À vingt jours du début de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 au Maroc, le Cameroun vient de vivre un séisme sportif. Marc Brys, sélectionneur des Lions Indomptables depuis avril 2024, a été limogé par la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) réunie en comité d’urgence à Yaoundé. Samuel Eto’o, président de la Fecafoot fraîchement réélu, a frappé un grand coup en nommant David Pagou à la tête de l’équipe nationale. Onze griefs officiels ont été invoqués pour justifier cette éviction explosive. « C’est de la folie pure, on change d’entraîneur à trois semaines de la compétition ! », s’indigne un ancien international camerounais. Le football camerounais peut-il encore espérer briller à la CAN après ce coup de tonnerre ?
Le ton était monté depuis des mois entre le technicien belge et la Fecafoot. Mais personne n’imaginait une rupture aussi brutale, aussi proche du rendez-vous continental. Marc Brys, 63 ans, paie cash son conflit ouvert avec Samuel Eto’o et l’institution fédérale. David Pagou, entraîneur local, hérite d’un dossier brûlant avec pour mission de « instaurer un climat serein au sein des Lions Indomptables pour une préparation et une participation optimales » à la CAN prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026. Alexandre Belinga et Martin Ntoungou complètent le staff technique entièrement camerounais. Ce n’est pas du jeu ! Comment préparer sérieusement une CAN dans ces conditions de chaos institutionnel ?
Onze griefs pour un limogeage annoncé
La Fecafoot ne s’est pas contentée d’une décision laconique. Lors de la réunion du comité d’urgence tenue dans la capitale, l’institution a dressé une liste précise de onze griefs reprochés au sélectionneur belge. Sans détailler publiquement chacun de ces motifs, la fédération invoque des raisons liées au climat de travail, à la communication et à la préparation de l’équipe.
Ce limogeage intervient dans un contexte explosif. Depuis son recrutement en avril 2024 par le ministère des Sports et de l’Éducation physique, Marc Brys n’a jamais trouvé sa place dans l’organigramme du football camerounais. Les images de son altercation publique avec un représentant du ministre et surtout avec Samuel Eto’o avaient fait le tour des réseaux sociaux, entachant l’image des Lions Indomptables.
« On a assisté à une guerre ouverte entre le ministère qui voulait garder Brys et Eto’o qui voulait imposer ses hommes. Au final, c’est la Fecafoot qui a gagné », analyse un journaliste sportif basé à Douala.
Un conflit institutionnel qui dure depuis des mois
Le bras de fer entre le pouvoir politique et la fédération ne date pas d’hier. En mai 2024, alors que Marc Brys venait à peine de prendre ses fonctions, Samuel Eto’o avait désigné une équipe d’encadrement concurrente dirigée par Martin Ntoungou Mpile. Une situation ubuesque : deux staffs techniques pour une même sélection nationale !
Le conflit ne s’était momentanément calmé qu’en octobre 2024, lorsque le ministère et la Fecafoot s’étaient mis d’accord sur un compromis : maintenir Brys tout en lui adjoignant des techniciens locaux choisis par la fédération. Un équilibre précaire qui vient de voler en éclats.
Le ministère des Sports, à l’origine de la nomination du Belge, s’était déjà plusieurs fois opposé publiquement au limogeage de ce dernier. Cette fois, la Fecafoot est passée en force, profitant de la réélection récente de Samuel Eto’o pour imposer sa vision.
Une préparation compromise à trois semaines de la CAN
L’urgence sportive est désormais maximale. David Pagou hérite d’une équipe qu’il connaît certes bien pour avoir côtoyé le football camerounais, mais avec un temps de préparation ridiculement court. Comment bâtir une cohésion d’équipe, installer un système de jeu, travailler les automatismes en si peu de temps ?
Le groupe F de la CAN s’annonce redoutable pour les Lions Indomptables. Le Cameroun affrontera la Côte d’Ivoire, tenante du titre et grande favorite, le Gabon dans un derby d’Afrique centrale toujours électrique, et le Mozambique, outsider dangereux. Avec un staff technique fraîchement installé et des joueurs forcément perturbés par ces turbulences institutionnelles, la mission s’annonce périlleuse.
« Les joueurs sont professionnels, ils feront le job. Mais franchement, on aurait pu éviter ce bordel à quelques jours de la compétition », lâche un ancien sélectionneur des Lions sous couvert d’anonymat.
Cette décision risque également de relancer les tensions au sein des instances du football camerounais. La Fifa et la Caf observent de près ces querelles internes qui nuisent à l’image du football africain. Le Cameroun, quintuple champion d’Afrique, mérite mieux que ces guerres d’ego institutionnelles.
Entre ambitions sportives et règlements de comptes administratifs, les Lions Indomptables entament leur préparation dans les pires conditions. Le talent des joueurs suffira-t-il à compenser le chaos ambiant ?
Les supporters camerounais peuvent-ils encore rêver d’un sixième sacre continental dans ce climat délétère ?
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