
Le gouvernement camerounais durcit le ton. À l’approche de la présidentielle, il prévient : toute proclamation anticipée des résultats sera réprimée. Seul le Conseil constitutionnel est habilité à officialiser l’issue du vote. Cette mise en garde vise les candidats et plateformes citoyennes tentés de diffuser des résultats avant l’annonce légale.
Paul Atanga Nji cible un candidat. Celui-ci veut clore sa campagne dans sa région natale. Et, selon lui, s’y proclamer vainqueur. Le ministre dénonce cette stratégie lors d’une conférence de presse tenue vendredi dans ses bureaux.
« Je ne cite jamais de nom. Je donne des indices. Et chacun s’y reconnaît.» Il maintient le flou. Le candidat visé reste inconnu.
Paul Atanga Nji lance un avertissement clair : toute tentative de perturbation du scrutin présidentiel mènera à des poursuites judiciaires. Et pour longtemps. Les autorités affichent leur fermeté. Leur priorité : garantir l’ordre et la légalité du processus électoral.
L’annonce tombe juste après le meeting d’Issa Tchiroma Bakary à Maroua. Trois jours plus tôt, Paul Biya, 92 ans, tenait le sien. Le face-à-face s’installe. Cette localité se situe dans la région septentrionale qui compte le plus grand nombre d’électeurs.
– Le vote s’annonce sous haute tension –
Issa Tchiroma Bakary déclenche un élan populaire inédit. Des milliers de partisans l’acclament, pancartes « Tchiroma le Sauveur » en main. Lors du rassemblement, il exhorte ses soutiens à défendre leur vote. Il les appelle à empêcher le bourrage des urnes et à garantir que le Conseil constitutionnel proclame le vrai résultat.
Vendredi matin, l’équipe de campagne de M. Tchiroma Bakary a annoncé à l’AFP ne plus pouvoir accéder à l’ensemble de ses comptes sur les réseaux sociaux.
Paul Biya domine la présidentielle. L’opposition, fragmentée, peine à s’imposer.
Le scrutin à un tour mobilise 7,8 millions de Camerounais. La majorité n’a connu que le règne de Biya, au pouvoir depuis 1982. Dans ce pays d’Afrique centrale, la moitié de la population a moins de 20 ans. Pourtant, le pouvoir reste inchangé.
Ces 20 dernières années, il a été systématiquement réélu avec plus de 70% des voix.
Son principal opposant a été exclu du scrutin, nourrissant des soupçons de vote calibré sur mesure pour sa réélection. Plusieurs plateformes citoyennes annoncent une compilation indépendante des résultats. Objectif : protéger le vote. En réaction, le gouvernement critique cette initiative.
Source: Agence France-Presse

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