La liste des exilés forcés commence à être longue. Ce sont par exemple l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, le banquier Babaly Bah, les anciens ministres Housseini Amion Guindo dit Poulo, Arouna Modibo Touré, Mamadou Igor Diarra, Me Kassoum Tapo, Moustapha Ben Barka, l’imam Mahmoud Dicko, le milliardaire Seydou Mamadou Coulibaly de CIRA Holding, l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo, etc.
En effet, ils sont très nombreux ces cadres et personnes ressources de qualité qui sont contraints à vivre au-delà des frontières nationales, depuis le renversement du régime du président Ibrahim Boubacar Kéita
Or, il est de notoriété que la meilleure richesse d’un pays est l’ensemble de ses ressources humaines. Ce qui préoccupe pour le Mali, c’est que de nombreux anciens ministres, d’anciens directeurs d’entreprises, bref de hauts cadres de l’administration comme du secteur privé sont, depuis plusieurs années, plus ou moins obligés de raser le mur, hors des frontières d’un Mali, qui a sûrement besoin de tous ses fils, en particulier ceux dont le carnet d’adresses peut être utile pour le pays. Et le plus fort contingent de ces personnalités réside en Côte d’Ivoire ; d’autres sont en Guinée, au Sénégal, au Togo, en Mauritanie, en Algérie, en Afrique centrale, en France, aux USA, etc.
A titre d’exemple, l’on a vu, sur les réseaux sociaux, la semaine dernière, deux anciens ministres, Tiéman Hubert Coulibaly et Me Mamadou Ismaël Konaté, intervenir sur la situation de crise que traverse leur patrie commune. Si le premier a été moins prolixe, le second a véritablement remué le cocotier, avec des termes plus « engagés ».
Ces interventions traduisent une situation peu confortable de ces compatriotes, qui ont visiblement soif de rentrer au bercail, mais craignent d’éventuelles actions judiciaires contre leurs personnes ou leurs gestions ou prises de positions antérieures. Certains cadres parmi eux ne se reprochent pas des actes répréhensibles, mais ils redoutent des contraintes relatives à leurs activités politiques (embargo politique oblige) ou socioéconomiques.
Or, il semble que certains de ces hauts cadres peuvent être d’un apport si infime soit-il sur le processus de sortie de crise et de réconciliation nationale. Et il n’est pas exclu que pour un pays qui éprouve certaines difficultés économiques l’obligeant à lancer de réguliers emprunts obligataires, certaines relations particulières peuvent être profitables au plan financier. Peut-on oublier qu’il fut un temps, un haut cadre parlementaire (dans la gouvernance passée) avait prêté de l’argent à l’Assemblée Nationale pour des dépenses urgentes ? Le Mali n’a-t-il pas aujourd’hui besoin de certains de ses fils, dont les activités peuvent aider à renflouer les caisses de l’Etat à travers leurs contributions fiscales ? Rien n’est moins sûr. L’on ne doute pas que le simple « fonds de soutien» perçu sur les recharges téléphoniques et sur les opérations de transferts de certains de ces exilés forcés devraient constituer des apports importants pour les finances publiques…
Et ce sont ces raisons qui incitent certains observateurs à appeler à une décrispation pour un retour paisible de ces Maliens. L’Etat ne devrait-il pas initier des mesures législatives telles une amnistie générale pour faciliter cet esprit de rassemblement entre les fils de la même patrie ? Rien n’est moins sûr. Car, comme la loi qui a amnistié les faits liés à «la mutinerie militaire ayant conduit à la démission du président IBK », le CNT doit penser à agir dans le sens d’une véritable loi d’entente nationale. C’est à ce prix que les plus hautes autorités poseront les véritables jalons de l’apaisement et de la réconciliation nationale. Et c’est ces actions qui propulseront le processus de sortie de crise.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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