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Salif Sanogo : Responsabilité ou Hypégiaphobie

La notion de responsabilité n’a jamais été autant au cœur de nos vies. Elle se présente dans tous les domaines de l’activité humaine : juridique, morale, politique, économique, entrepreneuriale… Nous parlons d’entreprises responsables, de la responsabilité de l’employeur, de celle du salarié, de responsabilité pénale, de responsabilité du citoyen…

 Avouons-le, la responsabilité est aujourd’hui suremployée, médiatisée, présentée comme une injonction (souvent paradoxale), un devoir incontournable, voire une menace. Pour la philosophie classique, de Descartes à Kant, c’est la liberté qui fonde la responsabilité. Kant parle de causalité inconditionnée, qui fonde la responsabilité.

Plus tard, le philosophe Emmanuel Lévinas inverse le point de vue : je suis responsable avant que d’être libre… La responsabilité est celle que l’on assume pour l’autre, à l’égard de l’autre. Elle est liée à la solidarité. Être responsable, c’est une obligation pour chacun, même si aucune loi ne l’y oblige. La responsabilité est en lien avec la question de la fragilité/vulnérabilité aujourd’hui partagée par le plus grand nombre.

 Évidemment, il n’est pas toujours facile de prendre conscience que nous sommes au moins pour partie responsables de certaines situations particulièrement inconfortables. Il est beaucoup plus facile d’accuser ! Il est important de le noter parce que j’entends souvent les personnes faire un amalgame entre culpabilité et responsabilité.

 

N’oubliez pas que les mêmes causes génèrent toujours les mêmes effets. Il est donc primordial d’observer ce que nous avons créé afin d’effectuer les corrections nécessaires.

 Mais voilà, il y a des gens qui changent d’avis comme de chemise. L’adulte ambivalent qui fonctionne avec un réflexe de fuite ou de soumission, reste tributaire des avis et des volontés des autres. Pour éviter de prendre des responsabilités, il se retranchera vers la personne qui le lui permettra. Pour faire porter ses besoins par un tiers, il est prêt au sacrifice de lui-même, du moment où il n’a pas besoin d’être confronté à la peur et à l’angoisse.

 La peur des responsabilités est une réalité qui touche de nombreuses personnes dans le cadre professionnel. Bien qu’elle ne soit pas reconnue comme une maladie, cette peur peut avoir des conséquences profondes sur les carrières et le bien-être des individus. L’hypégiaphobie, terme moins connu mais précis pour désigner la peur des responsabilités, constitue un sujet d’intérêt croissant dans le monde du travail.

 Une personnalité orgueilleuse aura du mal à reconnaître ses erreurs en se pensant supérieure aux autres, et remettra toujours la faute sur les autres. Mais il n’y a pas que des personnes avec ce type de personnalité qui ne souhaitent pas se remettre en question, craignant des retombées ou se protégeant en rejetant la faute sur les autres. Pourquoi se rendre responsable alors que les autres peuvent l’être ?

 Être coupable, c’est se rendre fragile aux yeux des autres et de nous. Se remettre en question est donc difficile, on est pris en défaut dans ces moments-là et notre image de nous est altérée. Il faut alors endosser la responsabilité, mais pouvons-nous nous décevoir nous-même ? Nous préférons alors que cela soit la faute du voisin pour nous économiser des pensées douloureuses et une mauvaise estime de soi. N’est pas responsable qui le veut ! Et en essayant de fuir ses responsabilités, on ne fait qu’accélérer son discrédit.

 

Salif Sanogo, Journaliste Malien

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