Xavier Koulou Engoulou ► décès d’une figure controversée

Le Cameroun vient de perdre une figure aussi influente que controversée de la société civile. Xavier Koulou Engoulou, coordonnateur général de l’Observatoire du Développement Sociétal (ODS), est décédé dans la nuit du 24 au 25 octobre 2025, des suites de maladie. Connu pour ses prises de position tranchées et ses nombreuses plaintes contre des figures de l’opposition comme Maurice Kamto et Me Alice Nkom, il laisse derrière lui un héritage empreint de polémiques. Sa disparition met fin à un parcours qui n’a jamais laissé personne indifférent.

Un militant de la « stabilité républicaine »

Dans ses multiples interventions publiques, Xavier Koulou Engoulou se présentait comme un défenseur des institutions et un partisan de la paix sociale. À travers son ONG, l’ODS, il menait une croisade contre ce qu’il qualifiait de “dérives subversives” de certains acteurs politiques.

« Nous ne pouvons pas laisser des discours de haine miner la République », déclarait-il encore en janvier dernier.

C’est à ce moment qu’il avait déposé une plainte retentissante contre Me Alice Nkom, l’accusant de financement du terrorisme et de tentative d’atteinte à la sûreté de l’État. Une initiative qui avait suscité une vive controverse dans les milieux politiques et juridiques.

Quelques mois plus tard, il récidivait, cette fois en ciblant le président du MRC, Maurice Kamto, pour des propos tenus lors d’un meeting à Paris. Ses démarches, saluées par certains comme un acte de loyauté républicaine, étaient pour d’autres le symbole d’une instrumentalisation politique de la justice.

Un décès qui divise l’opinion publique

L’annonce de son décès a provoqué une vague de réactions contrastées. Sur les réseaux sociaux, les uns saluent la mémoire d’un homme engagé et patriote, tandis que d’autres rappellent son rôle de plaignant zélé contre les figures de l’opposition.

« C’était un homme convaincu, même si ses convictions dérangeaient », confie un proche collaborateur de l’ODS.

Le monde de la société civile s’interroge déjà sur l’avenir de l’organisation qu’il dirigeait, alors que plusieurs procédures initiées par lui restent pendantes devant les juridictions camerounaises.

Entre fidélité au pouvoir et engagement personnel

Pour certains observateurs, Xavier Koulou Engoulou incarnait une nouvelle génération d’acteurs civiques proches du pouvoir, mais dotés d’une influence médiatique croissante. D’autres y voyaient un porte-voix officieux du régime, utilisant la voie judiciaire pour neutraliser les voix discordantes.

Malgré les critiques, il ne s’en est jamais caché :

« Je choisis la stabilité à la pagaille, la légalité à la désobéissance », aimait-il répéter dans les médias.

Sa disparition survient à un moment charnière du débat politique national, à la veille de la proclamation des résultats de la présidentielle — un timing qui ajoute à la symbolique et à la portée politique de cet événement.

Le décès de Xavier Koulou Engoulou ferme un chapitre marqué par la controverse, la conviction et la confrontation idéologique.
Reste à savoir si son héritage, souvent perçu comme celui d’un “citoyen loyaliste”, survivra dans une société camerounaise de plus en plus divisée entre institutions et contestation.