre dignité civile ?
Un précédent dangereux pour tous les maires
Au-delà du cas personnel d’Eric Niat, Shance Lion s’inquiète du précédent créé. « En posant cet acte, vous affaiblissez l’autorité des maires du Cameroun. Vous envoyez un signal destructeur à la jeunesse : ‘Même un maire ne croit pas en ses propres institutions’ », prévient-il.
Cette dimension est cruciale. Si un maire, officier d’état civil, choisit une mairie étrangère pour son propre mariage, quel message cela envoie-t-il aux citoyens ordinaires ? Que les institutions camerounaises seraient de seconde zone ? Que seules les administrations européennes seraient dignes de confiance ?
Dans d’autres pays, note Shance Lion, « un Conseil Municipal extraordinaire doit se tenir demain lundi pour vous relever de vos fonctions. Mais hélas, le Cameroun, c’est le Cameroun. » Une phrase qui résume l’amertume de nombreux citoyens face à ce qu’ils perçoivent comme une impunité des élites.
Entre défense de la souveraineté et liberté individuelle
Le débat soulève une question fondamentale : jusqu’où va l’obligation symbolique d’un élu ? A-t-il le droit à une vie privée qui s’affranchit des symboles de l’État qu’il représente ? Ou doit-il, même dans ses choix les plus personnels, incarner les institutions qu’il sert ?
Pour Shance Lion, la réponse est claire : « Un élu ne choisit pas seulement pour lui. Il choisit pour l’image de l’État, pour la dignité de sa commune et pour la conscience collective. » Le maire aurait donc failli à cette exigence républicaine en posant « un acte de rupture symbolique avec l’autorité qu’il incarne ».
La polémique révèle aussi un malaise plus profond dans la société camerounaise : celui d’une élite perçue comme déconnectée de son propre pays, préférant les symboles et les institutions occidentales à celles de leur nation.
« Le peuple de Bangangté vous regarde. Le peuple camerounais vous regarde », conclut Shance Lion dans sa lettre ouverte. Un avertissement qui résonne comme un ultimatum moral adressé non seulement au maire de Bangangté, mais à toute l’élite politique camerounaise.
Eric Niat devra désormais assumer les conséquences politiques de ce choix symbolique. Entre ceux qui le défendent au nom de sa liberté individuelle et ceux qui y voient une trahison des institutions qu’il représente, le maire de Bangangté se retrouve au cœur d’un débat qui dépasse largement sa personne.
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